«L'Angleterre est le grand favori du Mondial.» «Notre groupe est équilibré.» S'il existait un classement des sélectionneurs les plus médiatisés d'Afrique du Sud 2010, Matjaz Kek figurerait bien loin des Lippi, Maradona et Capello. L'entraîneur de la Slovénie a peut-être réalisé un petit miracle en permettant à une nation de deux millions d'âmes de se qualifier pour la Coupe du monde de la FIFA, il n'en demeure pas moins méconnu du grand public, hormis chez les véritables passionnés de ballon rond. Pourtant, si ses résultats méritent certainement davantage de crédit, le profil bas et la modestie affichés par Kek s'accordent parfaitement avec la discrétion de son équipe. Après tout, la Slovénie s'est qualifiée paisiblement pour cette phase finale, sans susciter ni controverse, ni engouement médiatique. Son sélectionneur est bien décidé à faire en sorte que cela dure. Mais ce style réservé, loin du charisme affiché par certains de ses homologues, tel José Mourinho, ne signifie pas pour autant que Kek n'est pas avide de victoires. Lors d'un entretien exclusif accordé à FIFA.com, il révèle que la sélection slovène espère réaliser un autre «exploit historique». Il encourage en outre le pays hôte à adopter la même attitude que son équipe, en mettant tout en œuvre pour faire taire les derniers détracteurs. Matjaz Kek, la qualification de votre équipe a été l'un des grands événements des préliminaires pour Afrique du Sud 2010. Quel est le secret de votre réussite ? C'est avant tout grâce à la confiance, au courage et à la détermination extraordinaires des joueurs. Nous ne devons pas notre qualification à la chance, mais uniquement à nos performances sur le terrain. Votre équipe a enregistré des statistiques défensives impressionnantes durant la campagne qualificative. Cette solidité collective constitue-t-elle le principal atout de la Slovénie ? Le fait que nous n'ayons encaissé que quatre buts pendant les qualifications indique clairement que les joueurs ont appliqué les consignes défensives à la lettre. Mais je dirais que nous sommes avant tout une équipe bien organisée, avec des aspirations offensives. Après tout, nous avons marqué beaucoup de buts lors de rencontres décisives, ce qui prouve que nous sommes naturellement portés vers l'attaque. Votre effectif ne comporte pas de grandes stars. D'une certaine manière, cela renforce-t-il l'esprit de groupe que vous prônez ? Je ne suis pas d'accord quand j'entends dire que nous n'avons pas de stars. Nous allons en Afrique du Sud avec un effectif composé de 23 stars, dans le sens où chacun de nos joueurs est prêt à mettre ses qualités individuelles au service du collectif. Pour moi, c'est ça être une star. Quelle est la portée de cette qualification pour la Slovénie, l'un des plus petits pays à atteindre une phase finale de Coupe du monde de la FIFA ? J'espère sincèrement que ce succès va stimuler le développement du football en Slovénie. La plupart de nos clubs vivent actuellement une période difficile et il nous faut donc profiter de la formidable opportunité que représente cette Coupe du monde. Nous devons nous baser sur ce qui a déjà été réalisé afin de dynamiser ce sport dans notre pays et d'améliorer la qualité de notre championnat national. Quel est votre sentiment personnel à l'approche du tournoi ? Je considère cette Coupe du monde comme la récompense des efforts fournis lors de mon travail de formation et d'entraîneur, mais aussi comme un beau défi qui suscite de grands espoirs. Je ne ressens aucune pression ni crainte, uniquement de la gratitude. Bien sûr, cette qualification représente mon plus bel accomplissement professionnel et mon plus grand challenge personnel. Mais, comme je l'ai déjà dit, mon rôle est mineur. L'accent doit être mis sur l'équipe. Nous avons à présent un nouveau défi et une nouvelle mission. Nous vivons une période d'intense motivation, car nous voulons prouver au monde entier que nous ne sommes pas là par hasard. Vous êtes-vous fixé un objectif en Afrique du Sud ? Nous sommes capables de passer le premier tour, mais nous allons devoir travailler très dur pour cela. Toutes les équipes de notre groupe ont de grandes qualités et les matches qui nous attendent en Afrique du Sud s'annoncent vraiment intéressants. Parlez-nous de vos adversaires du Groupe C : l'Angleterre, les Etats-Unis et l'Algérie. Pensez-vous que ce tirage au sort vous laisse une bonne chance de passer le premier tour ? Une chose est sûre, nous ne faisons pas partie des favoris de ce groupe. Mais nous espérons quand même nous qualifier pour les huitièmes de finale. Nous allons essayer de bien nous préparer afin d'aborder ces trois matches de la meilleure façon possible et d'obtenir les points nécessaires pour accéder au tour suivant. Pour cela, nous devrons être dans des conditions optimales. C'est ce à quoi nous nous attelons actuellement. Pensez-vous que la Slovénie, les Etats-Unis et l'Algérie vont se disputer la deuxième place, ou bien vous attendez-vous à un groupe plus ouvert ? Je pense que tous les matches seront très intéressants, mais les Anglais sont assurément les grands favoris de notre groupe, ne serait-ce que pour la qualité et la tradition de leur football, et tout ce qui va avec. Je dirais même que l'Angleterre est, à mes yeux, l'un des favoris du tournoi. Mais je pense malgré tout que ce groupe sera très équilibré. J'espère que, quoi qu'il arrive, la Slovénie saura tirer son épingle du jeu et réaliser un nouvel exploit historique. Votre excellente prestation réalisée l'an dernier face à l'Angleterre à Wembley va-t-elle vous donner de l'assurance au moment de retrouver l'équipe de Fabio Capello ? Les matches amicaux n'ont rien à voir avec les matches de Coupe du monde. Bien jouer à Wembley face à l'Angleterre nous a donné beaucoup de confiance, ce qui s'est avéré crucial lors de la victoire face à la Pologne, la plus belle et la plus importante de notre parcours en éliminatoires. Notre expérience à Wembley a été extrêmement positive. Nous allons tout faire pour l'exploiter au mieux lors de notre prochaine confrontation avec l'Angleterre, en Afrique du Sud. Mais cette rencontre sera tout à fait différente et constituera pour nous un nouveau défi. Pour finir, cette Coupe du monde de la FIFA est la première à avoir lieu sur le continent africain. Qu'attendez-vous de cette compétition et du pays hôte ? Je me suis déjà rendu trois fois en Afrique du Sud. J'ai donc pu constater par moi-même les efforts que les hôtes ont fournis pour l'organisation de ce tournoi. Je suis certain qu'avec l'aide de la FIFA, l'Afrique du Sud va tout faire pour que cette Coupe du monde soit un événement de très haut niveau. J'attends de l'Afrique qu'elle montre toute la richesse, l'éclat, la beauté et la gentillesse qui caractérisent son peuple. Je suis impatient d'y retourner, d'autant que je n'irai pas en tant que simple spectateur, mais comme entraîneur d'un pays participant. Beaucoup de gens pensaient que nous n'arriverions jamais à nous qualifier, mais nous leur avons donné tort. Je suis sûr que la sélection sud-africaine va surprendre, elle aussi.