Saâdane lui a dit : «Mets-toi à ma place !» Zemmamouche:«Je suis abattu» Rabah Saâdane a fait son choix. Parmi les 24 joueurs sur les 25 retenus pour le stage de Crans-Montana, un joueur a été sacrifié. Cette fois, la décision n'est pas d'ordre médical, mais technique. Rabah Saâdane, qui était contraint d'éliminer un des quatre gardiens retenus pour ledit stage, a porté son choix sur le Mouloudéen Mohamed Lamine Zemmamouche. Ce dernier est rentré hier à Alger, après en avoir été informé par le sélectionneur national en personne. Zemmamouche a quitté ses coéquipiers hier en début d'après-midi pour rentrer à Alger, alors que ces derniers prenaient l'avion de Genève à destination de Dublin.
Il le savait dès que Saâdane l'a appelé Mohamed Lamine Zemmamouche savait qu'il allait être sacrifié, avant même que Rabah Saâdane ne le lui dise. Le fait qu'il ait été informé que le sélectionneur national l'attendait dans la salle des conférences seul à la fin du dîner avait mis la puce à l'oreille au joueur. Dès lors, Zemmamouche avait deviné qu'il n'allait pas être retenu et sa rencontre, quelques minutes plus tard avec Saâdane, confirmera ses soupçons. C'est ainsi que le keeper mouloudéen n'ira pas en Afsud. Sur le chemin qui menait à la salle des conférences, Zemmamouche avait le visage pâle. Il s'en doutait ! Saâdane lui a dit : «Mets-toi à ma place !» Sans doute pour ne pas heurter la sensibilité du joueur ni l'enfoncer encore davantage, Rabah Saâdane a essayé d'être le plus persuasif possible. Il a donc cherché les mots qu'il faut pour expliquer à Zemmamouche sa décision de ne pas le retenir pour le Mondial. Il lui a dit : «Mets-toi à ma place fiston ! S'il y avait ne serait-ce qu'une seule possibilité de te prendre, saches que je t'aurais pris sans hésiter. Il m'a été très difficile de prendre une telle décision, mais je devais faire un choix et je l'ai fait en mon âme et conscience», lui a-t-il dit.
«Tu peux encore jouer des compétitions majeures» Afin d'atténuer la déception du joueur, Rabah Saâdane l'a assuré qu'avec le niveau qui est le sien, il peut encore jouer des compétitions majeures dans un avenir proche. «Ecoute fiston, si tu as été retenu pour le stage de Crans-Montana, c'est que tu as le niveau requis pour ça. Tu es encore jeune et tu as l'avenir devant toi. Tu pourras encore jouer des compétitions majeures à l'avenir», l'a-t-il rassuré.
«Il y a toujours bon espoir pour que tu sois convoqué pour le Mondial» Au cours de son discours, Rabah Saâdane a usé d'un vocabulaire très optimiste pour ne pas heurter la sensibilité du joueur, déjà très affecté par sa non-convocation à la Coupe du monde. «L'espoir de te voir convoqué en Afrique du Sud est toujours là. Il ne faut pas que tu te dises que tout est fini. En football, tout peut arriver. Il se peut, sait-on jamais, qu'on aura besoin de toi en cours de route. Ne baisse pas les bras».
Saïfi, Halliche, Gaouaoui et Laïfaoui lui ont remonté le moral Mohamed Lamine Zemmamouche a quitté la salle de conférences où il avait entendu, quelques minutes auparavant, de la bouche même du sélectionneur, qu'il n'irait pas en Afrique du Sud, en pleurs. Il était tellement affecté par sa mise à l'écart qu'il n'a pu retenir ses larmes. Saïfi, Gaouaoui, Halliche et Laïfaoui ont essayé tant bien que mal de lui remonter le moral en insistant sur le fait qu'il était encore jeune et qu'il avait tout l'avenir devant lui.
Il explose en sanglots dans les bras de Saïfi Très affecté, les paroles conciliantes des Saïfi, Gaouaoui, Halliche et Laïfaoui n'ont pas apaisé le joueur. Au contraire, il a explosé en sanglots dans les bras de Saïfi qui essayait de le calmer. L'état du joueur faisait tellement peine à voir que ses autres coéquipiers ne se sont pas empêchés d'écraser une larme de sympathie pour lui. ------------------------------------------------------------- «Je suis abattu» Vous n'êtes pas retenu dans le groupe des 23 qui jouera le Mondial ; quel est votre sentiment ? Je suis déçu. Très déçu même. Après quinze jours de préparation, je me vois écarter comme ça, pour des raisons que je ne comprends pas. Je respecte la décision, mais je ne la comprends pas. Il n'y a que moi qui puisse ressentir la douleur d'une telle déception. Vous attendiez-vous à cela ? Non, aucunement. Je me suis préparé pendant quinze jours en perspective, je ne m'attendais vraiment pas à ce que je sois écarté à quelques jours du Mondial. Qu'à cela ne tienne, je dois respecter le choix du coach, bien que ce soit difficile à encaisser. Qui vous a appris cette nouvelle ? Ce n'est pas très important. L'essentiel est que le coach m'ait parlé. Il était venu me voir dans ma chambre pour m'expliquer les raisons qui l'ont emmené à prendre une telle décision. Vous allez rentrer à Alger, êtes-vous en état de jouer face au CRB ? Je ne le sais pas encore. Je dois d'abord digérer tout ça. Quant à ma participation à ce match, je verrai une fois à Alger. Il y a un coach en place, c'est lui qui décidera. Si on me demande de jouer, je ferai tout mon possible pour être prêt. Un titre de champion va-t-il vous faire oublier la déception de ne pas avoir été retenu ? Je l'espère de tout mon cœur. Ça n'aura pas la même saveur qu'une participation au Mondial, mais je serai très heureux d'être champion avec le MCA. J'aurais aimé vivre les sensations que procure une Coupe du monde, mais le destin en a voulu autrement.