De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Au lendemain de la découverte de bâtons d'explosifs dans le grand magasin parisien Printemps, deux questions taraudent les esprits et occupent la réflexion et les investigations des analystes des services français : qui sont les auteurs de l'acte ? Quelle est leur appartenance organisationnelle et politique ? Parallèlement, le ministère de l'Intérieur a pris une série de mesures pour renforcer la sécurité à Paris et dans quelques villes de province. En premier lieu, le gouvernement ne veut pas se focaliser sur la piste islamiste. Tout en avertissant qu'il ne fallait «rien négliger par nature» et être «vigilants et déterminés», le ministre de la Défense, M. Hervé Morin, a précisé dans la matinée d'hier que «la piste islamiste» n'est pas «la piste première» en se basant sur le mode opératoire qui ne serait pas celui des islamistes, qui frappent sans avertir, et sa lecture du communiqué du mystérieux et inconnu Front révolutionnaire d'Afghanistan (FRA). «Le mot ‘‘révolutionnaire'' figurant dans le nom du groupe, le mot ‘‘capitaliste'' pour désigner les magasins, l'absence de référence à l'islam, au djihad, font que, en effet, la piste islamiste, en tant que telle, n'est pas la piste première» a estimé le ministre pour qui «la dialectique n'est pas celle des mouvements terroristes islamistes». Quelques heures plus tard, la ministre de l'Intérieur, Mme Michèle Alliot-Marie, déclarait qu'«aucune piste n'est, aujourd'hui, privilégiée» tout en assurant que l'enquête «avance assez vite» sans ajouter la moindre précision. Elle a demandé de la prudence «par rapport aux hypothèses» et qu'elle n'avait pas en tant que ministre de l'Intérieur «à faire des hypothèses». Cela signifie finalement que les services français mènent des investigations sans exclure la moindre piste, qu'elle soit celle d'islamistes voulant brouiller les cartes avec un mode opératoire innovant, d'un groupuscule français ou d'un individu provocateur. Mais, tenant compte du fait que la France est une cible pour les terroristes, et jugeant que la période des fêtes de fin d'année est propice à des attentats spectaculaires, les autorités du pays prennent la situation actuelle très au sérieux. D'où, à l'issue d'une réunion tenue hier avec l'ensemble des responsables de la sécurité, des patrons des grands magasins, du métro parisien, des chemins de fer et de l'aéroport de Paris, Mme Alliot-Marie a rendu publiques de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité. La principale mesure concerne Paris où 700 membres des forces de l'ordre vont s'ajouter aux 1 500 policiers supplémentaires déployés pour la période des fêtes. Ce qui porte à 2 200 policiers supplémentaires dans le cadre du plan Vigipirate qui est au niveau de vigilance maximum, soit «rouge». Outre Paris, les nouvelles mesures de sécurité s'appliqueront également à Marseille, Lyon et Lille. Dans ces quatre villes, la décision a été prise de «limiter le stationnement des véhicules à proximité des entrées des gares et des entrées des grands magasins» comme sont à l'examen les moyens de «renforcer les contrôles des passagers et des bagages dans les aéroports, tout en fluidifiant la circulation». Malgré cette situation propice à un climat de tension, on ne constate pas à Paris une effervescence particulière ou un sentiment de peur chez la population. Même le grand magasin Printemps, qui a renforcé ses contrôles de sécurité, a plus ou moins retrouvé sa clientè le habituelle.