Luca Toni, vous souvenez-vous de cet attaquant italien au grand gabarit qui a marqué l'histoire du football italien ? L'ancien champion du monde avec la Squadra Azzura nous a ouvert son cœur pour nous parler des plus grands moments de sa carrière. Et ce n'est pas tout puisque le vainqueur du Soulier d'or a aussi évoqué son aventure au stade du 5-Juillet lorsqu'il portait le maillot de la Fiorentina qui avait affronté le Mouloudia d'Alger. L'attaquant italien se souvient toujours de la grosse ambiance du stade olympique. Il nous a aussi donné son avis sur certains internationaux algériens qui font les beaux jours des clubs anglais, à l'instar de Ghoulam. Bonjour M. Luca Toni et merci d'avoir accepté de vous interviewer... Bonjour, tout le plaisir est pour moi. C'est un grand honneur. Lorsque vous avez appris qu'une chaine sportive algérienne souhaitait vous interviewer, à quoi avez-vous pensé en premier ? J'étais un peu surpris car j'ai arrêté ma carrière de footballeur. Malgré cela, vous avez souhaité m'interviewer. C'est un grand honneur pour moi. Lorsque j'étais joueur, plus précisément lorsque j'ai gagné la Coupe du monde en 2006, je recevais beaucoup d'appels pour des interviews et je n'avais jamais refusé aucune. Je réponds toujours favorablement à l'appel des journalistes. En tous les cas, je sais que les Algériens sont des mordus du football et j'ai donc accepté de vous parler. Parlons de votre carrière. Vous avez été sacré meilleur buteur du championnat italien en 2006-2007. Ce n'est pas une chose facile à faire, n'est-ce pas ? Oui, c'est vrai. N'oublions pas aussi que j'ai joué pendant 3 ans au Bayern Munich où j'avais terminé meilleur buteur de la Bundesliga. J'ai par la suite battu ce record lors de la saison 2014-2015, même si j'étais l'un des attaquants les plus âgés du championnat. Cela prouve que j'ai fait quelque chose de formidable. Ce n'est pas facile de terminer meilleur buteur à 38 ans avec un club qui luttait pour le maintien. C'est une grande fierté pour moi. Votre première apparition dans le Calcio, c'était à l'âge de 23 ans sous les couleurs du club Vicenza. Un épisode inoubliable... Oui, ça reste un moment magique car nous avions joué pour la première fois en Série A. Je me souviens de notre premier match au stade San Siro. Nous avons perdu mais j'étais heureux car j'avais réalisé mon rêve de jouer dans ce stade face à des stars. Le Milan AC est l'un des meilleurs clubs au monde et c'était vraiment magique. Je venais de réaliser un rêve d'enfant. Votre carrière a été riche. Quel est le souvenir qui vous a le plus marqué parmi tous les clubs où vous avez joué ? Je ne vous cache pas que je ne garde que de bons souvenirs là où je suis passé. Durant ma carrière, j'ai marqué plus de 300 buts et gagné plusieurs titres, notamment la Coupe du monde avec l'Italie. C'est une grande fierté pour moi. J'ai aussi porté le maillot de grands clubs italiens ainsi que celui du Bayern Munich qui est considéré comme l'un des plus grands clubs au monde. Je n'ai pas de moment particulier dans ma tête car tout ce que j'ai vécu est tout simplement magnifique. Le plus beau but que vous avez marqué ? Difficile de choisir un but particulier. Tous les buts que j'ai marqués ont leur spécificité et leur importance surtout. Je garde en mémoire mes buts lors du Mondial. Mon premier avec le Bayern Munich. Celui que j'ai aussi marqué lors de la finale de la Coupe d'Allemagne. Beaucoup de buts sont toujours en mémoire et ce ne sont que de bons souvenirs pour moi. Beaucoup aimeraient connaître le secret de ce geste de la main, à chaque fois que vous marquez un but. Pouvez-vous nous en dire plus ? L'histoire remonte à loin, depuis que j'étais à Palerme. J'avais un ami que je salue à cette occasion, qui me parlait des bons moments que nous avons passé. Et il faisait ce geste de la main. Chez nous en Italie, on fait ce geste pour démontrer à quel point la chose est jolie. J'avais donc promis à mon ami que si je marquais, je le fêterai avec ce geste. Et depuis ce jour, c'est parti pour toute ma carrière. Ce qui me réjouit aujourd'hui, c'est que de jeunes footballeurs dans les différents stades européens fêtent jusqu'à aujourd'hui leurs buts avec ce geste. C'est fabuleux ! C'est donc avec le Palerme que vous avez fêté votre but de cette manière ? Oui, on était en seconde division. J'avais marqué 20 buts cette saison-là. Et lorsque nous avons accédé, j'ai aussi marqué 20 buts. Tous ont été fêtés de cette manière. Peut-on dire que l'expérience avec la Fiorentina a été la plus enrichissante de votre carrière ? Oui, car c'est là où j'ai gagné le Soulier d'or mais aussi la Coupe du monde avec l'Italie. Beaucoup pensaient que je n'allais pas réussir à la Fiorentina, mais j'ai marqué 31 buts cette saison-là. J'étais le premier Italien à avoir gagné le Soulier d'or. Ça a été vraiment un passage formidable pour moi. Parlez-nous de votre expérience avec le Bayern Munich ? Ce fut une expérience très enrichissante pour moi, ma première expérience en dehors de l'Italie. Ce n'est pas facile de s'imposer dans un grand club étranger composé de grands joueurs. J'ai remporté le titre de meilleur buteur de la Bundesliga et de la Coupe d'Europe aussi. J'ai gagné tous les titres avec le Bayern. Votre meilleur ami au Bayern, c'est bien évidemment Frank Ribéry... (Rire)... Oui, c'est un très bon ami. Nous sommes en contact permanent jusqu'au jour d'aujourd'hui. Je pense que nous avons presque le même caractère. C'est une personne qui aime bien s'amuser en dehors du football. Il est sympathique. Je dirais aussi que c'est un joueur très talentueux avec de grandes qualités techniques. Il méritait de gagner le Ballon d'or 2013, après avoir remporté tous les titres avec le Bayern, y compris la Ligue des champions. Je pense qu'il le méritait mieux que Messi ou Ronaldo. En tous les cas, il reste à mes yeux l'un des meilleurs joueurs du Bayern. En 2009, vous avez affronté le Mouloudia d'Alger sous les couleurs de la Fiorentina au stade du 5-Juillet. Que gardez-vous de ce match ? Je me souviens toujours de ce match. Ce qui m'a le plus marqué, c'est l'ambiance qu'il y avait dans ce stade. C'était vraiment incroyable. Même en Italie, on n'aurait pas fait mieux, surtout pour un match amical. Je me souviens que cette ambiance nous a donné l'impression de jouer une finale, pas un match amical. Cela prouve toute la ferveur chez les supporters algériens pour le football. Qu'avez-vous dit à vos partenaires, avant le coup d'envoi ? Je dois dire que mes partenaires étaient autant surpris que moi par cette ambiance. Ils m'ont dit que finalement, c'était bien plus qu'un match amical. Je me souviens surtout que lorsque le défenseur du Mouloudia m'interceptait le ballon (il fait allusion à Bouacida, ndlr), le stade explosait de joie. C'était vraiment fou comme ambiance. Surtout lorsque le Mouloudia a ouvert le score... Absolument. La encontre s'était achevée sur un score d'un but partout, non ? Oui, c'est exact... Voilà, c'est ça. Mais je me souviens bien de l'ambiance. Je me souviens aussi de ce défenseur du Mouloudia Bouacida qui avait un grand engagement physique. J'ai vraiment éprouvé beaucoup de difficultés dans ce match. On vous montre cette vidéo du derby MCA-USMA qui s'est joué récemment au stade du 5-Juillet. Que pouvez-vous nous dire sur cette ambiance ? Il s'agit d'un simple derby ou d'une finale ? Non, juste d'une rencontre de championnat... C'est vraiment fabuleux de jouer dans un stade comme ça et dans un grand fair-play ! Parlons maintenant des joueurs algériens qui évoluent en Italie. Le plus en vue est Fawzi Ghoulam qui reste très constant avec son club Naples. Que pouvez-vous nous dire de lui ? Je dirais que ce n'est pas facile de s'imposer dans un club comme Naples. C'est un grand joueur. Il travaille sous la coupe d'un grand entraîneur aussi. Je lui souhaite beaucoup de succès. Un mot sur Mahrez ? Oh mon Dieu ! Ce joueur, s'il veut venir en Italie, on le recrutera sans hésiter (rire). C'est un très grand joueur de classe mondiale. Ce n'est pas pour rien qu'il a été nommé meilleur joueur de Premier League. Il a gagné le championnat et plein d'autre succès. Cela prouve que c'est un joueur de grande classe. Quel est votre avis sur Brahimi qui évolue à Porto ? Je pense que s'il a pu s'imposer dans ce grand club, c'est qu'il a de la qualité. En optant pour l'un des plus grands clubs au Portugal, Brahimi a donné une autre dimension à sa carrière mais il a surtout élevé son niveau. Un dernier mot pour le public algérien... Suivez le sport, suivez-le avec passion. Appréciez le temps présent. Je pense que le football est le plus beau sport au monde. J'adore voir les familles et les enfants dans les stades car c'est eux l'avenir de cette discipline. Merci à vous... Tout le plaisir est pour moi.