«L'heure de ma retraite n'a pas encore sonné» Pendant la Coupe du monde de la FIFA, Allemagne 2006, remportée par l'Italie, Andrea Pirlo a été élu Homme du match par le Groupe d'études techniques de la FIFA à trois reprises : au terme de la première sortie des Transalpins dans la compétition contre le Ghana, de la demi-finale face à l'Allemagne et de la finale contre la France. À l'issue de l'épreuve, il a obtenu le Ballon de Bronze Adidas derrière Zinedine Zidane et un autre Italien, Fabio Cannavaro. À quatre années de distance et à deux semaines seulement du coup d'envoi d'Afrique du Sud 2010, FIFA.com a rencontré en exclusivité le milieu de terrain de l'AC Milan qui, à 31 ans, s'apprête avec ses coéquipiers à partir à la défense du titre suprême… Quels souvenirs d'enfant avez-vous de la Coupe du monde de la FIFA ? Il me reste quelques vagues images de Mexique 1986. L'Italie avait été éliminée assez tôt. Je me souviens beaucoup mieux d'Italie 1990. J'en garde des impressions formidables. Il y a eu tellement de moments magiques. L'ambiance dans le pays était extraordinaire. Je me souviens des après-midi et des soirées d'été rythmées par les matches de foot. Avec mes copains, nous vivions dans une complète insouciance. Notre principale préoccupation était de faire la fête et que l'Italie gagne. Malheureusement, nous n'avons pas atteint la finale. C'est l'Allemagne qui a été championne du monde. Seize années après cette désillusion, les enfants et les adolescents de l'époque - la génération née entre 1970 (le deuxième gardien Peruzzi) et 1983 (le milieu de terrain De Rossi) – a pris une revanche éclatante en remportant la Coupe du monde de la FIFA en Allemagne, après avoir battu les hôtes de l'épreuve en demi-finale... Je n'oublierai jamais cette émotion. Le scénario ne pouvait pas être plus beau : gagner à la dernière minute de la prolongation dans un stade rempli de supporters allemands, qui voulaient tant voir leur équipe en finale. Un autre moment crucial dans notre parcours en 2006 a été le penalty converti par Totti contre l'Australie, en huitièmes de finale, à la dernière minute du temps additionnel. Nous jouions à dix depuis le début de la deuxième période. Cette victoire a été pour nous un signe positif pour la suite. Ce que je retiens également de cette Coupe du monde, c'est l'atmosphère magnifique qu'il y avait en dehors des stades. Je souhaite vivement qu'il en soit de même en Afrique du Sud ! Quelles sont les équipes favorites et quel joueur pourrait être le héros de l'édition 2010 ? Je dirais que l'Angleterre, le Brésil et surtout l'Espagne sont un cran au-dessus des autres. Quant aux joueurs, le milieu de terrain espagnol Xavi montre depuis pas mal d'années qu'il est très à l'aise au plus haut niveau. L'Anglais Wayne Rooney, même s'il est encore jeune, est déjà très fort. Ces deux joueurs ont toutes les cartes en main pour emmener leur sélection au bout. Qu'en est-il de l'Italie et des Italiens ? Nous ne faisons pas partie des favoris. Cela ne me dérange absolument pas. C'est bien de se préparer sans avoir la faveur des pronostics. Notre stage est conçu pour que nous arrivions le 14 juin au meilleur de notre forme. L'encadrement technique sait ce qu'il fait et je suis certain qu'il s'est inspiré de la préparation de 2006. La seule différence est que cette année, nous avons dû aller en altitude, comme je l'ai dit. Avant une Coupe du Monde, la fatigue accumulée pendant la saison disparaît complètement. C'est un moment tellement unique à vivre que la fatigue passe au second plan. Quel serait pour vous le joueur indispensable en Afrique du Sud ? J'ai tout fait pour convaincre Alessandro Nesta de revenir en équipe nationale et j'essaierai jusqu'au dernier moment. Malheureusement, ses nombreuses blessures n'ont pas aidé. Ce sont des décisions personnelles et difficiles à prendre, qu'il faut respecter, sans commentaire. En ce qui me concerne, je croise les doigts et j'espère jouer avec l'équipe d'Italie le plus longtemps possible. Le jour de ma retraite n'est pas encore venu.