«Les joueurs algériens jouent avec la volonté qui les caractérise, surtout dans les moments de crise.» Sur ces mêmes colonnes, Pierre Lechantre a averti des conséquences fâcheuses que pourrait engendrer le stage de préparation effectué en France. L'entraîneur actuel du Club Africain (Tunisie) nous disait qu'il était insensé de programmer un regroupement en France, en plein hiver, pour se préparer à une compétition qui devant se dérouler dans un pays chaud comme l'Angola. * Bonjour Monsieur Lechantre, vous devriez certainement connaître le motif de notre appel. En fait, c'est pour connaître votre avis sur la première sortie des Verts en Coupe d'Afrique… J'ai vu le match contre le Malawi, je suis tout simplement choqué. * Qu'est-ce qui vous a choqué ? Beaucoup de choses, surtout sur le plan physique. Nous avons vu des fantômes au sens propre du terme sur le terrain. Excusez-moi du mot que j'ai utilisé, car je respecte beaucoup l'équipe algérienne qui est un mondialiste. Ce n'est pas normal que vos joueurs soient passés à côté de la plaque tout au long de la rencontre et aient un rendement pareil dans un match où tout le monde les donnait vainqueurs. * Comment expliquez-vous ce naufrage inattendu ? On est des amis, et laissez-moi vous poser une question avant de vous répondre. Quelles sont les raisons de cette chute à votre avis ? * Peut-être que vous allez me dire que cela est dû à la préparation de cette compétition que vous-même aviez évoquée dans l'entretien que vous nous aviez accordé dernièrement. C'est exact, et je sais que beaucoup d'Algériens seront d'accord avec moi sur ce point. Votre équipe s'est heurtée à la réalité du terrain contre le Malawi qui a gagné en confiance. Je pense que l'Algérie a payé cash son choix d'opter pour la France afin de se préparer à la CAN. Les joueurs travaillaient par une température très basse, puis ils se sont retrouvés sous une chaleur torride pour entamer une compétition officielle. Ils ont épuisé leur énergie dans les premières minutes du match et ne pouvaient réagir au fil des minutes. * Donc, la responsabilité des joueurs est engagée ? C'est tout à fait normal qu'ils soient responsables du résultat, du moment que ce sont eux les premiers concernés. Ils ont commis des erreurs fatales et inacceptables à un tel niveau de la compétition. Mais la plus grande part de responsabilité, soit 70%, revient à celui qui a choisi la France pour effectuer le stage de préparation. Je voudrais ajouter également une chose importante. * Allez-y… De ma vie, je n'ai jamais vu une équipe qui s'apprête à participer à une compétition aussi importante que la CAN ne pas jouer le moindre match amical. Je crois que c'est une folie même. Et je n'accepterai aucune justification. Le site de préparation choisi par les responsables de votre pays a été inopportun. Ce n'est pas faute de moyens que le Cameroun et la Côte d'Ivoire ont opté pour des pays chauds, mais c'est parce qu'ils savaient ce qui les attendaient en Angola. * Croyez-vous qu'il y a possibilité de se rattraper contre le Mali et l'Angola ? Il y a des possibilités, c'est sûr, car le football n'est pas une science exacte et il y a des paramètres qui jouent en votre faveur. Le résultat nul de la rencontre d'ouverture entre l'Angola et le Mali arrangent vos affaires. Mais la mission sera difficile face au Mali, surtout après les 20 dernières minutes jouées contre l'Angola et qui lui ont redonné confiance. Par contre, la route sera bien dégagée pour l'Angola contre le Malawi, et votre mission sera compliquée lors du dernier match. Je dirai que l'Algérie s'est compliquée la tâche. * Quelles sont les solutions, selon vous ? Il faut s'accorder sur une chose, à savoir que le résultat du Malawi n'est pas la fin du monde. Il y a six points mis en jeu que les joueurs doivent empocher coûte que coûte. La solution, c'est que les joueurs algériens jouent avec la volonté qui les caractérise, surtout dans les moments de crise. Je dois aussi dire qu'avec de la volonté, ils seront capables de faire la différence à l'occasion des deux autres matches. Entretien réalisé par Lyes F.