«Zidane est Algérien, c'est normal de le voir à nos côtés» «Mansouri n'est pas le premier joueur à avoir été sifflé» Homme fort du football algérien et personnalité montante des instances internationales, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua a interrompu ses obligations protocolaires au sein de la FIFA pour l'équipe.fr. Entretien. Mohamed Raouraoua, vous êtes le premier président à avoir qualifié l'Algérie à un Mondial depuis 24 ans. Quel est le secret de votre réussite ? Certainement pas une baguette magique. Cette équipe, je l'ai construite. Lors de mon premier mandat (2001-2005), j'ai constaté que notre football n'était plus capable de produire des joueurs de la trempe de Madjer, Assad ou Belloumi. J'ai donc fait le choix des joueurs professionnels évoluant en Europe. Déjà en 2004, avec Rabah Saâdane, nous avions atteint les quarts de finale de la CAN avec les Ziani et Anthar Yahia. Ce dernier est d'ailleurs le premier cas FIFA de l'histoire. Qu'entendez-vous par cas FIFA ? Je me suis personnellement investi au nom de l'Algérie pour modifier la loi FIFA sur les joueurs possédant la double nationalité et ayant déjà honoré une sélection dans les catégories jeunes. En 2003, j'ai fait repousser la limite jusqu'à 21 ans. Et le 3 juin dernier, sur proposition de l'Algérie et grâce aux pays asiatiques et africains, nous avons aboli la limite d'âge. Nous avons pu ainsi récupérer Meghni et Yebda (champions du monde des moins de 17 ans avec la France). Nous les considérons comme des Algériens à part entière. En Algérie, certaines voix s'élèvent sur la non-présence de joueurs locaux au sein de la sélection. Parmi elles, celle de Rabah Madjer... J'assume ma politique. Hormis la victoire en CAN 90 avec des joueurs locaux de qualité, nous n'avons pas eu de résultats. J'ai fait passer l'Equipe nationale de la 100e place FIFA à la 30e place. Qu'ont-ils à répondre à cela ? Auraient-ils fait mieux ? Ma meilleure réponse à ces gens, ce sont nos résultats. Espérez-vous un jour être à la tête de la CAF (Confédération africaine de football) ? Depuis 1988, Issa Hayatou a réussi un travail remarquable. Et tant qu'il est là, je ne songerai pas à porter ma candidature pour ce poste. Quels sont désormais vos projets ? Grâce aux pouvoirs publics, nous ferons entrer, la saison prochaine, l'Algérie dans l'ère du professionnalisme. Les clubs passeront du statut d'amateur à celui de sociétés par actions. Un million d'euros et deux hectares de terrain au prix d'un dinar symbolique seront octroyés aux équipes qui souhaiteraient se professionnaliser. Lors de la dernière rencontre amicale contre les Emirats arabes unis (1-0), votre capitaine Yazid Mansouri a été chahuté par le public, il a fondu en larmes à la fin de la rencontre... J'ai appris cela. Avant de l'appeler, j'étais avec Michel Platini, qui me disait que les grands joueurs étaient tous sifflés un jour. Je lui ai répété ces paroles, et lui ai apporté mon soutien. Zinédine Zidane assistera à la rencontre Algérie-Slovénie, Etes-vous surpris de son investissement croissant auprès de son pays d'origine ? Qu'il se rapproche de nous, ne nous surprend en rien. C'est même quelque chose de naturel. Il ne faut pas oublier qu'il est algérien. Maintenant, c'est un honneur et une fierté de l'avoir à nos côtés. Nous espérons à l'avenir faire des choses avec lui, en fonction de ses disponibilités.