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Dziri : «Il est temps pour moi de me retirer»
Publié dans Le Buteur le 24 - 05 - 2010

«Le niveau de notre championnat n'est pas faible. La preuve, trois équipes sont qualifiées pour la phase des poules en Ligue des champions et en Coupe de la CAF»
«Bougherra, Belhadj, Ziani, Mansouri et Anthar Yahia ont toujours fait
des sacrifices pour l'Algérie»
Sa décision a été prise et elle est irrévocable. Billel Dziri mettra officiellement un terme à sa carrière vendredi, à l'occasion du match qui mettra aux prises l'USMA avec le NAHD, après une longue carrière ayant duré presque 20 ans. Rencontré juste après la fin de la rencontre face au CABBA, le capitaine usmiste nous a donné rendez-vous au bureau de la direction. Après avoir pris sa douche, il nous a rejoints pour répondre à nos questions, nous accordant ainsi l'une de ses dernières interviews en tant que joueur.
Vous allez raccrocher les crampons ce vendredi. Le confirmez-vous ?
Oui, je le confirme. J'ai 38 ans, je pense qu'il est temps pour moi de me retirer, même si je suis certain que je suis capable de jouer encore une ou deux autres saisons.
Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Chaque début a une fin. Il est temps de céder la place aux jeunes. C'est vrai que c'est un peu décevant de savoir qu'au Maghreb, on juge le joueur par rapport à son âge, non pas à son niveau. J'ai beaucoup réfléchi et j'ai pris cette décision. Elle est irrévocable.
Quand avez-vous décidé de mettre un terme à votre carrière ?
J'y ai pensé l'été dernier, mais j'ai quand même rempilé pour une autre saison. Ma décision a été officiellement prise en décembre.
On suppose que ce ne fut pas facile de prendre une telle décision, n'est-ce pas ?
Ce ne fut guère facile, surtout que je me suis habitué à l'ambiance des stades. J'ai tout donné pour le football, c'est dire que cette décision a été difficile à prendre.
Votre dernier match aura lieu ce vendredi face au NAHD, votre ancienne équipe. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
C'est le destin qui a voulu que mon histoire d'amour avec le football prenne fin à Bologhine face à une équipe chère à mon cœur. Le NAHD jouera la saison prochaine en Dé, mais j'espère qu'il reviendra au plus vite parmi l'élite. J'espère que ce match sera une grande fête marquée par la présence de nombreux supporters, non pas ceux des deux équipes seulement, mais aussi des autres clubs, parce que j'ai toujours eu de bonnes relations avec les fans des autres équipes.
Donc tous les supporters sont invités à Bologhine pour y assister…
J'ai vécu de bons et mauvais moments sur les terrains. J'espère que le match de ce vendredi sera une occasion pour moi de vivre mes dernières heures de bonheur au stade Omar-Hamadi. J'invite ceux qui m'aiment et même ceux qui ne m'aiment pas (rires…) à faire le déplacement à Bologhine pour assister à cette rencontre et vivre avec moi mes derniers moments sur un terrain de foot.
Ce sera votre dernier match sous les couleurs de l'USMA. Ça va sans doute être difficile pour vous…
J'ai la chaire de poule juste à penser que je vais mettre fin à ma carrière, et que je ne vais plus porter les couleurs de cette équipe qui m'est très chère. L'USMA m'a beaucoup donné et j'ai beaucoup donné à ce club. Je suis convaincu d'avoir contribué à la progression de l'USMA au moins à 1 %, vu que je me suis toujours donné à 400 %.
Vous êtes resté fidèle à l'USMA en n'optant pour aucun autre club en Algérie. Quelle en est la raison ?
Il n'y a pas de secret. Juste que si je suis toujours resté fidèle aux Rouge et Noir, c'est parce que je m'y suis toujours senti à l'aise. J'ai gagné plusieurs titres, j'ai joué avec plusieurs générations, et c'est une fierté pour moi. J'ai porté les couleurs de plusieurs clubs étrangers, à l'image de Sedan, mais à chaque fois je retournais à l'USMA. Pour être franc, je n'ai jamais songé opter pour une autre équipe, même si j'avais des offres de grands clubs locaux.
Que représente le NAHD pour vous ?
C'est l'équipe de mon cœur. C'est au sein de cette équipe que j'ai fait mes classes et appris. Seulement, les moments que j'ai vécus à l'USMA sont inoubliables. Je porte les couleurs de ce club depuis 1995. 15 ans, ce n'est pas facile de passer toute cette période dans une seule équipe.
Nombreux sont ceux qui vous ont demandé de poursuivre votre carrière, à leur tête Noureddine Saâdi, votre entraîneur. Pourquoi n'avez-vous pas accepté ?
Je sais très bien que je pourrais jouer encore d'autres saisons, non pas une seulement, mais je préfère sortir par la grande porte. Je remercie ceux qui ont insisté pour que je reste. Ma décision a été prise, je ne ferai pas marche arrière. Je dois dire que les paroles propos de certains m'ont dégoûté. C'est aussi une occasion de laisser la place aux jeunes. Sachez que je pouvais évoluer à plusieurs postes, même en défense centrale, vu que c'était mon poste de prédilection lorsque je jouais au NAHD.
Vous avez entamé votre carrière en 1989, nous sommes en 2010. Quel commentaire faites-vous là-dessus ?
Mon parcours parle de lui-même. Ce n'est pas facile de jouer pendant 21 ans en seniors et dans le haut niveau. J'ai passé aussi une décennie en sélection. Le plus important pour moi, c'est que j'ai toujours été correct. J'ai la conscience tranquille. J'espère que je serai toujours un modèle pour les jeunes. Qu'ils sachent que j'ai beaucoup appris du football et j'ai connu beaucoup de choses.
Que comptez-vous faire maintenant que vous allez être à la retraite ?
Franchement, je ne sais pas. Le football est toute ma vie, je me suis beaucoup attaché à ce sport, donc je ne pense pas que je pourrai me retirer.
Allez-vous être le nouveau président de l'USMA, un dirigeant ou un entraîneur ?
Jusqu'à présent, j'ai porté les couleurs de ce club pendant 15 ans. Je pense que tout sera clair en fin de saison.
Durant votre carrière, quels ont été vos plus beaux moments ?
On vit de bons moments à chaque match. C'est des moments forts dans la vie. J'ai toujours donné le maximum de moi-même, je n'ai jamais choisi les matchs. J'ai toujours joué de la même manière, peu importe le nom de l'adversaire.
Même à 38 ans, vous avez toujours abordé les matchs de la même manière…
Oui, même à 40 ans je jouerai de la même manière. Je ne suis pas du genre à dire que je joue pour jouer. Moi, je donne le meilleur de moi-même jusqu'à la dernière minute.
Et quels sont les moments difficiles de votre carrière ?
C'est vrai que j'ai traversé des moments difficiles, lorsque je me suis blessé en 2001 lors d'un match avec l'Equipe nationale. Ce n'était pas facile pour moi, mais c'était aussi le destin. Je ne pouvais rien y faire. Dieu merci, je me suis remis et j'ai même joué neuf saisons depuis.
Billel, ne regrettez-vous pas d'avoir raté un très bon parcours professionnel ?
Non, jamais. J'avais une offre officielle du RC Lens en 1993. Ils m'ont proposé un contrat de 4 ans, mais j'ai refusé. J'étais jeune, j'avais peur de ne pas réussir. En 1997, j'ai opté pour l'Etoile du Sahel, mais pour moi, ce ne fut pas une expérience professionnelle, vu que c'était un championnat arabe. Puis en 1999, j'ai rejoint Sedan. Je me suis engagé pour deux ans sans effectuer des essais, mais au final j'ai résilié le contrat.
Jusqu'à présent, personne ne sait pourquoi vous avez quitté Sedan…
Si j'avais demandé à résilier le contrat à l'amiable, c'était pour être à la disposition de l'Equipe nationale. Nous avions beaucoup de regroupements à effectuer et des matchs à jouer. Je savais que les responsables de Sedan n'allaient pas me permettre de quitter leur équipe à chaque qu'il fallait rejoindre l'EN. J'ai donc pris la décision de rentrer au pays.
N'avez-vous pas regretté cette décision de revenir en Algérie ?
Non, jamais. Je ne suis pas du genre à regretter mes décisions.
Etes-vous satisfait de votre carrière ?
Bien sûr que je suis satisfait. J'ai contribué à la réussite de l'USMA en la hissant vers les sommets. Ce n'était pas facile. Je fais partie des gloires du club et l'histoire retiendra toujours les joueurs qui ont gravé le nom de l'équipe en lettres d'or. A l'USMA, j'ai eu ma dose de foot même si parfois j'ai eu des malentendus avec quelques personnes. J'en profite pour m'en excuser.
Dziri a joué avec plusieurs générations, qu'avez-vous à nous dire sur ce sujet ?
C'est vrai. J'ai joué avec cinq générations (rires…). Hadj Adlene par exemple a quitté l'USMA, à son retour, j'étais toujours là-bas. J'ai joué aux côtés de Madjer, ça reste quand même une fierté. Benarbia et beaucoup d'autres dont je ne me rappelle plus les noms.
Selon vous, quelle est la meilleure génération ?
L'histoire est écrite par ceux qui gagnent des titres. C'est vrai que j'ai joué avec plusieurs générations, mais la meilleure c'est l'équipe formée par les Zeghdoud, Hamdani, Hamdoud, Ghoul, Hadj Adlene, Meftah et Bourahli. Nous avons gagné neuf titres en dix ans. C'est énorme.
Ceux qui ne vous connaissent pas disent que vous êtes quelqu'un de nerveux, avec un caractère difficile surtout avec vos gesticulations. Un commentaire là-dessus ?
(rires…) C'est ma nature, mais j'ai un grand cœur quand même. Je gesticule, je suis comme ça depuis que j'étais tout petit. Sachez que je n'ai jamais dépassé les limites. D'ailleurs, vous n'avez qu'à le demander aux arbitres.
Si l'on parlait un peu de l'Equipe nationale ; quand avez-vous reçu votre première convocation ?
Ce fut en 1991 et c'est Abdelhamid Kermali, que je salue à travers votre journal, qui m'a convoqué, alors que j'étais toujours en juniors. Nous venions juste de jouer un match à Sétif.
Comment vous a-t-il repéré ?
Je portais les couleurs du NAHD et j'évoluais dans l'axe de la défense. Il a insisté pour que je rejoigne les Verts. Bien sûr, ce fut un grand honneur pour moi, vu que c'était mon rêve de défendre les couleurs de mon pays. Mon premier regroupement a eu lieu en Iran lors de la Coupe afro-asiatique, puis j'ai raté le CAN 1992 à cause d'une sanction que je n'arrive pas à comprendre jusqu'à présent.
Vous avez joué avec la grande génération de Madjer, n'est-ce pas ?
Oui, j'ai joué avec Madjer, Benarbia, Saïb. Et j'ai évolué sous la coupe de Mehdaoui, Ighil et beaucoup d'autres. J'ai porté les couleurs de l'EN pendant plus de 10 ans. J'ai pris part aux éliminatoires de la CAN et la Coupe du monde. J'ai porté le brassard jusqu'en 2002.
Pourquoi l'EN de cette époque-là n'a pas remporté de titres, pourtant le groupe était formé de très bons joueurs ?
Tout le monde sait que l'Algérie y a vécu un période très difficile. Il ne faut pas oublier que le manque de moyens et l'absence de stabilité nous ont beaucoup pénalisés.
Donc, vous n'avez pas vécu des moments comme vous l'avez souhaité…
Non, j'ai vécu de très bons moments. Je n'oublierai pas nos sorties africaines. Il y avait toujours plein de surprises, malheureusement il nous manquait des titres.
L'actuel groupe est formé de plusieurs joueurs que vous avez eu l'occasion de connaître. Que pouvez-vous nous dire à leur sujet ?
Cette génération a vécu des moments difficiles, après avoir échoué à décrocher un billet pour la Coupe du monde 2006, et les deux CAN. Ils ont connu le goût des échecs. Personnellement, je m'attends à ce qu'ils fournissent une belle prestation au Mondial. Ils aiment leur pays et ils feront de leur mieux pour honorer les couleurs nationales en Afrique du Sud.
Quels sont les joueurs que vous connaissez ?
J'ai joué par le passé aux côtés de Mansouri et Saïfi. Ces deux éléments ne sont pas à présenter. J'ai connu aussi Bougherra, Ziani, Anthar Yahia et Belhadj. Ils étaient tous jeunes. L'Equipe nationale leur a permis de se faire un nom. Ils méritent le niveau qu'ils ont atteint. Personnellement, leur envie de vaincre et leur motivation m'ont toujours impressionné, du mment que je les ai connus en 2005, lorsque j'avais été rappelé par Fergani.
Ce groupe a-t-il les moyens de créer la surprise ?
Il ne faut pas s'attendre à ce qu'on atteigne la finale ou les demi-finales. Nous ne pouvons pas demander la lune, surtout en présence de nations comme le Brésil, l'Allemagne, l'Italie et l'Argentine. Ce groupe a les moyens de surprendre. Ils peuvent se qualifier pour le prochain tour. Pourquoi ne pas faire comme le Cameroun en 1990 ou comme le Sénégal... Seulement, il ne faut pas se tromper, notre vrai objectif est de se qualifier pour la Coupe du monde à chaque édition.
Un mot concernant le sélectionneur, M. Rabah Saâdane ?
Il a fait un grand travail, personne ne pourrait dire le contraire. Il a assumé toutes les responsabilités. Nous devons tous le soutenir parce qu'il représente l'entraîneur africain, mais aussi arabe. Il a réussi à nous qualifier, mais aussi à atteindre le dernier carré de la CAN. C'est d'ailleurs pour ça que je demanderai qu'on le laisse travailler tranquillement.
Certains pensent que le joueur local n'a pas les capacités pour s'imposer dans le groupe, vu son niveau…
Je ne suis pas d'accord. Le joueur local a les moyens de jouer dans n'importe quel niveau sans le moindre complexe. Moi-même, j'ai eu l'occasion d'évoluer en France, en Tunisie et au Qatar. Croyez-moi, le niveau n'est pas trop élevé, il n'y a pas une grande différence. Et puis, j'aimerais faire une remarque. Comment ose-t-on dire que notre championnat et le joueur local n'ont pas le niveau alors que trois clubs sont qualifiés en Ligue des champions et Coupe de la CAF ! Je pense qu'il faut encourager nos joueurs et non pas les humilier et les comparer à chaque fois aux pros.
Pensez-vous qu'il y a des joueurs locaux capables de défendre les couleurs de l'EN ?
Oui, il y a quelques noms, mais je ne compte pas les citer.
Comment voyez-vous l'EN, côté technique ?
Pas mal. Seulement, il ne faut pas s'arrêter là. Ils doivent continuer à cravacher dur, c'est le seul moyen de progresser. Le groupe est formé de joueurs de bonnes familles, et c'est très important aussi.
Quels sont vos pronostics ?
Une fois qualifiés au Mondial, je pense que nous devrions jouer sans complexe. Il faut se donner à fond, et respecter les schémas tactiques. Le plus important est de donner une bonne image du football algérien et d'honorer la nation. En tout cas, je suis optimiste. Pourquoi pas une qualification pour le deuxième tour.
Quel est l'entraîneur qui vous a beaucoup marqué ?
Je ne veux pas donner de nom parce que tous ont une place spéciale. Chacun a sa méthode aussi, et chacun m'a appris beaucoup de choses. Je profite de cette occasion pour les remercier.
Comment est votre relation avec Saïd Allik ?
Allik est un bon ami avant tout. Le courant passe très bien entre nous. C'est un homme, un vrai. Je le remercie d'avoir été toujours là pour moi. Je l'ai toujours trouvé auprès de moi. Il faut le soutenir, parce qu'il mérite beaucoup de bien.
Et Saâdi ?
Il aide tous les joueurs, que ce soit lors des entraînements ou pendant les matchs. Je le connais très bien. Il a insisté pour que je continue ma carrière. Malheureusement, ça ne va pas être possible vu qu'il est temps pour moi de raccrocher.
L'USMA ?
(Il observe un moment de silence) Ma vie et mon âme. C'est difficile de la quitter.
L'Equipe nationale ?
La fierté de tous les Algériens. C'est la source de notre bonheur. La preuve, les moments que nous avons vécu après la qualification pour la Coupe du monde.
Quand Billel Dziri va-t-il se marier ?
Cet été. Tout le monde est invité (il rit franchement…)
Un message pour les supporters de l'USMA…
J'ai vécu des moments formidables avec eux. Je les remercie, ceux que je connais ou ceux que je ne connais pas. J'espère que l'USMA restera toujours en haut.
Un dernier mot pour finir ?
Je lance un appel à tous ceux qui m'aiment : rendez-vous vendredi à Bologhine à partir de 16h. Je remercie tous ceux qui m'ont aidé, de loin ou de près.


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