«La Coupe de l'UNAF serait un beau cadeau de retour» «Au lieu de prier pour moi, certains ont dit que j'étais en prison» Depuis que la nouvelle concernant les supposés problèmes cardiaques dont il souffrirait a été rendue publique, Lazhar Hadj Aïssa s'est muré dans un silence total. Cela fait plus de sept semaines qu'il ne s'exprime plus dans les médias, conservant son téléphone portable constamment éteint. Le plus inquiétant pour les supporters est que cette situation a persisté même après la conférence de presse qu'avait animée Dr Yacine Zerguini et au cours de laquelle il avait été annoncé que Hadj Aïssa était déclaré apte à poursuivre sa carrière de footballeur. Devant cet état de fait, et vu le grand nombre de supporters qui nous ont demandé de leur donner des nouvelles de lui, nous avons jugé utile de nous déplacer jusqu'à Batna, où se trouve la demeure familiale des Hadj Aïssa, pour rencontrer Lazhar. Sa maman nous a offert le dîner avant-hier Son frère, Dr Hamid Hadj Aïssa, s'est montré favorable à notre démarche, même s'il a tenu à nous prévenir qu'il n'était pas certain que nous rencontrions Lazhar du fait que ce dernier n'a pas d'horaires fixes pour ses sorties et ses retours à la maison. Nous avons quand même pris le risque et nous nous sommes déplacés à Batna. Le rendez-vous était pour la soirée de dimanche, au retour de Hamid de l'hôpital de Aïn Touta où il exerce. En cours de route, nous l'avons appelé pour l'informer de notre venue. Il nous a demandé de ramener avec nous Badis, représentant du Comité de supporters. Il a également tenté, en vain, de prévenir son frère de notre arrivée. En revanche, sa maman nous a préparé le dîner, insistant sur le fait que nous étions ses invités. Elle l'avait déjà fait en mars 2006, à l'occasion du match de Coupe d'Algérie ESS-US Biskra. «Nous avons vécu une grande frayeur» Notre arrivée au domicile des Hadj Aïssa a coïncidé avec le début de la diffusion, sur la chaîne A3, de l'émission «Daouri El Mouhtarifin». Le second frère de Lazhar, Mohamed, est arrivé lui aussi et nous avons suivi l'émission en commentant les actions du dernier match de l'Entente face au MCO ainsi qu'en discutant sur la situation du MSP Batna, dont Hamid est le médecin de l'équipe. Le seul moment où le silence a régné dans le salon était lors de la diffusion du compte-rendu sur la conférence de presse animée par Dr Zerguini. La maman a été sans doute la plus heureuse de tous suite à la permission qui a été délivrée à son fils de poursuivre sa carrière de footballeur, surtout qu'il a vécu une grande pression ces dernières semaines. «Nous avons vécu une grande frayeur après l'apparition de ses ennuis cardiaques, mais nous remercions Dieu de ce dénouement et de son retour au football», nous a-t-elle déclaré d'une voix émouvante. Très au fait de l'actualité de l'Entente, un club qui a tant donné à son fils, elle a souhaité beaucoup de succès à l'équipe sétifienne pour son match de jeudi en Libye. Hier matin, nous l'avons déniché chez son ami Smaïl A la fin de l'émission, et vu que la nuit était tombée sans que Lazhar Hadj Aïssa ne soit encore rentré chez lui, nous avons quitté le domicile familial. Badis est rentré à Sétif, accompagné par les prières de maman Hadj Aïssa après le soutien manifesté par les supporters, mais nous avons décidé de passer la nuit à Batna en espérant pouvoir rencontrer le joueur le lendemain. Hier matin, nous avons commencé nos recherches dans les endroits où Hadj Aïssa avait le plus de chances de se trouver. Nous nous attendions à le voir au stade Abdellatif-Chaoui de Batna, où il s'entraîne, paraît-il, tous les jours à midi, mais notre photographe à Batna nous a confié qu'il y avait un endroit où Lazhar se rend très souvent : la pâtisserie de son ami Smaïl. Réticent au départ, il a accepté d'accorder une interview exclusive C'est effectivement là que nous l'avons trouvé. Notre photographe avait pénétré dans la pâtisserie et lui avait dit qu'il était venu pour une interview, mais Hadj Aïssa avait refusé au départ. Ce n'est qu'en apprenant que le journaliste (resté dans la voiture) était celui d'El Heddaf qu'il est sorti lui-même pour le voir. Après avoir demandé de ses nouvelles, nous lui avons proposé de nous accorder une interview afin de mettre un terme aux rumeurs ayant entouré sa longue absence et rassurer les supporters sétifiens qui, en dépit des déclarations du Dr Zerguini, ne sont pas tout à fait rassurés. D'abord réticent, surtout que le harcèlement dont sa famille avait fait l'objet de la part des journalistes l'a écœuré, il a fini par admettre que c'est mieux pour lui de parler, surtout à un organe de presse sérieux. Il a donc accepté de nous accorder un entretien exclusif. Il s'apprêtait à aller s'entraîner en solo Comme il s'apprêtait à se rendre au stade Abdellatif-Chaoui pour s'entraîner - il était sorti de la pâtisserie en étant déjà en tenue -, il nous a demandé de l'y accompagner pour effectuer l'entretien. C'est son ami d'enfance et ancien coéquipier dans les jeunes catégories du MSPB, Oualid Nezzari, qui l'y a conduit. Nezzari a été d'un grand apport psychologique pour Hadj Aïssa ces dernières semaines et il ne l'a pas quitté tout au long de cette épreuve, en dépit de ses obligations avec son club, le NRB Touggourt, qui évolue en division Interrégions. Avant d'aller au stade, Lazhar a parlé à Badis au téléphone pour le remercier d'avoir rendu visite à la famille durant son absence et d'avoir constamment demandé de ses nouvelles. Un match entre copain le jour de l'Aïd Moralement, Hadj Aïssa paraissait bien. Le sourire toujours au coin des lèvres, il a retrouvé sa bonhomie. Son quotidien à Batna se résume aux entraînements et en des rencontres avec les amis d'enfance pour s'aérer les idées. Il nous a même appris qu'il a participé à un petit match avec ses anciens coéquipiers en catégorie juniors le jour de l'Aïd-el-Adha. C'est dire qu'il a retrouvé l'envie de jouer. Son frère Hamid, qui, de par sa fonction de médecin, a contribué à rassurer les parents durant la dure épreuve qu'a traversée le joueur, lance un appel aux supporters afin qu'ils ne perturbent pas Lazhar avec des questions sur la période qu'il vient de passer, les invitant à se tourner vers l'avenir. Un avenir qui commence demain, mercredi, avec la communication téléphonique que le joueur aura avec son président, Abdelhakim Serrar. ---------------------- Hadj Aïssa : «La Coupe de l'UNAF serait un beau cadeau de retour» Comment cela se passe pour vous ? El hamdoullah. L'homme est souvent sujet à des épreuves de la part d'Allah. J'ai vécu cette épreuve avec foi et sérénité jusqu'au bout. Cela fait plusieurs jours que nous vous cherchons, mais vous n'avez pas donné signe de vie. Pourquoi ? Croyez-moi, je n'avais nullement l'intention de m'exprimer devant les médias jusqu'à mon retour à Sétif et l'organisation d'une conférence de presse. Mais du moment que vous êtes venu en personne jusqu'ici à Batna, ce ne serait pas correct de ma part de vous ignorer, surtout que je vous respecte beaucoup du fait que vous me suivez depuis le jour où j'avais signé à l'ESS. Depuis que cette affaire médicale a été rendue publique, je n'ai pas voulu m'exprimer. D'ailleurs, je jure par Dieu que depuis le retour de la sélection nationale de son déplacement à Bangui, c'est la première fois que je m'exprime devant un journaliste. Tout ce qui a été rapporté en mon nom, y compris après mon retour d'Europe, n'est que pure invention. Si j'accepte de vous parler aujourd'hui, c'est parce que ce que vous avez écrit dans votre journal sur mon cas est la version qui se rapproche le plus de la réalité. Commençons par le dénouement heureux et le feu vert que vous avez reçu pour poursuivre votre carrière… Effectivement, le dénouement a été heureux pour moi et pour toute ma famille, sans oublier les milliers de supporters de l'Entente. En dépit de la fatigue et de la tension engendrées par les multiples déplacements en Suisse et en Italie et même si les choses ont traîné un peu, l'essentiel est que le verdict des médecins a été favorable. Toute la famille de l'Entente s'est réjouie des résultats des examens. Comment avez-vous suivi l'actualité de votre club durant cette période ? J'étais resté en contact avec Riad Benchadi. Je sais que les supporters de l'ESS ont été inquiets pour moi. Il y en a même parmi eux qui s'étaient déplacés de Sétif vers le domicile familial à Batna pour demander de mes nouvelles et je les en remercie beaucoup. Parmi ceux-là, il y avait notamment Badis, qui m'avait été d'une grande aide il y a deux ans en étant l'intermédiaire entre le président et moi lorsque je ne voulais plus rester à Al Ittifak d'Arabie Saoudite. Je remercie donc tous ceux qui se sont inquiétés et je leur dis que Hadj Aïssa les salue bien et leur annonce qu'il est de retour à l'Entente de Sétif. Quand s'effectuera ce retour ? Juste après le retour de l'équipe de Libye. Je serai présent au stade du 8-Mai-1945 pour reprendre les entraînements. Des rumeurs avaient circulé, durant votre absence, faisant état de votre supposée colère à l'égard de la direction de l'ESS. Qu'en est-il au juste ? Je suis au courant de ce qui se disait dans la rue sétifienne durant mon absence et même de ce qui était écrit à mon sujet. Chacun chantait sa version. Certains prétendaient que j'avais des problèmes avec la direction. Il y en a même qui ont dit que j'étais en prison ! Vous avez pris connaissance même de cette rumeur ? Oui. Je dis à tous les supporters que ces rumeurs sont infondées. Le seul et unique problème qui a causé mon arrêt est celui de mon cœur, avec la nécessité de multiplier les examens. C'est la durée des examens qui a peut-être semé le doute dans l'esprit de beaucoup de gens. Les gens sont parfois impitoyables et disent n'importe quoi : embêtements avec la direction du club, prison et autres rumeurs. Normalement, conformément à nos valeurs islamiques, ces personnes-là auraient dû prier pour un prompt rétablissement. Je suis convaincu que 99,99 % des supporters de l'ESS avaient prié pour moi, alors qu'une minorité négligeable croit tout savoir et va toujours à contre-courant des choses en lançant des rumeurs pour se convaincre que c'est elle qui détient la vérité. Comment étaient vos rapports avec les joueurs de l'ESS ? Le seul avec qui j'étais en contact était Benchadi, car Dr Zerguini m'avait ordonné de ne parler à aucun élément extérieur et d'éviter les contacts jusqu'à la publication des résultats finaux des examens. J'étais au parfum de l'actualité du club à travers les journaux. Je remercie tous mes coéquipiers qui ont été solidaires avec moi et m'ont dédié leurs buts. Même l'entraîneur Solinas m'avait dédié une victoire. Je sais même que les supporters de l'ESS avaient scandé mon nom pour me souhaiter un prompt rétablissement. C'était durant un match de championnat (contre le MC Saïda, ndlr). Je leurs promets de revenir encore plus fort. Les supporters souhaitent que vous soyez présent ne serait-ce que comme remplaçant lors de la finale retour de la Coupe nord-africaine des vainqueurs de coupe contre En-Nasr de Libye, afin que vous puissiez brandir le trophée comme capitaine. Un commentaire ? Inch'Allah, il en sera ainsi. J'aurais espéré être présent au match aller à Benghazi, mais je suis convaincu que les joueurs réaliseront un bon résultat lors de la finale aller ce jeudi, en souhaitant être sur le banc des remplaçants au match retour. Je remercie mes coéquipiers pour avoir pensé à moi pour soulever la coupe. Le président Serrar a proposé à votre frère de vous envoyer en France afin d'y suivre une remise en forme. Quelle a été votre réponse ? Mon frère m'en a informé, mais je préfère personnellement que mon retour aux entraînements se fasse à Sétif et nulle part ailleurs. Je ne veux pas aller en France. Pourquoi ? Je sais bien que le président a pensé m'envoyer en France afin d'accélérer ma remise en forme physique, mais je suis confiant en la capacité du staff technique de l'ESS à me remettre à niveau rapidement. De plus, j'ai besoin d'une intégration morale au sein du groupe, surtout que mes coéquipiers m'ont beaucoup manqué. Cela sans oublier que d'autres rumeurs pourraient être colportées si je partais en France. Vous êtes en tenue d'entraînement, comment se passe votre programme de remise en forme ? Depuis que j'ai reçu le feu vert pour revenir à la compétition, je suis soumis à un programme d'entraînement axé essentiellement sur l'aspect physique. Chaque jour, je m'adonne à des exercices de musculation dans la salle située dans le stade Abdellatif-Chaoui, puis je fais quelques exercices sur le terrain. Il en sera ainsi jusqu'au retour de l'équipe de Libye. En toute franchise, je comptais retourner à Sétif à la fin de la semaine passée, c'est-à-dire au lendemain de la conférence de presse animée par Dr Zerguini, mais lorsque Benchadi m'a informé que l'Entente allait se déplacer en Libye au lendemain de son match de championnat, j'ai décidé de reporter mon retour et d'attendre le retour de la délégation. Psychologiquement, c'est mauvais de s'entraîner avec l'équipe une fois, puis de couper une semaine de plus. Vous paraissez enthousiaste à l'idée de revenir aux entraînements… Je suis convaincu que je pourrai revenir à la compétition très rapidement. Ce sera la cinquième fois que vous retournerez à l'ESS, après une période d'absence… C'est vrai. Ce retour, après deux mois d'absence, ne constituera pas une première pour moi. Je suis certain que, comme dans les fois passées, je reviendrai mieux que les fois passées. Comment avez-vous vécu votre absence sur le plan psychologique ? Je me suis dit que c'est le destin. Certes, j'ai paniqué au départ, car c'est de ma nature, mais je me suis dit par la suite : «A quelque chose malheur est bon». Si j'avais continué à jouer sans passer les examens, il aurait pu m'arriver quelque chose. Cela aurait pu être pire, en effet… Effectivement. Mieux valait observer un arrêt provisoire plutôt que de jouer la peur au ventre. Là, les choses sont devenues très claires pour moi, même si je ne m'attendais pas à ce que la durée de mon absence soit aussi longue. Quoi qu'il en soit, Hadj Aïssa s'adresse aujourd'hui personnellement à tous les supporters et leur dit qu'il reviendra très fort inch'Allah. Quelles sont les personnes qui vous ont aidé à surmonter cette épreuve ? Il y a en premier lieu Dr Zerguini qui s'est beaucoup démené pour moi, ainsi que hadj Raouraoua qui a beaucoup fait pour que je puisse bénéficier de toutes les facilités pour mes deux déplacements en Suisse et en Italie, afin de passer les examens et qui a même supporté la pression des médias qui lui demandaient sans cesse de mes nouvelles. Je leur promets que je leur revaudrai ça sur le terrain avec la sélection nationale. De même, je revaudrai aux supporters de l'ESS leur soutien à l'occasion des challenges qui attendent le club. En tant que capitaine de l'Entente, vous avez soulevé une Coupe d'Algérie et deux coupes nord-africaines. Pensez-vous en brandir une quatrième ? Je connais le niveau de notre équipe, mais je ne connais pas celui de l'équipe libyenne. Je suis convaincu, toutefois, que mes coéquipiers, à qui revient le mérite d'être arrivés en finale, sauront relever le défi et m'offriront cette coupe qui serait le plus beau cadeau à l'occasion de mon retour à la compétition. Qu'attendez-vous pour la suite de votre carrière ? D'abord, cette Coupe nord-africaine pour l'ESS, qui serait un superbe cadeau. Puis d'autres titres inch'Allah. Quand vous reverra-t-on à Sétif ? Au retour de l'équipe de Libye. Si l'entraînement de la reprise a lieu dimanche, je reviendrai donc dimanche. Si c'est lundi, je serai sur le terrain lundi. Mis à part l'information de votre aptitude à rejouer, quelle a été la plus belle nouvelle que vous ayez reçue ces derniers temps ? C'est bien le maintien de Metref au sein du groupe. En plus d'être un joueur talentueux, il est aussi un vrai fils de bonne famille, très éduqué. Le groupe actuel de l'ESS doit rester uni, car c'est lui qui nous conduira l'année prochaine au sacre en Ligue des champions africaine. Qu'en est-il de la sélection nationale ? A mon retour de mon deuxième déplacement à Zurich, j'ai croisé par hasard le sélectionneur Abdelhak Benchikha à l'aéroport d'Alger. Il m'avait assuré qu'il suivait mon état de santé au quotidien. La présence de mon nom dans la liste des 40 présélectionnés pour le CHAN est la preuve qu'il compte sur moi. De mon côté, je le respecte beaucoup. C'est lui qui, en 2005, m'avait appelé en premier en sélection nationale Espoirs et c'est lui, à présent, qui me fait revenir chez les Verts. Inch'Allah, je justifierai cette confiance lorsqu'il me donnera ma chance sur le terrain. Le fait que vous n'ayez pas contacté Serrar et la direction de l'ESS depuis votre retour d'Europe avait donné lieu à beaucoup de supputations. Quelle en est l'explication ? Je n'ai pas vu la nécessité de contacter la direction parce que les résultats des examens n'étaient pas encore connus. Cependant, je contacterai le président Serrar au téléphone dans les prochains jours. Pourquoi avoir tellement tardé à le faire ? Je voulais être bien sur le plan moral avant de le faire, car j'avais vécu une grande pression psychologique. J'ai voulu régler les choses avec moi-même pour revenir à Sétif dans les meilleures dispositions psychologiques. Donc, vous n'avez aucun problème avec la direction de l'Entente ? Non, aucun. Celui qui prétend le contraire est un menteur. De plus, l'intermédiaire entre la direction et moi n'est autre que mon frère Hamid. Un mot pour conclure ? Je dis aux colporteurs de rumeurs que Dieu existe. Je dirai aussi aux supporters de l'Entente de ne pas s'inquiéter, car les résultats des examens ont été très positifs. Je leur demande de prier pour mon père qui est un peu souffrant. Je les remercie de s'être déplacés jusqu'au domicile familial. D'ailleurs, même mes parents vous apprécient beaucoup. En fin, je salue mes coéquipiers qui se trouvent à Benghazi et leur dis : «Je veux cette coupe !»