En déclarant que lors de sa fameuse escapade avec Medjadi, il y avait trois autres joueurs avec eux, Kourichi a jeté un véritable pavé dans la mare. Après la longue interview accordée au Buteur par Nordine Kourichi, l'un des acteurs principaux de l'époque dorée du football algérien, les langues commencent à se délier, qui pour apporter des précisions historiques, qui pour rectifier un peu le tir. C'est dire que l'âge d'or du football algérien qui s'étale de 77 à 90 continue à intéresser les Algériens avides d'éclaircir un peu certaines zones d'ombre de la glorieuse épopée des Verts. En déclarant que lors de sa fameuse escapade avec Medjadi, il y avait trois autres joueurs avec eux, Kourichi a jeté un véritable pavé dans la mare, car jusqu'à aujourd'hui tout le monde pensait qu'il n'y avait que les deux joueurs incriminés, le directeur de Puma et une sauteuse en hauteur française. Khalef : « Si on avait repêché Medjadi, j'aurais démissionné » «Kourichi a dit ce qu'il avait à dire, mais je ne pense qu'il y ait eu d'autres joueurs avec lui et Medjadi. Dès que j'ai vu un responsable de Puma accompagné d'une sauteuse de hauteur dans le centre de préparation, j'ai tiqué. Ce n'est pas normal qu'il y ait une jeune fille au milieu de joueurs de foot en pleine préparation. J'ai donc demandé au soigneur de contrôler les chambres. Dans celle que partageaient Kourichi et Medjadi, il n'y avait personne. Nous avons donc décidé de veiller, Mekhloufi, Soukhane, le soigneur et moi-même. Mais après quelques minutes, on m'a conseillé d'aller dormir car j'avais un entraînement le lendemain matin. Dès que les joueurs ont été pris, on m'a réveillé et on a décidé de les renvoyer dans un premier temps. Le lendemain, j'ai dit aux deux joueurs de ne pas partir, car il y avait moyen de réparer leur erreur, le temps de discuter avec leurs coéquipiers. Kourichi est resté et Medjadi a décidé de partir en prenant un peu de haut. « Je rentre chez moi à Besançon. Si vous avez besoin de moi, vous savez où me trouver », nous a-t-il dit. Cette manière de faire ne m'a pas du tout plu, surtout que quelques jours auparavant je l'ai surpris avec une bouteille de bière. Lorsque nous sommes rentrés à Alger, j'ai subi des pressions terribles pour prendre Medjadi, mais je ne l'ai pas fait. Des gens haut placés m'ont demandé de le repêcher comme je l'ai fait avec Kourichi, mais je leur ai dit que leurs cas étaient différents : Kourichi a fait toutes les éliminatoires, Medjadi non. Kourichi est resté et a présenté ses excuses, Medjadi non. Lorsque j'ai vu que la pression était forte, je leur ai dit : « Vous pouvez récupérer Medjadi, mais vous irez en Coupe du monde sans moi'' et croyez-moi je ne plaisantais pas. C'est là qu'il se sont rendu compte que Medjadi n'allait pas faire partie des 22. » Kouici : « Les joueurs ont tout fait pour qu'il soit repêché » «Tout d'abord, je dois avouer que j'ai lu avec plaisir l'interview de Nordine Kourichi sur Le Buteur, surtout que ça fait très longtemps qu'on ne s'est pas vus. Cela m'a permis, et c'est le cas sans doute de beaucoup de mes coéquipiers, de me retremper dans l'ambiance des années 80. Je crois toutefois que Kourichi a oublié certains détails de l'affaire de Farges, car avant que le staff technique ne le récupère, nous les joueurs avons provoqué une réunion pour demander à ce que Kourichi réintègre le groupe car contrairement à Medjadi, il avait fait toutes les éliminatoires avec nous et de plus, il avait présenté ses excuses. Par ailleurs et concernant les autres joueurs qui auraient accompagné Kourichi et Medjadi, à ma connaissance il n'y avait qu'eux avec le responsable de Puma. Pour l'anecdote et pour rire un peu, je demande à Kourichi de me dire où il a pu trouver cette longue échelle pour pouvoir escalader le mur de l'hôtel ? » Hamid Tahri (unique envoyé spécial d'El Moudjahid) « Il y avait sans doute un rapport avec le scandale Puma » «Avant de partir à Farges, l'équipe est restée à Zermatt, une station de ski où il y avait tout, sauf des terrains de foot. On a dû redescendre à Farges, une ville française distante de 15km de Genève. J'ai le souvenir que Kourichi et Medjadi sont sortis avec le représentant de Puma qui avait ramené avec lui une jeune fille. Ils donnaient l'impression de se connaître parce que Kourichi et Medjadi jouaient quand même à Bordeaux et Monaco, deux des meilleurs clubs français à l'époque. La fédération avait signé un contrat avec Adidas et ce monsieur voulait toucher des joueurs pour leur proposer des contrats avec Puma. C'était le scandale de l'année. Maintenant, est-ce qu'il y avait d'autres joueurs avec Kourichi et Medjadi ? Je crois, si mes souvenirs sont bons, que Madjid Bourebbou, qui jouait à Laval, allait les rejoindre, mais il a été pris par le soigneur qui lui a conseillé de regagner sa chambre. » Haddadj : « On n'a jamais préféré Cavalli à Kourichi » Dans l'interview qu'il nous a accordée, Kourichi a également parlé de ses contacts avec la fédération pour prendre l'équipe nationale. « J'allais prendre la sélection avec Gilbert Gress, mais on m'a préféré Cavalli », a dit notamment Kourichi. Le président de la FAF, M. Hamid Haddadj, qui était déjà en place à cette époque n'est pas tout à fait d'accord avec l'ancien international. « C'est vrai que j'ai discuté personnellement avec lui en marge de la rencontre amicale Algérie-Burkina Faso à Rouen. Nous sommes même rentrés ensemble à Paris, mais il n'y a jamais eu d'engagement officiel avec M. Kourichi que j'ai particulièrement apprécié pour sa gentillesse et sa disponibilité d'aider l'Algérie », nous a expliqué Haddadj. Que se sont-ils dit au juste ? « Je lui ai demandé s'il était prêt à prendre un jour la sélection et il s'est montré disponible. Mais à l'époque, nous étions en pleine prospection et j'ai fait la même chose avec Gilbert Gress, Claude Leroy, Henri Stambouli et Philippe Troussier. Il y avait un choix à faire et on avait choisi Troussier », nous a expliqué le président. Malheureusement, les pouvoirs publics n'ont pas voulu verser le salaire de 40 000 euros réclamé par l'entraîneur français qui avait pourtant fait de grandes concessions. Tous ces contacts ont eu lieu en mars 2006 alors que pour Cavalli, le premier contact a eu lieu en avril. «Comme on voyait que les échéances de l'équipe nationale approchaient, on a pris ce qui était disponible», nous dira Haddadj qui a précisé que «Kourichi n'avait pas été contacté pour former un duo avec Gress, puisque j'ai discuté avec lui le 1er mars, alors que Gress je l'ai eu le 3 mars. » Yahi « Khalef n'aurait jamais repêché Medjadi » «Je salue Kourichi, l'un des meilleurs défenseurs algériens et j'ai lu avec beaucoup de passion son interview. Personnellement, je ne pense pas qu'il y avait d'autres joueurs ce soir-là avec lui et Medjadi, du moins pas parmi les locaux. D'ailleurs, beaucoup parmi nous n'ont appris cette histoire que le lendemain. Les joueurs composant cette équipe 82 étaient non seulement forts sur le terrain, mais ils ont toujours fait preuve de maturité. La preuve, juste après l'incident, nous nous sommes réunis pour parler de Kourichi. Il avait souffert avec nous durant les éliminatoires. Il a eu l'intelligence de ne pas plier bagage, comme l'a fait Medjadi et il avait présenté ses excuses au staff technique et aux joueurs. A partir de là et comme il n'avait pas commis non plus une erreur grave, il a été naturellement repêché. Medjadi a, par contre, préféré rentrer chez lui, c'est tout cela qui a poussé Khalef à ne pas le récupérer. Certains disent que s'il n'y avait pas Merzekane, Khalef aurait repêché Medjadi. C'est faux, car moi qui connais Mahieddine, je peux vous affirmer qu'il n'aurait jamais repris Medjadi, quelles qu'en soient les conséquences car avec Khalef, la discipline passait avant tout. »