Quelle triste nouvelle ! L'artiste, le monument, le maître, le doyen et le phénomène s'est éteint hier à l'âge de 75 ans, en son domicile sis à la Rampe Vallée sur les hauteurs de Bab El Oued, en fin d'après-midi. Eh bien oui ! Amar Ezzahi n'est plus. Il est décédé des suites d'une longue maladie. Cette fois-ci, il s'en est allé pour ne plus revenir, après mille et une rumeurs annonçant sa disparition. Amar Ezzahi n'est plus. Une triste nouvelle qui a jeté l'émoi chez ses fans. Il était à lui seul capable de faire le plein même au stade du 5-Juillet. Dommage, ses fans n'ont pas eu ce privilège ! Amar Ezzahi, de son vrai nom Amar Aït Zaï, est né le 1er janvier 1941 à Aïn El Hammam, wilaya de Tizi Ouzou. C'est en écoutant Boudjema El Ankis, décédé lui aussi il y a quelques mois, qu'Ezzahi, comme aiment à l'appeler ses fans, s'initia à la musique. Il commença au début de l'année 1963 pour faire ensuite un premier enregistrement en 1968, soit cinq ans plus tard. Il le fera grâce aux encouragements des chouyoukh de l'époque, notamment le défunt Boudjema El Ankis et Mahboub Bati. Après El Hachemi Guerouabi qui s'est éteint en 2006, le chaâbi pleure désormais un de ses illustres chantres. Un 10 février 1987 de folie à la salle Ibn Khaldoun, avant de s'éclipser de la scène Les nostalgiques, les fans de Ezzahi n'oublieront jamais ce fameux mardi 10 février 1987. C'est en plein centre d'Alger qu'Amar Ezzahi anima un concert. Précisément à la salle Ibn Khaldoun, sis à la rue Docteur Saâdane. Le nombre de places étant limité, la moitié de ses fans n'ont pu y assister. Ils se sont contentés des images de la télévision qui a couvert à l'époque l'événement. Oui, c'était un grand événement car Ezzahi s'était un peu retiré de la scène, avant ce fameux concert. Les mordus d'Ezzahi diront : «A Ibn Khaldoun, c'était le top. C'était un autre monde.» Ce jour-là, Amar Ezzahi interpréta Ana el kaoui, Ana ândi kalb, Ghadar kassek, El Harraz, El Haoui et d'autres encore. C'était sa dernière apparition à la télévision. Le maître n'y a plus remis les pieds. Priorité aux zaoualiya Tout le monde est unanime à dire qu'Amar Ezzahi est un modèle de modestie et d'honnêteté, ses proches le confirment : «Amar Ezzahi était modeste et honnête.» Amar Ezzahi fera son premier enregistrement en 1968 en interprétant Ya djahel leshab et Yal âadra. Par la suite, il poursuivra son enregistrement en 1971 puis en 1976, avant de faire une coupure avec les studios d'enregistrement pour se consacrer uniquement aux fêtes et aux soirées traditionnelles. A Bab El Oued, la Casbah, Bologhine, la Pointe-Pescade, son quartier de jeunesse, la Rampe Vallée, Amar Ezzahi fera le tour d'Alger, en animant des soirées dans tous les quartiers populaires. Des fêtes resteront inoubliables avec notamment le mariage de Billel Dziri, il y a quelques années. Le seul objectif de ce grand homme était de donner de la joie à tout le monde, y compris ceux qui manquent de moyens (zaoualiya). USMA ou Mouloudia, la question se pose toujours... mais fan du Barça La question se pose toujours. Amar Ezzahi était-il un fan du Mouloudia ou de l'USMA ? On ne le sait pas puisque l'intéressé n'a jamais évoqué le sujet et a tout le temps refusé de répondre à cette question, histoire de garder la sympathie des Mouloudéens et des Usmistes. Il avait assisté à la fête de l'USMA en 1981, suite à sa consécration en Coupe d'Algérie, à l'invitation des dirigeants de l'époque. Il a aussi chanté le Mouloudia lors d'un mariage évoquant les deux gloires du Mouloudia, Zoubir Bachi et Omar Betrouni : «Betrouni w Bachi, khalaw el harès (le gardien de but) m'ghachi.» Il n'a pas manqué aussi l'occasion de prendre des photos avec les coupes remportées par le Mouloudia et l'USMA. Amar Ezzahi attira l'attention de ses fans mouloudéens le mercredi 10 janvier 2007. Au moment d'un istikhbar, la rencontre amicale internationale entre le MC Alger et la Fiorentina venait de se terminer sur le score nul d'un but partout. Amar Ezzahi n'a pas hésité un seul instant à évoquer le Mouloudia puisqu'en pleine scène, il annonce dans son istikhbar : «El Mouloudia daret tabla (le Mouloudia a fait match nul). Ses proches diront aussi que c'était un fan du Barça, un fan du club catalan et son style de jeu incroyable. Adieu Cheikh, repose en paix. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.