"Je dis vraiment bonne chance à Saâdane dans cette tâche. Que Dieu soit avec lui !." On ne vous a pas organisé votre jubilé à ce jour, non ? Non, pas à ce que je sache (il rigole), mais entre nous, je ne suis pas demandeur. Je pense que c'est trop tard pour mon âge. J'aurais souhaité qu'on le fasse pour moi juste après avoir terminé ma carrière. Cela m'aurait fait plaisir en ce temps, car la reconnaissance aurait été juste et le timing bon. Aujourd'hui, lorsqu'on organise le jubilé d'un ancien, on comprend tout de suite qu'il y a une intention de lui venir en aide financièrement. C'est devenu de la çadaqa (aumône). Les gens après se disent qu'on est dans le besoin et qu'on va très mal. . De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ? De sentir le respect dans le regard des gens que je rencontre aujourd'hui dans la rue. C'est cela ma fierté et ma plus grande satisfaction. Dieu merci, l'amour que je reçois est plus important que tout. Sentez-vous à 50 ans que les gens vous reconnaissent encore dans la rue ou alors ça a diminué ? Vous savez, même lorsque j'étais joueur du CRB et de l'Equipe nationale, je ne cherchais pas le regard des gens dans la rue. Je n'ai jamais été obnubilé par la célébrité. Je ne suis pas comme ça. J'ai toujours fait en sorte de rester discret dans la vie. Le plus important est ailleurs. Lorsque j'étais sur le terrain, je me donnais à fond, sans jamais tricher, après, le reste n'est pas ce que je cherche. C'est ma nature. Mais je ne dis pas que je fuis le regard des supporteurs. Au contraire, ça me fait toujours plaisir de rencontrer les gens qui me parlent du CRB ou de l'EN. Qu'est-ce qui vous fait le plus plaisir lorsqu'on vous parle du CRB ? C'est le nom lui-même ! Rien que de prononcer ces trois lettres C.R.B., on ressent l'honneur d'avoir représenté les couleurs de ce grand club. Le nom du CRB est protégé par son aura et la grandeur de son histoire. Le temps n'aura jamais raison de ce club. C'est un patrimoine qu'on se doit de protéger contre tout. Et qu'est-ce qui vous chagrine en revanche ? C'est le fait de voir qu'on n'arrive pas à remettre ce club à sa vraie place depuis tant d'années. Car pour ceux qui connaissent le CRB de près, il est inconcevable de le voir loin des trois premières places du classement. C'est cela qui me chagrine et qui me fait mal. On vous a demandé de nous livrer votre liste des 23 joueurs à prendre en Coupe du monde et vous nous avez sorti une belle surprise avec le nom de Messaoud. Pourquoi ce joueur ? J'ai laissé parler mon cœur et mes yeux en même temps. J'ai choisi Messaoud pour l'avoir eu comme joueur dans mon équipe. Il est tout simplement de la race des grands. Je suis certain qu'il aurait pu faire un meilleur parcours, si la chance lui avait souri un peu plus. Je crois en ce joueur tout simplement. A la place de Saâdane, je lui donnerai sa chance dans les 23. Mais bon, que tout le monde sache que vous m'avez forcé à donner cette liste. Je me suis juste prêté à votre jeu, sans la moindre arrière-pensée ou une quelconque intention d'immixtion dans le travail du staff technique des Verts. Quelle lecture faites-vous de cette divergence qui règne entre ceux qui refusent les locaux et ceux qui ne veulent pas des joueurs émigrés ? C'est un sujet qui me fatigue à la longue. C'est typiquement algérien tout cela. Voyez les Français, ils ont gagné la Coupe du monde 98 avec des joueurs africains et personne ne se pose de questions sur l'origine des joueurs chez les Bleus. Chez nous, pour des enfants d'Algériens, on en fait tout un plat. Je rêve de voir mes compatriotes dépasser ce genre de débats. Les joueurs qui forment l'EN d'aujourd'hui sont tous aussi Algériens que ceux d'ici. Ils se battent pour les couleurs du pays et l'ont prouvé depuis longtemps. Pourquoi donc vouloir fermer les portes de l'EN à nos enfants ? Il faut finir par évoluer avec le temps… Un commentaire sur les onze rentrants que vous avez choisis ? J'ai pris Chaouchi à la place de Gaouaoui, parce que j'ai privilégié la fougue du premier et le mental qu'il a actuellement. Il sait que les gens le réclament et cela le conforte un peu plus. Le fait qu'il y ait un gardien aussi expérimenté que Gaouaoui va pousser Chaouchi à ne pas commettre d'erreur. Il ne voudra pas céder une place de titulaire. Mais bon, c'est à leur vrai coach de voir qui mettre dans la cage, pas à moi. Je ne fais que jouer le jeu avec vous, c'est tout. Et pourquoi avez-vous choisi le 3-5-2 ? Parce que je pense que Saâdane ne va pas s'aventurer à changer une tactique gagnante. Les joueurs l'ont bien assimilée et je pense qu'il peut surprendre ses adversaires avec ce dispositif tactique. De plus, on n'a pas de latéral droit capable de rassurer autant que ce qu'on essayé jusque-là. Et puis, je me demande bien comment va-t-on se passer d'un trio aussi solide que Halliche, Yahia et Bougherra ! Ce ne sera pas facile de sacrifier un de ces trois éléments. Je ne peux pas penser que l'un de ces trois défenseurs va se retrouver sur le banc en Coupe du monde. Est-ce que ça a été facile d'établir votre liste des 23 ? Franchement, c'était tendu du début jusqu'à la fin. C'est un exercice extrêmement pénible à réaliser. Je dis vraiment bonne chance à Saâdane dans cette tâche. Que Dieu soit avec lui ! ------------------------------------------------ Les 23 pour le Mondial, selon Yahi Gaouaoui, Chaouchi, Zemmamouche, Laïfaoui, Meftah, Belhadj, Cherfa, Bougherra, Halliche, Yahia, Bouzid, Yebda, Lacen, Mansouri, Guedioura, Ziani, Meghni, Boudebbouz, Messaoud, Ghezzal, Saïfi, Matmour et Djebbour. Le 11, selon Yahi : Chaouchi, Bougherra, Yahia, Halliche, Belhadj, Lacen, Yebda, Matmour, Ziani, Meghni, Ghezzal.