«Ma participation au Mondial avec l'Algérie a été la cerise sur le gâteau» «Je ne suis pas encore à 100 % de ma forme, mais je progresse semaine après semaine» De retour sur les terrains après sept mois d'absence, le milieu offensif international algérien de Valenciennes, Foued Kadir, évoque en exclusivité les moments difficiles passés et le bel avenir qu'il espère. La fulgurante progression de Foued Kadir (27 ans) au printemps 2010, avec comme point d'orgue une participation à la Coupe du monde en Afrique du Sud, avait été stoppée brutalement par une rupture des ligaments croisés. Le milieu offensif valenciennois sera écarté des terrains durant sept mois. De retour à la compétition depuis quelques semaines, l'international algérien fait feu de tout bois. Entretien. Foued, pour commencer, une question s'impose : vous êtes heureux de retrouver la compétition de haut niveau ? Bien sûr. Vous savez, pour un compétiteur, sept mois d'arrêt, c'est vraiment long, très long. C'est un immense bonheur de retrouver la Ligue 1 et les sensations du terrain. Et parce que la saison touche à sa fin, j'ai l'intention d'en profiter au maximum. Vous avez été étincelant samedi face au Paris Saint-Germain… Je vous le dis, je me sens très bien. Evidemment, je ne suis pas à 100% de ma forme, mais je sais que je progresse sur tous les plans, chaque semaine. Ce match au Parc des Princes, c'était important pour vous ? (Il coupe.) Pour moi, tous les matchs sont importants. Particulièrement quand mon club se bat pour le maintien. Même si je reconnais que jouer au Parc des Princes, face à une belle équipe de Paris, est toujours une expérience excitante. Nous voulions prendre les trois points, hélas, nous ne les avons pas pris (le PSG s'est imposé 2-1, Ndlr). En fait, depuis votre retour de blessure, vous multipliez les bonnes performances. C'est impressionnant. Face à Sochaux, vous aviez même marqué de la tête. C'est nouveau pour vous ? C'est vrai que ce n'est pas mon point fort, mais je ne travaille pas particulièrement ce domaine. Détrompez-vous, pour marquer des buts de la tête, il ne faut pas être nécessairement grand de taille. Bien sûr, cela aide, mais ce qui compte pour la mettre au fond, c'est d'être idéalement placé à l'arrivée du ballon et avoir une bonne détente verticale. En 2010, vous êtes passé du grand bonheur, en disputant votre première Coupe du monde, au cauchemar, avec cette rupture des ligaments croisés. Comment avez-vous géré un tel coup du sort ? Au début, c'est comme un coup de massue. Mais je suis quelqu'un qui n'abandonne pas facilement. J'ai vite retrouvé mes esprits et j'ai décidé de regarder vers l'avant. Je focalisais sur l'instant de la guérison plus que sur la traversée du désert. Le fait d'avoir connu de bons moments auparavant m'a certainement encouragé à me battre encore plus. Avec l'envie d'en vivre beaucoup d'autres. Avez-vous eu le temps de douter ? Il ne fallait surtout pas se laisser envahir par le doute. On peut y arriver tout seul ? C'est vous qui fournissez les plus gros efforts, évidemment. Mais l'environnement est tellement important. J'ai eu la chance d'être sacrément bien entouré. Mes parents, ma famille, mes amis ont veillé sur moi pendant la période de rééducation. Comme je ne peux oublier le soutien moral de mes coéquipiers de la sélection et celui du staff technique. Valenciennes, justement, a eu un geste fort en prolongeant votre contrat de deux années, alors que vous veniez de vous blesser. Vous avez certainement apprécié… Ce fut une marque de confiance incontestable. Jamais je ne pourrais l'oublier. Cela m'a aidé sans doute à mettre les bouchées doubles pour revenir au plus vite. Cela signifie-t-il que vous ne nourrissez aucune idée de départ à la fin de saison ? (Incisif.) Ecoutez, tout le monde sait que j'ai des ambitions sportives, mais ne comptez pas sur moi pour aborder un tel sujet. Pour le moment, ma seule préoccupation est de participer au maintien de Valenciennes en Ligue 1. Mon objectif immédiat, c'est le match que nous devons jouer contre Rennes, samedi prochain. Le reste viendra en son temps. Cela dit, votre carrière a suivi une progression logique : Cannes, Amiens, Valenciennes… Je suis fier de cette trajectoire. J'ai toujours donné le meilleur de moi-même partout où je suis passé. La récompense a suivi naturellement. J'ai toujours su ce que je voulais et ou je voulais aller. C'est encore vrai aujourd'hui. Et puis, mon père a été présent, toujours là à m'encourager. Cela a beaucoup compté dans mon parcours. Puis, il y eut ce tournant du printemps 2010 : une convocation en équipe d'Algérie, puis, dans la foulée, une titularisation en Coupe du monde, un vrai conte de fées… (Emu.) C'était la cerise sur le gâteau. Vous ne pouvez imaginer combien j'en suis fier aujourd'hui. J'avais tellement rêvé d'un tel scenario : porter le maillot national et le défendre dans une compétition comme la Coupe du monde. C'était un bonheur indescriptible. Si vous deviez garder qu'une seule image de votre premier Mondial, ce serait laquelle ? L'enthousiasme montré par les supporters algériens partout dans le monde après notre match contre l'Angleterre. Les gens étaient tellement heureux, alors que nous avions fait seulement match nul. Mais je pense que l'équipe a contribué à leur rendre une part de leur fierté. Ceux qui vous connaissent bien, amis, parents, coéquipiers, louent votre humilité et votre simplicité. C'est facile de garder les pieds sur terre, quand tout s'emballe dans votre vie ? Pour moi, cela n'a jamais été un problème, car j'ai reçu une bonne éducation. J'ai grandi dans un monde fait de simplicité. Rien ni personne ne me changera. Je sais d'où je viens, comme je suis conscient que la réussite et l'argent peuvent faire tourner les têtes et pervertir. Pour revenir à l'actualité, votre retour en forme va profiter certainement à l'équipe d'Algérie qui a une grosse échéance en juin, vous y pensez ? Je l'espère. Il est sûr que je ferai tout ce qu'il faut pour mériter la confiance qu'on me témoigne. En tous les cas, le sélectionneur Abdelhak Benchikha semble compter sur vous. Cela doit vous faire plaisir, non ? (Enthousiaste.) Bien sûr. Il a pris régulièrement de mes nouvelles pendant ma rééducation et depuis que j'ai retrouvé les terrains. Cela me touche. Pendant la Coupe du monde, et lors des matches qui ont suivi, l'ancien sélectionneur, Rabah Saâdane, vous avait confié le poste de latéral, alors que vous êtes un milieu offensif. Aimeriez-vous revenir aux sources ? (Ferme.) Je ne veux pas répondre à cette question. Je n'ai pas mon mot à dire concernant le poste que décide de me confier un sélectionneur. Je suis prêt à jouer là où mon entraineur me dira de jouer : en attaque, en défense ou dans les buts. Je veux juste être utile au groupe. L'Algérie a régulièrement produit des numéros 10 de haute voltige (Mekhloufi, Belloumi, Saïfi…), vous avez un modèle ? Parce que j'ai eu la chance de le voir jouer, Zidane est ma référence.