N'importe qui peut aujourd'hui intervenir et donner son avis sur n'importe quel sujet. Grâce à Internet, au téléphone portable et aux chaînes satellitaires qui diffusent en continu les e-mails et les SMS des téléspectateurs, sans savoir qui en est l'auteur, n'importe qui peut aujourd'hui intervenir et donner son avis sur n'importe quel sujet. Un mécanicien peut critiquer un entraîneur d'une équipe de football, un menuisier peut donner son avis sur les cours de Wall Street, un prof de math peut remettre en question la gestion d'un service d'endocrinologie, une sage-femme peut remettre en doute les progrès de la Nasa, des adolescents de moins de 14 ans peuvent même peser dans la balance lorsqu'il s'agit de juger une œuvre musicale, ou même littéraire. Bref, on en voit de tout, et le plus grave, c'est que les avis de ces intervenants anonymes sont souvent pris en considération pour évaluer une situation donnée ou pour porter un quelconque jugement sur tel sujet ou tel autre. C'est ce qui s'est passé, par exemple, dans l'émission Sada Al Malaieb que diffuse chaque soir la chaîne MBC, le lendemain du match Angola-Algérie à l'issue duquel les Fennecs avaient arraché leur qualification pour les quarts de finale. Des milliers d'e-mails, 30 000 selon Mustapha Al Agha, l'animateur de l'émission, ont été envoyés pour demander à ce dernier d'écarter Mahmoud Guendouz, consultant du programme, du plateau de Sada Al Malaieb. Et pour cause, l'ancien capitaine des Verts avait osé, comme le lui dicte sa profession et ses principes, critiquer objectivement le comportement des deux équipes lors de cette rencontre, le qualifiant de honteux. Connu pour son franc-parler, contrairement à beaucoup d'autres qui ne font que dans le sens du poil, il avait indiqué que Saâdane avait pris un grand risque qui pouvait lui coûter la qualification. Une critique qui lui a valu de sévères réactions de la part, malheureusement, pas des gens du métier, mais d'une catégorie de gens qui ne peuvent même pas faire la différence entre un penalty et un coup franc, mais qui parviennent à se faire entendre quand même via Internet et grâce au «flexy». «Un mécanicien doit parler de mécanique, un électricien d'électricité et un médecin de médecine. Laissez le football aux footballeurs, et tout se passera bien. Mais puisque des gens qui n'ont rien à voir avec le métier et des adolescents osent me donner des leçons de nationalisme, me critiquer et m'insulter, je me retire de l'émission et je leur laisse le soin de donner leur avis sur le football pour le bien de l'Algérie», avait indiqué le héros de Gijon avant-hier au téléphone à Mustapha Al Agha qui l'avait joint pour savoir pourquoi il ne s'est pas présenté sur le plateau. B. M.