Abdelghani Djadaoui nous dresse un petit bilan sur le parcours de notre Equipe nationale en Coupe d'Afrique des nations. Fort de son expérience vécue en tant que joueur international et entraîneur de la sélection algérienne, Abdelghani Djadaoui nous dresse un petit bilan sur le parcours de notre Equipe nationale en Coupe d'Afrique des nations. Plusieurs faits saillants ayant marqué les rencontres de notre sélection ont été abordés avec l'ex-international algérien qui a assuré qu'avec un peu plus de lucidité et de solutions offensives, l'Algérie aurait pu faire mieux que cette quatrième place qu'il qualifie, à juste titre d'ailleurs, de reluisante et d'honorable. * Tout d'abord, quelle est votre appréciation sur le parcours de notre Equipe nationale en Coupe d'Afrique des nations ? Pour un retour sur la scène africaine, on ne pouvait espérer mieux. Franchement, la bande à Saâdane a réalisé un parcours des plus positifs. Atteindre le dernier carré est ce qu'on pouvait réaliser de mieux dans ce tournoi. Je dirai donc que la mission a été accomplie avec succès. Pour une nation qui revient de très loin, finir quatrième n'est pas chose aisée. Il n'y a qu'à voir où nous étions il y a un an et demi pour se rendre compte que ce résultat est plus que probant. * Comment avez-vous trouvé cette équipe algérienne dans ce tournoi africain ? Je pense que l'EN est passée par trois étapes différentes. Après un début de compétition laborieux pour des raisons qu'on a déjà évoquées, je dirai que les gars ont très bien réagi lors du second match. Par la suite, il y a eu cette belle confirmation contre l'Angola où nous avons pu assurer notre billet au second tour. Je crois que face à la Côte d'Ivoire, cette équipe a démontré qu'elle avait du talent. Quant au match de l'Egypte, je dirai qu'on aurait pu prétendre à mieux avec un peu plus de sang-froid et de rigueur. En somme, cela n'a pas été mauvais pour notre sélection, même si on peut nourrir quelques regrets d'avoir raté de peu cette finale. * D'aucuns qualifient cette rencontre gagnée face à la Côte d'Ivoire de match référence ; est-ce vraiment le cas selon vous ? Assurément. C'était un quart de finale, donc je crois que ce jour-là, les deux équipes ont joué sur leur véritable valeur technique. Il y avait tous les ingrédients d'un grand match de football avec la présence de joueurs de talent mondial de part et d'autre. Je pense que l'Algérie a sorti une partie pleine avec à la clé une qualification méritée face à une grande équipe de Côte d'Ivoire. Il n'y avait pas de déchet technique aussi. * Il y avait aussi de l'efficacité ce jour-là, non ? Je crois que pour inscrire trois buts dans une rencontre, il faut d'abord avoir beaucoup de réussite. Toutefois, je considère que sur le plan de l'efficacité, cela reste notre maillon faible sur l'ensemble du tournoi bien entendu. J'aurais aimé voir par exemple notre équipe marquer des buts, comme elle avait si bien fait face à ses adversaires à Blida où on a vu nos attaquants plus percutants devant et plus décisifs. Je crois que c'est à ce niveau-là qu'il faudra revoir et songer à trouver des solutions. * Selon vous, qu'est-ce qu'il faudra revoir au juste ? C'est un tout. Vous savez, une équipe est appelée toujours à améliorer ses qualités et corriger ses défauts. On a vu par exemple les hommes du milieu moins offensifs. Ils participaient peu à la conclusion de nos actions. Hormis ce match de Côte d'Ivoire où on a été percutants et reluisants, on a envie de dire que l'animation offensive n'était pas au rendez-vous. * Ils sont nombreux aussi à croire que le manque de réalisme de Ghezzal serait derrière cette inefficacité ; votre avis ? Non, je ne suis pas d'accord. Sur le plan technique, les prestations de Ghezzal s'expliquent par le manque de soutien dont il souffrait durant tout le tournoi. Il faisait presque tout. Il pressait, il empêchait les relances et était aussi appelé à marquer des buts. Chose qu'il ne pouvait réussir à lui seul. Donc Ghezzal n'a rien à se reprocher. Je pense qu'il faudra penser à lui apporter un appui devant pour qu'il redevienne cet attaquant redoutable * Il y aura le retour de Djebbour et probablement le renfort de Benyamina, voire Boudebouz, c'est donc en attaque qu'il faudra se renforcer ? Oui, mais il faudra d'abord attendre pour voir la forme de chaque joueur susceptible de renforcer l'Equipe nationale. Il ne faut pas trop se précipiter à citer tel ou tel joueur maintenant. On verra bien. Mais une chose est certaine, il faut être plus performant pour devenir plus efficace. * Après tout ce que vous avez vu, ne croyez-vous pas que l'apport de Lacen est inévitable ? Ecoutez, comme je viens de le dire, cela dépendra de la forme qu'il affichera. On est encore loin du mois de juin, donc il faudrait d'abord tirer les conclusions de cette CAN, bien situer les lacunes et, ensuite, songer à y remédier. * Revenons au match perdu contre l'Egypte ; quelle est votre idée sur ce duel perdu ? Toute défaite est amère, mais c'est ça le football. Il faut l'accepter mais non sans tirer les leçons de cette défaite. Sur le plan technique, il y a un tas de choses à apprendre avant la prochaine Coupe du monde. Perdre une rencontre de football fait partie du sport, mais la manière avec laquelle notre équipe s'est inclinée est alarmante * C'est-à-dire ? Je pense qu'on n'a été pas assez lucides dans ce duel. Prenez l'exemple de Halliche qui a commis une bévue, avant de vouloir se rattraper juste après, mais il en commettra une autre plus grosse. Par la suite, Chaouchi s'est mal comporté avec l'arbitre qui a validé ce penalty marqué par l'Egypte. C'est vous dire que durant ce match-là, on est passés à côté en raison des erreurs individuelles de certains joueurs. Dès lors qu'ils n'ont pu maîtriser leurs nerfs, nos éléments ont perdu complètement leur concentration dans ce match. * En tant qu'ancien sélectionneur, qu'avez-vous à dire à Chaouchi ? Je dois dire d'abord que ce portier est de grande valeur. Seulement, il doit apprendre à rester lucide et ne pas trop se laisser emporter. Sur ce coup de tête-là, il aurait pu être suspendu et la sanction aurait été quelque chose comme six mois à une année de suspension. Ce sont des choses par exemple à ne plus refaire. * Et Belhadj qui a laissé ses camarades à neuf ? Belhadj est un professionnel, donc il sait bien que ce n'était pas le geste qu'il fallait commettre. Il a cédé à la provocation du défenseur égyptien El Mohammadi et il a craqué. Tous ces points-là, il faudrait en prendre compte, pour ne pas les refaire lors du prochain Mondial en Afrique du Sud. * L'arbitre béninois, Coffi Codjia, a mis aussi son grain de sel, non ? Vous savez, on ne peut pas tout incomber à l'arbitre. Dans une rencontre de football, on doit apprendre à gérer ses émotions, quelles que soient les décisions du directeur de jeu. Si on commet moins d'erreurs techniques, on n'est pas obligé de commettre des fautes pour se rattraper. Sur un terrain de football, il faut apprendre à rester concentré sur son jeu. * Oui, mais vous personnellement, avez-vous vécu une telle injustice au Caire lorsque vous étiez entraîneur de l'EN, cela n'est-il pas rageant ? C'est vrai. Ce jour-là, on a pris une raclée, mais je me souviens que nous avons été à la hauteur. On a bien répondu aux Egyptiens techniquement. Mais encore une fois, on a perdu notre sang-froid dans les moments cruciaux de la partie. Vous savez, l'Algérien a le sang chaud, c'est dire que nos joueurs répondent facilement à la provocation. Au Caire, il y a eu des erreurs individuelles, comme celles commises jeudi passé, et on a sombré complètement (défaite 5-2). Seulement, cela fait partie du jeu et il faudra apprendre à redevenir fort mentalement. * Ne croyez-vous pas que cette défaite va anéantir notre groupe ? Non, pas du tout. Ils sont assez intelligents pour réaliser que cette défaite a été concédée dans des conditions particulières. On ne peut pas lutter contre une grande équipe tout en étant en infériorité numérique. Je crois que vu la qualité de nos joueurs, on va vite s'en remettre. Il y a un Mondial à préparer et il faudra dès maintenant penser à représenter dignement le pays. * Que pensez-vous de cette équipe d'Egypte, championne d'Afrique ? Il paraît bien clair que c'est une équipe trop forte sur le plan collectif. Individuellement, ils sont aussi bons et disciplinés tactiquement. De plus, ils pratiquent un très beau football avec un entraîneur très fin tactiquement. C'est ce qui leur a permis de prendre le dessus sur leurs adversaires et faire la différence dans cette CAN2010. * Pour terminer, quelle conclusion pourrions-nous tirer de cette participation de l'Algérie ? Je dirai qu'il y a eu de bonnes choses et d'autres moins bonnes dans cette CAN201. Il faudra dès à présent songer à y remédier. Il faut bien tirer les conclusions de cette belle expérience pour la rendre enrichissante. Il faut retenir les belles choses démontrées par notre sélection lors de cette CAN, comme la belle réaction des joueurs face au Mali, après une mauvaise entame, et l'excellente prestation réalisée face au favori de cette épreuve, la Côte d'Ivoire. Mais j'insiste sur la lucidité et le sang-froid. On ne doit plus céder assez facilement à la provocation et ne plus se permettre de se mettre en difficulté pour espérer une meilleure représentation lors du prochain Mondial. Moumen A.
