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Thomas N'kono : «Belloumi était mon point faible»
Publié dans Le Buteur le 25 - 01 - 2010

«Pour moi, Gaouaoui est plus rassurant que Chaouchi»
* Pourriez-vous nous faire une lecture générale du niveau des équipes dans cette CAN ?
Nous assistons à une belle CAN depuis le début. Les matchs sont engagés et imprécis. C'est ce qui pimente chaque rencontre. Nous avons vu des mondialistes se faire malmener d'entrée par des outsiders et, par la suite, les grands d'Afrique se sont ressaisis brillamment et se qualifier en quarts de finale. Le bras de fer a été très spectaculaire, que ce soit pour le Cameroun, l'Algérie, le Ghana ou le Nigeria.
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C'est aussi parce que les joueurs nés en Europe viennent en force jouer la CAN, non ?
C'est un honneur de voir que le niveau des équipes est de plus en plus relevé et c'est vrai que les joueurs qui évoluent en Europe ont apporté de la qualité à cette CAN qu'on a encore plus de plaisir à suivre avec autant de stars mondiales sur les terrains. Cela fait plaisir à voir et ça conforte les anciens, comme moi, de voir que le football africain est en pleine progression. Il y a beaucoup de joueurs qui évoluent en Europe, ce qui revient à dire que le footballeur africain s'exporte bien ou, à la limite, les jeunes Africains issus de la diaspora en Europe ont du talent et s'en sortent bien de ce point de vue.
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Vous avez beaucoup peiné à arracher ce nul contre la Tunisie, non ?
Depuis le début de cette CAN, nous manquons beaucoup d'occasions et nos joueurs font le jeu et le subissent très rarement. Tout le monde espérait l'élimination du Cameroun, parce qu'ils ont peut-être envie de voir d'autres nations passer devant. Contre la Tunisie, on avait encaissé un premier but trop précocement. On ne s'attendait pas à cela, mais ce sont des choses qui arrivent dans le football. Pour égaliser, c'était très difficile parce que les Tunisiens ont montré beaucoup de volonté derrière. Mais on a réussi tout de même à revenir au score à deux reprises, après notre erreur défensive. Mais la Tunisie a montré un visage séduisant ce soir là.
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Un mot sur les Tunisiens et leur gardien de but ?
Les Tunisiens ont relevé leur niveau et ont réalisé une belle prestation, malgré la jeunesse de son effectif. Le gardien de but de la Tunisie a été à l'image de son équipe. Il n'a pas encaissé beaucoup de buts et n'a pas commis de graves erreurs. C'est dommage de les voir rentrer au pays avec tant de talent.
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Mais vous aviez joué votre dernier match dos au mur, non ?
C'est vrai qu'on était dos au mur et qu'on était obligés de faire un résultat pour passer le premier tour. Cela a été très difficile pour nous, mais les joueurs ont prouvé qu'ils avaient des ressources mentales très intéressantes qui pouvaient leur permettre de gagner autrement que par leur football habituel. Cette qualification en quarts de finale est le fruit d'une grande volonté des joueurs. Je crois qu'on avait besoin de cette hargne de vaincre avant d'affronter les Egyptiens.
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Justement, que pensez-vous de cette équipe d'Egypte ?
C'est une équipe qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui sait avancer proprement vers les tours suivants. C'est une équipe très solide qui n'a pas raté son entrée dans cette CAN. On sent que le groupe est resté compact par rapport à la dernière CAN qu'ils ont gagnée. Il faut se rappeler qu'ils sont deux fois champions d'Afrique d'affilée et je suis sûr qu'ils auront envie de la gagner une troisième fois.
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Surtout qu'ils doivent une revanche à leur peuple, après leur élimination du Mondial par l'Algérie, n'est-ce pas ?
C'est sûr ! Les Egyptiens n'ont pas admis leur élimination de la Coupe du monde 2010. Ils sont venus en Angola pour laver l'affront, après leur défaite contre l'Algérie. Ils se feront donc un point d'honneur de remporter cette CAN. Ils sont venus pour se réhabiliter auprès de leurs supporteurs. La désillusion est profonde et seul le titre pourrait atténuer quelque peu la douleur de leur élimination face à l'Algérie.
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Ne craignez-vous pas de payer les frais de cette déception ?
Vous savez, entre l'Egypte et le Cameroun aussi, il y a une histoire de rivalité très ancienne. Vous prenez n'importe quel Camerounais aujourd'hui, il vous dira que la plus belle victoire des Lions Indomptables est celle qu'on va remporter contre les Egyptiens. Nous avons perdu trop de matchs contre l'Egypte. Ils nous ont privés de la Coupe du monde et de la CAN. C'en est trop ! Et cette fois, tous les joueurs en parlent. Ils ont tous juré d'arrêter la saignée en Angola. Notre peuple aussi a besoin d'être vengé. On veut battre l'Egypte pour vaincre le signe indien.
*
C'est ce que nous ont dit aussi vos joueurs…
C'est sûr qu'on est tous motivés pour battre l'Egypte. On a trop souffert contre eux ces dernières années et cette fois, on veut mettre fin à cela. C'est pour cette raison que je suis certain que la réaction de nos joueurs sera très violente. J'en suis persuadé !
*
Qu'est-ce qui fait la force de cette équipe d'Egypte ?
Pour moi, c'est toujours surprenant de voir l'équipe d'Egypte présenter des joueurs nouveaux, mais qui jouent de la même manière que ceux qui n'y sont plus. Ils ont une constance, une culture du jeu propre à eux. Monsieur Shehata (il le prononce Chechata, ndlr) a la chance d'avoir la majorité de ses joueurs à sa disposition tout au long de l'année. Ils évoluent pratiquement tous dans le championnat d'Egypte. C'est pour cela qu'ils affichent cette aisance dans la cohésion entre les différents compartiments de l'équipe. Qu'on le veuille ou pas, c'est un grand avantage par rapport aux autres.
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Mais par rapport aux autres, les Egyptiens n'arrivent pas à jouer dans les grands clubs d'Europe, non ?
Bien sûr qu'ils peuvent jouer en Europe. Pas tous, mais certains d'entre eux possèdent les qualités pour jouer dans les clubs européens. C'est juste une question de choix ou d'envie. S'ils gagnent bien leur vie chez eux, je ne vois pas de raison pour aller jouer ailleurs. Tous les joueurs africains qui jouent en Europe aimeraient avoir les mêmes conditions de vie chez eux pour rester auprès de leurs proches et ne pas vivre l'exil.
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Il y a des joueurs égyptiens qui ont tenté l'aventure européenne avant de rentrer chez eux…
Ceci est plutôt une chance pour les joueurs égyptiens. Quel pays peut se targuer de pouvoir payer 800 000 dollars ou 1 million de dollars pour accueillir un joueur ? Aucun pays d'Afrique ne peut le faire, si ce n'est l'Egypte. Al Ahly et le Zamalek le peuvent ! C'est donc une deuxième chance que les joueurs égyptiens ont. Nous qui sommes partis en Europe, avions laissé toute notre famille et nos proches pour aller tenter l'aventure professionnelle. On est partis pour le football, mais aussi pour subvenir aux besoins de nos familles. Si on avait eu la chance de jouer chez nous pour les mêmes salaires, on n'aurait pas fait tant de sacrifices loin de nos parents et nos familles.
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Comment aviez-vous vécu votre exil en Espagne justement ?
J'avais 26 ans. C'était un bel âge pour partir si vous voulez. Je me dis que moi, dans ce sens, j'ai eu plutôt beaucoup de chance. Il suffisait juste d'un temps d'adaptation par rapport à la culture locale et à la langue.
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Que pensez-vous des joueurs africains qui s'expatrient avant d'avoir eu 20 ans ?
C'est vrai qu'il y a beaucoup de joueurs qui partent trop jeunes. C'est parfois la pauvreté qui pousse certains vers cela, mais aussi pour d'autres, l'impatience. Ils rêvent tous de faire une grande carrière en Europe et celui qui vient leur promettre ce rêve devient le messie.
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Pensez-vous que l'âge de 26 ans est l'idéal pour partir ?
Pas spécialement, certains pourraient partir avant, d'autres après. Il n'y a pas d'âge idéal. Pour moi, c'est vrai que le timing était bon. Je n'aurais pas été aussi prêt avant 26 ans. Mais vu les qualités de certains joueurs africains, cela est aussi possible de partir avant. Tout dépend de leur formation chez eux. S'ils sont bien préparés, je n'en vois aucun inconvénient pour qu'ils partent. Le footballeur africain est plus athlétique que le blanc. Il est plus souple, plus rapide, plus physique aussi.
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Quel est le meilleur gardien africain aujourd'hui selon vous ?
Pour moi, Kaméni est le numéro un en Afrique. Il y a par la suite l'Egyptien El Hadary, puis, les deux Algériens Gaouaoui et Chaouchi.
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Pourquoi Kaméni, est-ce parce que c'est votre poulain ?
Non, pas pour cela. C'est juste parce que j'estime qu'un gardien africain, s'il est bon, il ne reste pas longtemps chez lui. Et Kaméni qui joue à l'Espagnol de Barcelone est dans ce cas. Les autres jouent tous chez eux. Ils sont forcément moins forts que lui. C'est un peu triste, mais c'est ça la réalité.
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Qu'est-ce que vous faites de particulier à Kaméni pendant les entraînements ?
J'essaie de lui transmettre tout ce que j'ai appris pendant ma carrière. Moi, lorsque je vais à l'entraînement, je me dis que je vais enseigner à mes gardiens ce qu'on m'a transmis. J'essaie de le faire de manière pédagogique, comme à l'école.
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Comment évaluez-vous le niveau de l'équipe d'Algérie ?
L'Algérie a toujours été une terre de football. C'est l'un des meilleurs footballs d'Afrique, il n'y a pas le moindre doute. Cela faisait des années que votre équipe nationale manquait au top cinq africain et aujourd'hui, je me réjouis de son retour en Coupe du monde et en Coupe d'Afrique. Le premier match des Algériens a été laborieux. Je crois que la tête des joueurs était ailleurs. Ajoutez à cela la chaleur et l'humidité qui ont pesé sur vos joueurs. Ils ne sont pas habitués à jouer à 15h00 en Afrique. C'est vrai qu'ils ont des circonstances atténuantes. La preuve, c'est qu'ils se sont ressaisis de manière admirable contre le Mali et aussi face à l'Angola.
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Quelle appréciation peut faire le grand Thomas N'kono des gardiens de but algériens ?
J'ai vu jouer les deux gardiens (Chaouchi et Gaouaoui, ndlr). Ils sont tous les deux bons. Ils sont très rassurants et possèdent tous les deux des qualités indéniables.
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Lequel des deux est meilleur, Chaouchi ou Gaouaoui ?
Vous savez, le poste de gardien de but est un peu spécial et ceux qui optent pour ce poste sont également spéciaux. D'abord, c'est le sélectionneur algérien qui devra se réjouir d'avoir deux bons gardiens dans son effectif. Mais si je dois juger les deux gardiens d'après les matchs que j'ai pu voir, je dirai que celui qui a joué le premier match au Caire face à l'Egypte avait plus de pression que l'autre avec autant de monde dans les tribunes. Il est un cran au-dessus. Il est plus rassurant d'après moi, car il est constant durant toute la partie. Celui a joué au Soudan est également bon. Il a réalisé des arrêts très spectaculaires, mais je pense qu'il est un moins constant pendant le match. Soit il est au top et c'est gagné, soit il ne l'est pas et ça devient compliqué pour la défense. Mais en revanche, c'était plus difficile pour lui de jouer ce match, parce que tout le poids de la qualification reposait sur ses épaules. Je pense donc que ce qu'il a réalisé ce jour-là n'était pas une mince affaire. A vrai dire, j'hésiterai entre les deux, si j'étais leur entraîneur.
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Vous aussi vous aviez vécu cette rivalité avec Joseph Antoine Bell. Comment c'était entre vous ?
On s'entraînait normalement et le coach devait choisir le plus en forme de nous deux. Moi qui suis aujourd'hui entraîneur, j'ai toujours fait en sorte à ce que le respect soit total entre les gardiens concurrents. Ce qui n'était pas le cas entre Bell et moi à l'époque. On doit apprendre aux joueurs d'accepter la concurrence en se respectant.
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Comment vit-on cette rivalité des années plus tard ?
De mon côté, je ne comprenais pas pourquoi il me citait à chaque interview qu'il accordait. Mais je pense qu'aujourd'hui, on se respecte mutuellement.
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Est-ce qu'on peut devenir amis lorsqu'on a vécu une telle rivalité ?
Moi, j'ai toujours respecté mes coéquipiers comme mes adversaires. Je l'ai toujours respecté comme les autres. Mais aujourd'hui, ce qui 'intéresse le plus, c'est de nous respecter mutuellement.
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Vous partiriez en vacances avec Bell ?
Je ne sais pas, rien n'est impossible pour des adultes qui se respectent. On n'est, certes, pas de grands amis, mais cela ne me gênerait pas de partir en vacances avec un ancien coéquipier. Je pense que le moment est venu pour nous de dépasser ces histoires de rivalités anciennes.
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Comment réagit-on lorsqu'on voit le meilleur gardien de but actuel au monde dire que c'est Thomas N'kono qui a inspiré ses premiers pas ? On parle bien sûr de Gianluiggi Buffon…
C'est un grand honneur pour moi de voir Buffon me citer dans pratiquement toutes les interviews qu'il accorde aux médias. Cela prouve que, au-delà de ce que je représente en Afrique, il y a aussi quelqu'un ailleurs qui porte du respect et de l'admiration pour ce que j'ai fait. Et puis, c'est toujours bien d'être reconnu par les générations qui viennent après vous, car cela revient à dire qu'on n'a pas joué au football pour rien. Surtout lorsque c'est le meilleur gardien du monde en activité qui le dit.
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A part cette admiration mutuelle, y a-t-il des liens qui vous lient à Buffon ?
Et bien, figurez-vous que lorsque j'ai organisé mon jubilé, Buffon avait alors 20 ans, il jouait à Parme à cette époque et il était aux portes de la sélection d'Italie. J'avais entendu parler de son admiration pour moi, car j'avais lu quelques une des interviews qu'il donnait, je l'ai donc invité à mon jubilé, mais sans grand espoir.
*
Comment ça s'est passé au juste ?
Je l'avais rencontré un jour à Parme et je lui avais parlé de mon souhait de le voir assister à mon jubilé. Cela lui a beaucoup plu et on s'était quittés comme ça, sur une simple promesse. Mais quelque temps plus tard, lorsque j'ai organisé mon jubilé, je n'y pensais pas trop. Je m'étais dit que ce serait trop beau qu'il vienne à Yaoundé, lui qui devenait de plus en plus célèbre. Je n'ai en fait su qu'il était venu à mon jubilé que le jour où je l'ai vu débarquer avec ses deux sœurs. Il m'a fait le plus beau cadeau de ce jubilé. Il avait joué les deux matchs à Yaoundé et Douala. Franchement, je ne peux pas oublier un tel geste. Je le salue encore une fois à travers votre journal.
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Quelles sont vos relations aujourd'hui ?
Elles sont toujours très bonnes. Nous nous passons des coups de fil de temps en temps pour demander des nouvelles l'un de l'autre. On s'encourage et on se voue une admiration mutuelle, si vous voulez. Je crois que c'est la chose la plus formidable qu'on peut gagner dans une carrière de footballeur. Moi qui viens du Cameroun et lui d'Italie, il m'a vu jouer quand il était jeune et moi aujourd'hui qui l'admire sur les terrains. C'est vraiment formidable comme histoire et cela ne se passe que dans le football.
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Qu'est-ce que vous avez gardé de vos confrontations avec l'Algérie ?
C'était toujours très chaud contre l'Algérie. On jouait toujours du beau football et tout le monde pouvait apprécier nos matchs. Mais personnellement, je garde plutôt de très bons souvenirs avec de très bons amis que je ne pourrais jamais oublier de ma vie.
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Avec quel joueur aviez-vous le plus d'affinités ?
Incontestablement, Lakhdar Belloumi ! Sur le terrain, c'était mon pire poison. A chaque fois qu'il se rapprochait de ma défense, je sentais le danger. Belloumi, c'était mon point faible (il rigole !) Aujourd'hui encore, Belloumi tient une place de choix dans mes relations. C'est toujours avec un immense plaisir qu'on se retrouve lui et moi.
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De quel match vous rappelez-vous le plus face à l'Algérie ?
Curieusement, celui qui me vient à l'esprit tout de suite, c'est le match nul 0 à 0 qu'on avait joué en Côte d'Ivoire et qu'on avait remporté aux tirs au but (Guendouz avait raté son tir, ndlr). Mais il y a aussi celui du Caire, lorsqu'on avait gagné 3 à 2, je crois. C'était un match palpitant.
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Est-ce qu'il y a une action particulière qui vous revient en tête ?
Je me rappelle de ce même match au Caire. Le score était de 2-2. A cette époque, on ne connaissait pas beaucoup mes relances à la main. L'Algérie avait un corner contre nous et je saute très haut pour attraper le ballon. Rapidement, j'ai fait une relance à Roger (Milla) qui est parti marquer le but de la victoire, devant nos amis algériens dégoûtés par la rapidité de l'action. C'était ma force cachée à l'époque.
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On est bien curieux de savoir pourquoi vous gardiez toujours votre pantalon noir et vos bas blancs ?
J'avais pourtant commencé à jouer en short à mes débuts. Mais en 1980, j'avais un ami qui a joué en Allemagne et qui m'a ramené ce pantalon spécial gardien de but. Je l'ai tout de suite trouvé parfait. Et puis, vous savez, lorsque vous jouez sur les terrains au Cameroun, ce n'est pas toujours du gazon en dessous. C'était plus pour me préserver que pour me donner un style. Mais par la suite, c'est vrai, je tenais à garder la même tenue noire avec des bas blancs pour marquer la différence par rapport aux autres gardiens de but. La preuve, c'est que vous m'en parlez encore même aujourd'hui ! (Il se marre).
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Vous n'avez jamais pensé à jouer au Barça ?
Mais en arrivant en Espagne, j'avais été contacté, dans un premier temps, par le Barça. Sauf qu'il y avait un problème de taille à l'époque, qui était celui du nombre de joueurs étrangers qu'on avait limités à deux seulement. Ça devenait donc très difficile de prendre un gardien de but au lieu d'un attaquant. C'est pour cela que je n'ai pas joué au Barça. Déjà, le fait d'avoir joué huit ans titulaire à l'Espagnol de Barcelone était déjà un exploit que peu de gardiens à mon époque étaient capables de réaliser. Surtout lorsqu'on était étranger comme moi. C'est le niveau que j'ai affiché qui a parlé pour moi.
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Qui a entraîné Thomas N'kono à ses débuts ?
Et bien, figurez-vous que j'avais joué comme attaquant jusqu'à l'âge de 17 ans ! J'ai joué comme ailier et avant centre. Franchement, je n'étais pas mauvais. Mais le destin a mis mon grand frère devant moi un jour. Il m'a dit : «Toi, tu peux jouer comme gardien de but et c'est là que tu seras le meilleur !» Il avait le flair et il ne s'était pas trompé. C'est quand je suis parti à l'Eclair de Douala vers 16 ans que j'ai opté pour le poste de gardien de but. Beaucoup de joueurs sont passés par Douala, comme Roger Milla et Joseph Antoine Bell. Au début, je demandais à quelqu'un de me lancer le ballon et je m'entraînais comme ça. Mais c'est lorsque j'ai été en sélection du Cameroun à 17 ans que j'ai commencé sérieusement les entraînements de gardien.
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Qui vous a entraîné à l'époque ?
Vladmi Biara, un Yougoslave qui entraînait à l'époque la sélection. C'est lui qui m'a appris les vraies bases de ce poste. J'avais un mur sur lequel je m'entraînais. Je m'entraînais aussi à jouer du poing pour dégager le ballon. En fait j'étais différent des autres, tout simplement.
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En quoi consistait cette différence ?
Vous pouviez tirer de toutes vos forces par exemple, j'avais une grande facilité à arrêter le ballon avec une seule main pour le faire tourner derrière mon dos.
Que pensez-vous d'un gardien comme Higuita qui faisait le show sur les terrains ?
Il fallait être sûr de soi pour faire ce qu'il faisait. Mais je ne conseillerai pas cela à un gardien qui joue dans le haut niveau. En tout cas, Kaméni ne peut pas se permettre tout ce qu'il veut, à moins d'être vraiment sûr de lui. Il y a des limites à ne pas dépasser.
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Un dernier mot à vos amis algériens ?
Je les embrasse tous et je leur passe un bonjour très fraternel. Dites-leur que Thomas N'kono ne vous a pas oubliés.
Entretien réalisé par
Nacym Djender


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