Le grand «nettoyage humain» a commencé. Le gouvernement sud-africain ne veut voir aucun sans-abri dans les rues durant le Mondial, en juin prochain. Il a donc choisi de les chasser des grandes villes. La destruction des bidonvilles lors de la CAN 2008 au Ghana, les multiples expropriations subies par les Chinois pour les JO de Pékin la même année… Les grandes manifestations sportives font toujours des victimes. Certains Sud-africains en font aujourd'hui l'amère expérience. Le pays de Nelson Mandela n'est pas un paradis, pourtant en juin prochain il faudra donner le change et devenir une magnifique vitrine. Les spectateurs doivent voir du football, un peuple qui fait la fête et des paysages magiques… Il faut cacher les bidonvilles, il faut faire oublier les problèmes de violence et de santé. Le gouvernement souhaite, entre autres, faire oublier que le pays compte de nombreux SDF. Ils sont en effet des milliers à vivre dans les rues de Johannesbourg, du Cap ou de Pretoria. Interrogé par le Mirror, Sipho Masigo, conseiller municipal de Johannesburg, est d'ailleurs bien conscient de cela : «L'errance et la mendicité sont de grands problèmes dans la ville. Les sans-abri se comptent par milliers.» A défaut de reloger toutes ces personnes avant la Coupe du monde, le gouvernement a décidé de les chasser des grandes villes, en les parquant dans des cités déjà surpeuplées. Le grand «nettoyage humain» a commencé A Johannesbourg, 800 mendiants adultes et enfants ont été déplacés. Ils ont rejoint une région moins peuplée à plus de 1 000 km de la ville. Dans une autre ville d'Afrique du Sud, 300 SDF du Cap ont rejoint Blikkiesdorp Cape Flats où 1 450 familles sont entassées dans un quartier prévu pour en accueillir 650. D'autres villes vont faire le ménage. Rustenburg se prépare déjà à déplacer des SDF. Pour justifier les méthodes utilisées, Sipho Masigo n'hésite pas à utiliser une métaphore : «Vous devez nettoyer votre maison avant d'accueillir des invités. Il n'y a rien de mal à cela.» Bien sûr, une fois que les invités seront partis, la maison retrouvera son état naturel. Bill Rogers, qui travaille auprès des sans domicile fixe à Johannesbourg, explique : «Au lieu d'aider durablement les sans-abri, l'intention du gouvernement est de les relâcher dans la rue après la Coupe du monde.»