Charchar : «J'ai vu la mort et c'est grâce à Dieu que je suis toujours en vie» La délégation de l'USM Alger n'oubliera pas de sitôt son déplacement à Saïda, où plusieurs énergumènes ont saisi l'arène du stade pour agresser physiquement à coups de couteau et de toutes sortes d'armes blanches les joueurs algérois, pris pour cible après l'égalisation usmiste en toute fin de rencontre. Le chef de la délégation algéroise, Abdellah Charchar, a frôlé la mort. Tabassé par une quinzaine de fans saïdis surexcités, il s'en est sorti avec plusieurs traumatismes, au crâne, une fracture du nez et une entorse à la cheville. Cherchar raconte l'enfer vécu en fin de rencontre, en cet après-midi qui sera gravé dans l'histoire du club : «Vous n'allez pas me faire croire qu'il s'agit là d'un acte isolé. On savait qu'on n'était pas les bienvenus, mais on n'a jamais pensé que les choses allaient en arriver jusque-là. On s'est retrouvés corps à corps face à des voyous avec des couteaux et des barres de fer, décidés à nous faire la peau.» «Nos assaillants étaient des stadiers manipulés» «Nos assaillants étaient des stadiers vêtus de chasubles orange. C'est un traquenard. Dès notre arrivée, ces stadiers habillés de gilets de couleur fleurissants nous ont tabassés, insultés et menacés. Massacrés, certains de nos joueurs ont rebroussé chemin pour aller s'abriter dans le bus. A la mi-temps, ces soi-disant stadiers ont de nouveau repris leur sale boulot. Ils nous ont infligé un traitement des plus barbares.»
«Le commissaire de police a protégé ces voyous» «Je le dis et j'assume pleinement : parmi les gens qui ont tout manipulé et protégé ces voyous, il y avait un commissaire de police. Il était passif. En tant que responsable de la sécurité, on lui a dressé un constat sur tout ce qu'on avait enduré à notre arrivée, mais il nous a répondu que ce n'était pas son problème et que cela se passait dans toute l'Algérie.» «En fin de match, on a été livrés à nous-mêmes» «Au coup de sifflet final, on s'est précipités à rejoindre le centre du terrain, parce qu'on croyait qu'on allait être protégés par un cordon de sécurité, mais, hélas, ce n'était pas le cas. Pire, ces pseudos-stadiers manipulés ont commencé à ouvrir les portes des gradins du stade. On a été livrés à nous-mêmes.» «J'ai résisté comme j'ai pu, mais j'ai fini inconscient à l'hôpital» «Dès qu'on a vu que les policiers n'étaient plus en mesure de nous protéger, on s'est donné le mot de tout faire pour protéger nos joueurs. Après avoir résisté à un, deux puis trois agresseurs, l'un d'entre eux m'a asséné un coup sur le côté droit de ma tête. Un autre est venu de face et m'a frappé en plein visage avec une barre de fer ou un madrier. Par la suite, un groupe de ces stadiers m'ont tombé dessus jusqu'à ce je perde conscience. La dernière chose que je me souviens, c'était lorsque j'avais appelé Branci pour lui faire éviter un coup d'un type décidé à l'abattre par derrière à l'aide d'un madrier.» «Devant mes yeux j'ai vu l'image de ma mère, mes enfants et des supporters perdus lors de la finale de 1981» «Quelques instants après, on m'a dit que c'était un groupe de pompiers qui m'a réanimé sur place. Je me rappelle qu'on me suppliait de parler, mais je ne pouvais pas. J'ai paniqué et j'ai perdu de nouveau conscience. C'est là qu'ils m'ont évacué d'urgence à l'hôpital, avec 5 ou 6 joueurs blessés. Je n'ai pas frôlé la mort, mais croyez-moi que je l'ai vécue. J'avais même devant mes yeux les images de ma mère, mes enfants et certains anciens supporters usmistes qui ont succombé devant moi en finale de Coupe d'Algérie en 1981 sur la route de Bel Abbès. Cela s'est passé en quelques secondes. Croyez-moi, je ne voulais pas revenir de ce sommeil profond. Lorsque je me suis réveillé, je me suis rendu compte que j'étais bien loin de ce monde.» «Notre réussite dérange beaucoup» «Je crois que nous sommes visés partout. Le projet réussi de l'USM Alger dérange. On a fait beaucoup de jaloux. Certains nous en veulent l'arrivée d'un grand homme d'affaires, respectable, très sérieux et ambitieux. L'USMA, c'est une histoire, des traditions et des hommes. Et ces hommes continuent à faire avancer le club. A mon avis, ce que nous avons vécu dépasse le cadre d'une relégation à éviter parce que l'avenir du MC Saïda ne dépendait pas de ce match. C'est une manipulation contre ce grand club professionnel qu'est l'USMA.» Moumen A.