Sinik (chanteur franco-algérien) : «Yebda va marquer» Adel Alaoui (acteur franco-marocain) : «Maroc-Algérie, c'est comme un PSG-OM» Alors qu'il rêvait de faire une carrière professionnelle dans le football, Sinik s'est retrouvé dans un autre art : la musique. Il est aujourd'hui l'un des rappeurs les plus doués de sa génération. D'origine algérienne par son père, il n'a jamais caché son soutien au Paris-SG et… à l'équipe nationale d'Algérie. Régulièrement invité sur les plateaux télé pour donner son avis et son ressenti sur l'actualité sportive, Sinik a bien évidemment le regard tourné vers ce Maroc-Algérie qui passionne sur l'autre rive de la Méditerranée. Bientôt en Algérie pour la sortie de son nouvel album, Malsain, cet enfant des Ulis (quartier de naissance de Thierry Henry) se livre sur ce match, ses amitiés avec Yebda et Meghni, et son bonheur de revoir l'Algérie sur le devant de la scène. Entretien Sinik, comment avez-vous vécu le Algérie-Maroc du 27 mars dernier ? Et qu'en avez-vous pensé ? J'étais sur scène, et je n'ai pas pu regarder le match. Je l'ai revu par la suite. C'était un match intéressant, je ne vous cache pas que j'étais content du résultat car j'avais fait pas mal de paris avec des amis marocains. Le football algérien vous a-t-il toujours intéressé ? Oui. C'est vrai que je connais bien Hassen Yebda et Mourad Meghni. J'avais aussi participé au mariage de Nadir Belhadj. J'ai appris à connaître les mecs, je m'y intéresse donc plus naturellement. Après, ce football algérien, il a connu des années difficiles, et là il s'est fait un super coup de pub avec le Mondial. Il faut confirmer ! L'année dernière, vous avez aussi sorti une chanson (Les gladiateurs) en référence à l'épopée des Fennecs. Dans le refrain, vous dites, c'est Yebda qui a marqué. Pourquoi ? (Rires…) Hassen, c'est un pote. On s'appelle de temps en temps. Alors c'était en rapport avec le match de l'Egypte, finalement ce n'est pas lui qui a marqué, mais là j'ai vu qu'il avait marqué face au Maroc. Je me suis juste trompé de match. Pourquoi avoir écrit sur l'Algérie et son football ? Avant tout, je suis d'origine algérienne. Mon père est à 100 pour cent algérien. Il y a eu cet engouement, ce match face à l'Egypte. De voir tous les Algériens de France se retrouver autour d'une même cause, cela m'a forcément inspiré. Les voir se réunir dans les «Chichas », sur les Champs-Elysées ou ailleurs, cela m'a rappelé France 98, mais en version algérienne. C'est bien, car on a aussi le droit de faire la fête et d'être fier de ce qu'on est. L'Algérie, c'est une bonne «vibe». Un pronostic pour ce match du 4 juin… C'est Yebda qui va marquer, le même qu'au match aller, il est en forme et très motivé. Ce que j'aime le plus dans cette équipe d'Algérie, c'est sa mentalité. Ce sont des gens du peuple. Je me retrouve un peu dans eux, par rapport à ma musique. Sur le plan du jeu, comment perçois-tu cette équipe d'Algérie ? Elle a fait beaucoup de progrès. C'est très technique, mais il y a aussi des costauds derrière. C'est une équipe avec des jeunes joueurs, qui sera au top dans 3 ou 4 ans, quand les mecs auront mûri ensemble. Je pense qu'elle est en retrait sur le plan tactique, par rapport aux grandes nations européennes, elle doit s'affirmer dans ce domaine. Et le Maroc ? C'est beaucoup de talents. C'est un peu le miroir de l'équipe d'Algérie. Sur le papier, elle a ce qu'il faut. Il y a des joueurs qui sont des mecs titulaires régulièrement dans les championnats européens. Et puis, il y a Chamakh, le porte-drapeau. Vous êtes un vrai fervent du Paris-SG. Un seul joueur algérien a marqué l'histoire du club, Mustapha Dahleb. C'est peu, non ? C'est vrai qu'il y a beaucoup de paramètres pour y arriver. Comparer au ratio de maghrébins qui jouent au foot en région parisienne, c'est très peu. C'est assez surprenant. Il y en aura d'autres, il faut y croire. Cette équipe algérienne est composée d'une majorité de binationaux. Un thème qui a suscité un chaud débat en France récemment. Quel est votre avis sur ce sujet ? C'est compliqué de choisir, je comprends le dilemme. Maintenant, c'est normal, quand ils sentent les portes fermées en France, qu'ils puissent retourner vers leur pays. Ils sont accueillis les bras ouverts, je trouve que c'est une bonne chose. J'aurais fait exactement la même chose. Plus globalement, j'aime les équipes qui ressemblent à la rue. Je suis pour le multiculturel. Le foot, c'est ça : des Noirs, des Arabes ou des Jaunes. Sinon on se ferait bien c… Adel Alaoui (acteur franco-marocain) : «Maroc-Algérie, c'est comme un PSG-OM» Il a cassé les clichés en France. Alors qu'on retrouvait les Maghrébins plutôt à la plonge qu'à la manœuvre dans les grands restaurants français, Abdel Alaoui, Franco-Marocain de 31 ans, a trouvé la bonne recette. Acteur et cuisinier, sa rubrique gastronomique dans «L'Edition spéciale» sur Canal+ cartonne. Amoureux de la cuisine maghrébine, il espère retrouver les saveurs des plats qu'il cuisine dans ce match au sommet entre l'Algérie et le Maroc. Confidences très décalées. Abdel, êtes-vous pressé d'être ce samedi et de vous brancher sur la rencontre entre le Maroc et l'Algérie ? C'est clair. Je ne veux absolument pas rater cela. Je pars en week-end en Normandie et je me suis arrangé pour que mon hôte ait le câble pour regarder le match. Avez-vous vu le premier entre les deux nations et qu'en avez-vous pensé ? Oui, je l'ai vu. J'ai trouvé cela pas mal. Je m'attendais à ce que le Maroc gagne le match car on a vraiment un effectif talentueux (rires…) ça reste toujours particulier un Maroc-Algérie, c'est comme un Paris-Marseille, ils ne jouent pas vraiment au foot. C'est à celui qui va garder le ballon. Car il ne reste jamais longtemps dans les pieds. Quels sont les joueurs qui vous ont le plus impressionné ? J'ai bien aimé Chamakh. Ce qu'il fait en ce moment dans sa carrière est vraiment intéressant. Kharja est aussi impressionnant, c'est un peu le pilier de l'équipe et il montre l'exemple. Du côté algérien, je trouve que Boudebouz a marqué les esprits. Il est technique et talentueux. Et les réactions en France, entre les deux communautés, comment les avez-vous ressenties ? Il n'y avait pas de pression malsaine. C'était assez cocasse et drôle car les Algériens étaient, eux, persuadés que c'était un grand match de leur part, alors les Marocains se disaient qu'ils avaient mieux joué. La cuisine n'est-elle pas un point commun entre ces deux pays ? Carrément. J'ai d'ailleurs une idée plutôt sympa à soumettre. J'aimerais inviter les deux équipes nationales avant les matches autour d'un plat afin de mieux se connaître. Je suis persuadé qu'on pourrait apaiser les tensions. On pourrait même aller plus loin et faire un repas entre le roi Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, ils pourraient se marrer ensemble et ouvrir les frontières (rires…) Dans ce genre de circonstances, qu'est-ce que vous cuisineriez ? Même si je m'inspire de la cuisine maghrébine, récemment, j'ai fait une recette mi-soupe mi-chorba. Là pour le coup, je ne ferais pas forcément un tajine ou une chorba, mais plutôt une recette thaïlandaise. L'Algérie vous inspire-t-elle ? Comme beaucoup de Marocains, j'aime beaucoup les sitcom algériens, car ils sont de loin les meilleurs du Maghreb. Je trouve cela bien écrit et bien joué. Je suis donc très fidèle à la télé algérienne. Hormis Canal+, travailler sur les télés du Maghreb fait-il partie de vos envies ? J'ai déjà un programme sur la chaîne nationale marocaine avec Kamel le Magicien qui allie cuisine et magie. On invite une personnalité arabe et on lui cuisine un plat de son enfance. On a d'ailleurs, récemment, invité une journaliste algérienne.