Il aurait aussi mérité d'être l'homme du match Hassan Yebda a toutes les raisons d'être fier de sa prestation de jeudi contre le Mali. En effet, le joueur de Portsmouth a réussi, à lui seul, à bloquer tout le milieu du terrain aux géants Maliens montrant à Mansouri et les autres, ce qu'ils devaient faire pour ne pas se laisser impressionner par les grands noms qu'ils y avaient en face. Son abattage physique a permis à toute l'équipe d'y croire d'entrée et de se rassurer pour le reste du match. Il a fait sentir à ses camarades qu'il avait la clé de la victoire Présent sur les duels qu'il allait provoquer lui-même très haut. Avec son pressing constant sur le porteur du ballon, Yebda a mis tout le monde en confiance et a insufflé cet esprit de gagneur à ses camarades qui se sont sentis, du coup, de plus en plus maîtres de la situation. C'est la grinta affichée par Yebda qui a ouvert la voie aux autres pour acculer les Maliens et les surprendre de la sorte. Il était vraiment sur tous les coups dans cette rencontre. On l'a vu souvent se replier derrière pour aider sa défense sur les balles arrêtées. On l'a vu aussi dans son rôle de relayeur pour remonter le ballon et le donner à Ziani avec lequel il s'entend à merveille. On l'a aussi vu distiller des passes lumineuses pour aérer le jeu, ou lancer en profondeur et en cordeau le virevoltant Karim Matmour qui n'en demandait pas moins. Il a fait sentir tout de suite qu'il avait la clé du match dans sa main, tellement il avait brillé de mille feux. Sans empiéter sur les plates-bandes du maestro Yebda nous a fait sentir dans ce match qu'il a bien mûri dans cette équipe, prenant de plus en plus d'aisance à garder le ballon et à mener le jeu, comme il aime le faire lorsqu'il se sent dans les meilleures conditions. Il l'a fait en plus si intelligemment qu'il n'a pas fait sentir à Karim Ziani qu'il empiétait sur ses plates-bandes de meneur de jeu. Mieux encore, il a allégé le jeu du maestro des Verts qui s'est retrouvé, du coup, soutenu devant comme derrière. Cela s'est vu tout le long de la partie et Ziani s'est régalé à ses côtés. Une entente parfaite avec Ziani Leur entente a été des plus efficaces, pour le grand bien de Saâdane qui n'a pas hésité à sacrifier Khaled Lemmouchia, qu'il considérait pourtant il y a peu, comme «le joueur indispensable dont l'équipe ne peut se passer !» Le coach a sans doute eu beaucoup de peine à trancher la question tellement l'un et l'autre l'avaient séduit, chacun dans son registre. Mais Yebda l'a finalement emporté sur le joueur de l'ESS, en montrant sans doute au sélectionneur qu'il était un cran au-dessus. Plus fort que Sissoko, Keïta et Diarra réunis ! Contre le Mali, Hassan Yebda a également séduit par son agressivité sur le marquage de ses vis-à-vis, imposant le respect à des joueurs comme Sissoko, Seydou Keïta et Diarra qu'il a effacés totalement au milieu du terrain, marquant son territoire royalement durant toute la bataille. Il a tout bonnement été plus fort que ces trois géants réunis, les laissant souvent sur place dans bon nombre de duels. L'Algérien a joué avec aisance et intelligence. C'est ce genre de prestation qui l'a fait élire meilleur joueur de la saison au Benfica de Lisbonne. Ceux qui ne le connaissaient pas vraiment dans ce rôle peuvent aujourd'hui comprendre aisément pourquoi son nom était annoncé à l'Inter de Milan et pourquoi José Mourinho l'avait encensé de la sorte. L'Algérie peut donc être fière de voir ce joueur étincelant se donner de la sorte face au Mali, sans retenue et sans calcul. Un bon carton jaune comme preuve de sa rugosité ! Mais cela ne s'est pas fait sans casse, puisqu'il a écopé d'un bon carton jaune qui a envoyé Sissoko se faire soigner sur le bord de la main courante, avant de céder sa place quelques minutes plus tard. Un carton qui aurait dû en principe le freiner dans son élan et refroidir un peu ses ardeurs. Mais le gladiateur était si chaud qu'il n'a pas reculé d'un pouce, allant de plus en plus au charbon et ne faisant aucune concession à ses adversaires. Le plus admirable dans sa prestation, c'est que Yebda a été à la fois rugueux et technique. Ce qui n'est pas donné au premier venu à ce niveau du jeu. C'est ainsi que Hassan Yebda a mérité amplement sa place de titulaire, qu'il ne semble pas près de céder de sitôt, maintenant qu'il s'est totalement installé. Il aurait aussi mérité d'être l'homme du match Les observateurs de la CAN ont certes choisi Rafik Halliche comme «homme du match» de ce Mali-Algérie. Il n'y a aucun doute que le joueur du Nacional de Madeira l'ait bien mérité après son excellente prestation tant en défense qu'en attaque. Notamment avec le beau but qu'il a marqué et qui a offert la victoire à son équipe. Mais Hassan Yebda aussi mérite tout autant ce titre honorifique de meilleur joueur de cette rencontre, tellement il a porté l'équipe sur son dos, du début à la fin. Sans sa vaillante prestation, les Verts auraient certainement eu du mal à tutoyer de la sorte des mastodontes du Mali. Ah ! si son bolide avait été dedans ! Beaucoup d'observateurs partagent le même avis concernant Yebda et affirment que s'il avait inscrit son bolide des 30 mètres, les techniciens de la CAF auraient eu plus de peine à départager les deux hommes. Complètement libéré dans ce match, Yebda n'avait pas hésité à mettre ce tir lointain dès lors qu'il avait vu Diakité un peu avancé. Un geste qui montre qu'il fait partie de la race des plus grands, ceux qui ont le souci de faire la différence en permanence. C'est ce qui distingue justement Hassan Yebda des autres joueurs évoluant dans le même registre. Il défend bien, mais n'hésite pas à monter pour apporter le danger devant. C'est aussi cette double casquette qui mène certains de ses entraîneurs à le traîner d'un poste à l'autre en club, parfois au détriment de sa stabilité, comme ce fut le cas à Benfica. Une nouvelle option est née chez les Verts avec Yebda Aujourd'hui, les Verts ont gagné avec Yebda une option supplémentaire dans le milieu du terrain. On avait les duos Ziani-Meghni et Lemmouchia-Mansouri. Il y a désormais celui de Yebda au même poste et qui on veut devant comme derrière ! Car à lui seul, le joueur de Pompey peut occuper assez d'espace pour qu'on puisse se passer des anciennes formules. Il a carrément stabilisé le milieu, ratissant le terrain selon les besoins de l'équipe. Ceux qui suivent son parcours depuis quelques années savent que sa marge de progression est encore énorme. Il lui suffira de jouer régulièrement au même poste préféré de milieu droit offensif pour qu'il gagne un peu plus en volume de jeu et arrive à ce sommet que lui prédisent les observateurs les plus avertis. En reproduisant ce genre de prestation, nul doute qu'il arrivera à réaliser le rêve de tous ceux qui l'admirent. Car face au Mali, son match référence désormais avec les Verts, Hassan Yebda a été tout simplement génial et époustouflant à la fois ! Nacym Djender