Mohamed Khedis, Mourad Abdelouahab, Aïssa Draoui, Saïd Hamimi, tous ces hommes qui ont tant donné pour le football national et notre équipe nationale, ne sont malheureusement plus là pour vivre la liesse, voir tout ce monde envahir le Soudan et porter haut l'emblème national. Ce beau monde, venu des quatre coins de notre Algérie, qui les pleure aujourd'hui, aurait tant aimé voir ces gloires du passé assister à la qualification des Verts au pays de Mandela. Ces idoles des années fastes du football algérien étaient de grands artistes, talentueux et très attachants. Ils ont bercé toutes les générations. Impossible de les oublier : ils donnaient tant de bonheur aux fans. Ce sont des légendes, et ils étaient les meilleurs artistes que le monde du football chérissait. Quand on voit l'image des matches qui nous reviennent instantanément en tête, de ces piliers du football algérien qui ont marqué toutes les générations confondues, toutes les classes sociales, il n'en reste plus que des souvenirs. A commencer par Mourad Abdelouahab, l'ex-entraîneur du NAHD, du CRB, de l'USMA, entre autres, et de la sélection nationale algérienne, qui nous a quittés, après avoir lutté longuement et courageusement contre une grave maladie. Le temps d'assister à son jubilé qu'ont organisé ses amis et d'anciens internationaux, à leur tête Ali Fergani, en collaboration avec le Comité olympique algérien (COA) où le défunt technicien avait reçu un vibrant hommage de la part de la famille sportive algérienne. Mourad était, certes, fatigué, mais résistait et a lutté jusqu'à la fin, en homme et entraîneur qu'il a été. Celui qui a marqué à sa façon d'être le football algérien. Humble et communicateur, il avait le verbe et l'analyse à fleur de peau puisqu'il pouvait disserter pendant des heures sur sa grande et profonde passion qu'est le football, lui le grand sportif et ancien entraîneur de basket-ball et diplômé en sports. Humble et fier, Abdelouahab, qui a fait partie du staff de la sélection nationale ayant remporté la CAN 1990 en compagnie de Kermali et Saadi, ensuite aux côtés de Fergani et dans les pays du Golfe. Dieu a décidé qu'il quitte ce monde sans assister à la qualification des Verts au Mondial 2010 en Afrique du Sud. Mohamed Khedis : l'un des meilleurs défenseurs des Verts Khedis a rendu l'âme en pleine campagne du Mondial 2010. Lui, le bon vivant, le sportif, ne sera pas devant son écran en compagnie de ses enfants pour soutenir les Verts. Avec lui disparaît l'un des plus grands footballeurs que l'Algérie ait enfantés. Un de ces joueurs qui ont marqué leur époque, celui qui, en son temps, faisait partie des meilleurs défenseurs du pays, s'il n'était pas le meilleur. Il a fait partie de cette génération de joueurs nés au début des années 1950 (en 1952) venus dans le sillage des anciens de l'équipe du FLN. Il avait eu le privilège de faire partie de l'une des meilleures écoles de football du pays, celle du Nasr Hussein Dey, en compagnie d'illustres footballeurs comme Fergani, Akkak, Guendouz, Bouchafra, Aït El Hocine, Guenoun, qui devançait de peu une autre génération aussi riche en talents, celle de Madjer et de Merzekane. Le NAHD, champion d'Algérie en 1967, passait pour être un grand club en Algérie avec ses vedettes comme Youcef, Abdelkader Bahmane, Djebbar, Ouchene, les frères Aouar, Oualiken, Hocine Saadi ou Bouyahi. En 1972, lorsque le Milaha est pris sous l'aile de la compagnie Air Algérie, l'entraîneur de l'époque, le Français Vernier, avait décidé de promouvoir les jeunes du club tels que Fergani, Akkak, et Guendouz et Mohamed Khedis fut l'un des premiers à taper dans l'œil du technicien français. Le NAHD développait un très beau jeu avec la défense en ligne, spécialité qui devint ensuite un modèle belge. Dans ce schéma, la paire d'arrières centraux, composée de Khedis et d'Akkak, passait pour être la plus forte du pays. C'est tout naturellement que Khedis accéda au statut d'international avec les Verts avec lesquels il a joué nombre de matches disputant, entre autres, le tournoi olympique de 1980 en URSS et les qualifications à la Coupe du monde de 1982. Après sa carrière de joueur, il s'est entièrement consacré à son club de toujours, le NAHD, dont il fut un entraîneur, puis secrétaire, enfin vice-président et président au début des années 2000. Dès qu'il eut quitté ce dernier poste, il se fit élire à la Ligue nationale dont il a fait partie jusqu'à sa mort. Saïd Hamimi : un ancien international de l'EN Saïd Hamimi, ancien international de l'EN de football durant les années 1980 et sélectionneur adjoint en compagnie de Nasser Sendjak et de Abdelghani Djadaoui au début des années 2000, nous a quittés à l'orée des éliminatoires CAN-Mondial 2010. L'ancien footballeur de l'AS Angoulême et du Stade de Brest avait fait partie de la sélection nationale qui préparait le Mondial 1982 pour lequel il n'avait finalement pas été sélectionné par Mahieddine Khalef. En 1999, il sera associé à Nasser Sendjak et à Abdelghani Djadaoui pour conduire les destinées de l'EN dans les éliminatoires de la CAN 2000 dont la phase finale eut lieu conjointement au Ghana et au Nigeria. L'ancien adjoint de Sandjak lors de la CAN 2000, après avoir signé sa première licence au sein de l'équipe de son village natal, a émigré très jeune en France pour embrasser une carrière professionnelle. Il a joué à Malakoff, à Montreuil, à Clermont, à Angoulême, à Cuisseaux-Louhans et à Brest avant de passer de l'autre côté de la barrière. Il a entraîné l'équipe de Montreuil. Ensuite, il a été sollicité par son ami Sandjak pour faire partie du staff technique des Verts avec son compatriote Abdelghani Djadaoui. La mort de Hamimi est une grosse perte pour les Algériens qui ont enterré celui qui aime beaucoup son pays. Sollicité pour faire partie de l'Asaf, feu Saïd Hamimi n'a pas hésité un instant pour dire «oui» au président de cette association et, surtout, pour aider les instances sportives algériennes dont l'objectif était d'aider les jeunes sportifs d'origine algérienne à intégrer les équipes nationales de leur pays. Durant sa carrière, Saïd a épaté les présents par sa vivacité et surtout ses gestes techniques. L'Algérie a perdu l'un de ses meilleurs fils, footballeur et éducateur. Hamimi aimait beaucoup son pays. Aujourd'hui, il est parti, sans pouvoir assister à la qualification de ses frères et crier sa joie avec ses proches. Aïssa Draoui : le charmeur des foules Aïssa Draoui, le charmeur des foules, nous a quittés à jamais, terrassé par une crise cardiaque, ce qui a plongé toute la population algérienne et skikdie dans la consternation. Aïssa Draoui a fait vibrer les stades et enchanté les foules, sa carrière est digne d'éloges. Couvé par ammi Allaoua «Granados», le petit lutin effectua ses débuts en 1968 avec les seniors de la JSMS alors qu'il n'était que junior. Très vite, il devint la pièce maîtresse de l'équipe qu'il quitta pour le CSC, en 1972, avec lequel il ne joua qu'un quart d'heure, pour rejoindre le MC Alger, service national oblige. Il y restera jusqu'en 1977. Avec le MCA, Draoui décrocha une coupe d'Afrique des clubs champions, en 1976, 2 coupes maghrébines des clubs, 2 titres de champion d'Algérie et 2 coupes d'Algérie. Sa carrière internationale débuta sous la houlette de Saïd Amara, en mai 1973, et il joua son premier match en compétition officielle contre l'Ouganda en éliminatoires de la CAN et fera son entrée au 5 Juillet le 03/06/73 contre le Brésil. Il sera le maître à jouer de l'équipe médaillée d'or des Jeux Méditerranéens de 1975 sous la férule de Rachid Mekhloufi. Son dernier match international sera celui contre la Tunisie, le 28 février 1977, lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Il fera en tout 27 apparitions en équipe nationale. De retour à Skikda en 1977, il joua pour la JSMS par intermittence jusqu'en 1981, et il prendra sa retraite avec l'équipe de la Casorec en 1982. En 1997, un jubilé digne des stars fut organisé en son honneur au stade Abdelhamid Bouteldja (OPOW) de Skikda. Dahleb, Madjer, Belloumi et une kyrielle d'internationaux et d'ex-coéquipiers avaient pris part à ce rendez-vous. Le cimetière de Zef-Zef à Skikda, la dernière demeure de celui qui est considéré comme le symbole du football skikdi, a caché à jamais celui qui aurait tant aimé voir les Verts au pays de Nelson Mandela A. B.