Quelle est votre première analyse sur cette demi-finale Nigeria – Algérie ? Ce sera un grand match. Pour l'instant, l'Algérie nous a tous impressionnés par ses résultats et son jeu. L'Algérie n'a encaissé qu'un seul but depuis le début de la CAN. Il est clair que je suis très impressionné par le jeu produit jusque-là. Et ce n'est pas tout car j'ai aussi été impressionné par le bon état d'esprit des Algériens sur le terrain. Il y a une grande solidarité entre les joueurs. En tous les cas, je sais que nous allons jouer le match le plus difficile pour nous depuis l'entame de la compétition. Est-ce une finale avant l'heure à vos yeux surtout que ce match opposera deux grands noms du continent africain ? C'est vrai, mais ce n'est pas les noms des sélections qui comptent ni les noms des joueurs. Mais ce qui compte le plus c'est le rendement et les performances sur le terrain. C'est pour cette raison que je dis que ce n'est pas une référence si ce match opposera deux grandes nations du football. Il faudra être présent ce jour-là. Tout ce qui compte à nos yeux est d'être à 100% de nos moyens le jour J. l'avantage par rapport à notre adversaire est que nous allons évoluer dans un stade qu'on connait bien. Il faut savoir que c'est un grand stade déjà. La pelouse est magnifique, ce qui nous permettra de développer du beau jeu. Vous avez bénéficié d'une journée de repos, contrairement à l'Algérie qui a joué jeudi. Est-ce un avantage ? Il est vrai que nous avons gagné une journée de repos par rapport aux Algériens. Mais je tiens à dire deux choses. La première est que ce n'est pas une référence car nous avons affronté Madagascar dans des conditions similaires mais malgré cela, nous avons perdu notre rencontre et nous n'avons pas su profiter de notre fraicheur physique. Le second point est que j'estime que l'Algérie a les moyens de récupérer en l'espace de 48h voire 72h. C'est dire que ce ne sera pas un avantage pour nous d'avoir gagné une journée. Qu'est-ce qui vous a plu dans cette sélection algérienne ? J'ai remarqué l'état d'esprit. J'ai remarqué aussi le physique, mais surtout cette agressivité dans le jeu. Lorsque nous avons en face des joueurs d'une telle qualité, il est clair que cela ne fera que nous compliquer la tâche. J'ai eu l'occasion de les voir lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Je peux dire que cette sélection algérienne va beaucoup nous compliquer la tâche, ce dimanche. Vous avez évoqué les éliminatoires du Mondial. Qu'est-ce qui a changé au sein de cette formation ? Il y a une énorme différence entre l'Algérie de 2016 et celle d'aujourd'hui. J'ai vu une équipe beaucoup plus cohérente sur le terrain avec une meilleure organisation dans le jeu. On voit surtout l'état d'esprit de cette équipe qui a bien changé. Lors des éliminatoires, nous nous sommes imposés 3 buts à 1. Ce jour-là, l'Algérie avait commis des erreurs que je ne vois plus aujourd'hui. C'est l'équipe qui a encaissé le moins de but, avec un seul seulement depuis le début de la CAN. L'absence de Attal serait-ce un avantage pour votre équipe ? Non, je ne pense pas que ce soit un avantage car nous aussi nous avons perdu notre latéral droit Abdullahi Shehu, qui n'a toujours pas repris la compétition. C'est pour cette raison que je pense que l'Algérie aura les ressources pour combler le forfait de Attal. Il y a des joueurs au sein de votre équipe qui ne jouent pas régulièrement, à l'image de John Obi Mikel ou Balogun. Qu'est-ce qui a motivé votre décision ? J'essaye d'être le plus juste possible avec mes joueurs. Pour le premier, il n'a pas joué les éliminatoires. Il revient petit à petit, mais il est clair que sa présence au sein du groupe est très importante. Pour Balogun, il n'a pas beaucoup joué avec son club. Il manque donc de repères. Pensez-vous que la ligne d'attaque de l'Algérie soit redoutable ? Oui, c'est clair. Il y a de sacrés bons joueurs dans le compartiment offensif. N'oublions pas aussi que nous avons encaissé pas mal de buts depuis l'entame de cette CAN. On se corrige à chaque match mais il est clair que la rigueur défensive doit être au rendez-vous. Je pense que nous avons été plus solides face à l'Afrique du Sud. Il faudra le confirmer face à l'Algérie. Pensez-vous que pour espérer remporter la CAN, il faut être solide derrière ? Oui, c'est clair. Et pour l'instant, c'est l'Algérie qui a cette rigueur défensive en encaissant un seul but seulement depuis l'entame de cette CAN. On sait qu'en attaque on doit être bien meilleur. Comment trouvez-vous le rôle de Mahrez ? C'est un excellent joueur qui peut faire la différence tout seul. Il évolue dans un grand club et son rôle est très important dans cette sélection algérienne. On doit le surveiller de près. Malheureusement, nous n'avons pas des joueurs de sa classe car la plupart de mes joueurs n'ont pas eu la chance de jouer la Ligue des champions. Le seul joueur qui a le niveau européen et qui a joué l'Europa League est Iwobi. Pour le reste, nous avons un groupe jeune. Un mot sur Ounas ? Je le connais bien car il était à Bordeaux. Il a de grandes qualités, très bon dribbleur et très rapide sur les côtés. En gros, j'estime que l'Algérie a du potentiel en attaque et si cette équipe ajoute la rigueur défensive, alors c'est un sérieux prétendant pour le titre. Allez-vous revoir certaines choses sur le plan tactique avant cette demi-finale ? On revoit toujours des choses sur le plan tactique à chaque avant-match. On commet des erreurs et on essaye de se corriger régulièrement surtout lorsqu'on est appelé à affronter une attaque de feu comme celle de l'Algérie. Sur quoi ce match va-t-il se jouer ? A mes yeux, ce match se jouera sur un détail. Il se pourrait qu'un but soit marqué sur une erreur défensive, ou une main dans la surface ou un penalty sifflé par l'arbitre. En tous les cas, je tiens à dire que nous allons jouer un match très difficile, mais que ça reste une aventure pour nous car on ne sait pas comment sera faite la physionomie. Qu'allez-vous dire à vos joueurs avant cette rencontre ? De se battre pour leur pays et pour leur famille. De ne pas oublier surtout les consignes que nous allons leur donner. De rester concentré mais surtout de faire le moins d'erreurs possible. Allez-vous opérer des changements ? On verra. Pour l'instant, nous n'avons pas encore décidé. Il nous reste encore des séances avant de trancher. Votre pronostic pour cette CAN… Je dirais que l'Algérie est un sérieux prétendant pour le titre de champion. A mes yeux, cette demi-finale est comme une petite finale. Pensez-vous que Belmadi a réussi sa première mission à la tête de la sélection algérienne ? J'ai assez d'expérience pour pouvoir juger un collègue qui fait de l'excellent travail. Belmadi a trouvé un réel équilibre entre l'attaque et la défense. Il a fait un énorme boulot en très peu de temps. Il y a un réel bon état d'esprit au sein de cette équipe algérienne. En Algérie, on fait une comparaison entre Deschamps et Belmadi en ce qui concerne les décisions que les deux sélectionneurs ont pris tel que le cas Benzema, puisque Belmadi a écarté de gros noms tel que Ghoulam, Belfodil et Bentaleb… Je ne connais pas suffisamment la situation de l'Algérie pour pouvoir m'exprimer sur ce sujet. Tout ce que je peux dire est que le travail que Belmadi a fait pour l'instant est remarquable surtout qu'il s'agit d'un entraîneur local. C'est bien de savoir qu'il y a de bons entraîneurs en Afrique.