Madjid Bougherra est un très bon joueur que j'apprécie beaucoup. Il mérite amplement son Ballon d'Or. Tout d'abord, merci d'avoir répondu présent à cette cérémonie, quatre jours seulement après le décès de votre chère maman Allah Yerhamha. C'est moi qui vous remercie de m'avoir invité à cette fête de la famille sportive algérienne. Ma mère Allah yerhamha est tout simplement retournée vers Son Créateur. Que Dieu l'accueille en Son Vaste Paradis, elle et tous les musulmans. Je suis venu quatre jours après son décès, parce que je me devais de répondre présent à cette fête organisée par ma deuxième famille qui est celle du football national. J'ai reçu beaucoup de témoignages de sympathie de la part de mes amis et des supporteurs, ils ont partagé ma douleur avec moi. Je me dois donc de partager cette fête avec eux. Une fois on pleure, une fois on rit. C'est ça la vie. Et ce Ballon d'Or a été pour moi une bonne occasion de couper avec la douleur qui nous a frappés, après la perte de notre chère maman. C'est pour cela que je suis venu avec grand plaisir. D'ailleurs, j'aimerais profiter de cette occasion pour dire merci à toutes les personnes qui m'ont soutenu, moi et toute ma famille en ce triste événement. Le 9e Ballon d'Or a été remporté par Madjid Bougherra et vous êtes son idole. Un mot sur ce joueur ? Madjid Bougherra est un très bon joueur que j'apprécie beaucoup. Il mérite amplement son Ballon d'Or, car il des qualités indéniables sur le terrain, mais aussi en dehors. Il fait partie des joueurs qui ne se limitent pas à être bons uniquement sur le terrain. Cet honneur, Madjid le partage, comme il l'a si bien dit, avec l'ensemble de ses coéquipiers de l'équipe nationale, mais aussi ceux qui jouent avec lui chez les Glasgow Rangers. C'est grâce à eux qu'il a pu décrocher ce titre de meilleur joueur algérien de l'année. C'est la première fois qu'un défenseur décroche le Ballon d'Or algérien. C'est toujours très difficile de séduire plus que les attaquants lorsqu'on joue en défense. Cela est valable dans tous les pays. Même en Europe, ce n'est jamais évident, car les gens ont tendance à focaliser sur les attaquants. Je sais de quoi je parle, parce que j'ai commencé ma carrière comme défenseur avant de devenir attaquant. Si un défenseur réussit à sortir du lot, c'est qu'il le mérite vraiment bien. C'est ce que Madjid Bougherra a fait cette année et il est vraiment à féliciter. Sur quels critères devrait-on axer un jugement au moment d'élire le Ballon d'Or ? A mon avis, c'est le travail réalisé pendant toute l'année qui devrait être pris en considération. Certains ont dû penser au but de Anthar Yahia contre l'Egypte, d'autres à la combativité de Halliche, ou Ziani, ou alors à la technique de Meghni. Mais le Ballon d'Or englobe aussi d'autres critères, comme la régularité du joueur pendant toute la saison. On doit se demander si le joueur a été titulaire indiscutable avec son club, s'il a gagné des titres dans la même année, pour évaluer sa progression par rapport à l'année dernière et voir accessoirement si son comportement mérite cet honneur. Je crois que Bougherra est un bon Ballon d'Or, même si cela n'enlève rien au mérite des autres joueurs de l'EN. Si quelqu'un d'autre l'avait obtenu, on n'aurait pas crié au scandale, car tous les joueurs nominés sont bien élevés et jouent en plus très bien au football. Vous avez été désigné à votre tour, avec Lakhdar Belloumi, comme «Joueur algérien du siècle ». Qu'est-ce que cela vous fait-il ? C'est toujours un grand honneur d'être honoré et reconnu chez soi. Mais je pense que le fait de nous honorer Belloumi et moi est une manière de saluer tous les joueurs de notre génération. Car eux aussi ont participé à l'écriture de notre histoire commune. Beaucoup de joueurs de mon époque méritent d'être honorés pour tout ce qu'ils ont réalisé. Je crois qu'on a choisi Belloumi et moi pour dire merci à tous les autres, vu que nous sommes les deux seuls joueurs algériens à avoir décroché le Ballon d'Or africain. J'espère que d'autres viendront s'ajouter à notre liste le plus tôt possible et, pourquoi pas, ceux qui jouent dans l'EN actuelle. On croit savoir que Mohamed Raouraoua vous a téléphoné pour vous présenter ses condoléances… Oui, il m'a téléphoné le jour même et j'ai beaucoup apprécié son geste. Il m'a même envoyé une lettre très touchante pour s'excuser de ne pas pouvoir venir, car il se trouvait à l'étranger. Je l'en remercie encore une fois à travers votre journal. On sent que les choses se sont arrangées entre vous depuis un certain temps, non ? Oui, tout est rentré dans l'ordre depuis bien longtemps. Ce qui est arrivé dans le passé est loin derrière et je pense que nous sommes assez sages et intelligents pour ne pas verser dans la rancune. Des nouvelles de votre fils Amir ? Al hamdoullah, sa blessure est un souvenir lointain et il a réintégré son équipe. Il a d'ailleurs réalisé une belle prestation la semaine dernière. Je crois qu'il revient petit à petit à son meilleur niveau. J'espère qu'il va progresser en travaillant encore plus dur pour passer à un niveau supérieur. Vous le suivez de près ou alors, vous le laissez vivre sa vie tranquillement ? Je ne veux pas lui mettre une pression supplémentaire. Il en a déjà, car à chaque fois qu'il est sur un terrain de football, on attend de lui qu'il joue comme son père, qu'il marque un but d'une talonnade et des choses de ce genre (il rigole). C'est sûr que je suis attentif à ce qu'il réalise, comme tous les papas des footballeurs. Mais je préfère ne pas m'immiscer dans sa carrière pour lui permettre de gérer cela tranquillement. Moi, ce que je suis de plus près par contre, ce sont ses études. Et là, je redeviens le défenseur que j'ai été au début de ma carrière. Je lui fais un marquage individuel strict ! (il se marre) Entretien réalisé par Nacym Djender