«Au Mondial, les joueurs donnaient l'impression de participer à un concours de coiffure» Vous avez pris du recul ces derniers temps ; qu'en est-il au juste ? J'ai pris du recul, car je voulais me reposer. Cela m'a permis de rester près de ma famille et de rendre visite à mes proches. Je me rends parfois au stade pour suivre des rencontres du championnat. Dernièrement, j'étais à Alger et je m'apprêtais à aller voir CRB-USMA, mais je me suis ravisé, car ma présence au stade aurait pu être mal interprétée. En parlant du CRB, comment jugez-vous son parcours ? Les résultats de l'équipe parlent d'eux-mêmes, le CRB est en train de réaliser une très bonne saison. D'ailleurs, la deuxième place qu'il occupe est largement méritée (ndlr : entretien réalisé lundi). C'est le fruit du travail et le mérite revient aussi à Kerbadj, qui a effectué un bon recrutement. Et si l'on parlait de la sélection nationale, que pensez-vous du choix de Halilhodzic ; seriez-vous pour la nomination d'un technicien étranger ou local ? Avant tout, je ne vous cache pas que par le passé, j'étais contre l'idée de confier les destinées de la sélection nationale à un technicien étranger. Mais les choses ont changé avec un autre contexte en sélection. Je pense que la nomination d'un technicien étranger est une bonne chose, surtout qu'il s'agit d'un bon entraîneur comme Halilhodzic. Mais je pense que le problème de l'EN est loin d'être celui de l'entraîneur. c'est quoi le problème alors ? Halilhodzic n'est plus à présenter et je souhaite qu'il réussisse dans sa tâche. Vous savez, je pourrais assimiler son cas à celui d'un grand chef cuisinier qui est habitué à faire des plats à base de caviar et de saumon et à qui on présente des ingrédients pour préparer une chorba. Ce que je veux dire par là, c'est que même s'il s'agit d'un grand chef, il ne pourra préparer que de la chorba. Il faut être réaliste et dire que nous n'avons pas de joueurs de grande qualité pour se mettre à rêver et dire que Halilhodzic va réaliser des miracles. Cet entraîneur ne pourra réussir que des résultats qui reflètent le niveau des joueurs qu'il aura sous sa coupe. J'aimerais bien aussi m'étaler sur cette question d'entraîneur adjoint et je me demande pour quelle raison, par le passé, on a respecté le choix des entraîneurs qui se sont succédé à la tête de la sélection, lorsqu'ils ont refusé d'être secondés. Mais maintenant, on veut associer à Halilhodzic un autre technicien et on tient à ce qu'il soit secondé. Il faut juste avoir le courage de se poser la question suivante : que pourra apporter cet entraîneur adjoint qu'on veut à tout prix nommer ? Vous remettez donc en cause la qualité des joueurs pour expliquer les piètres performances de l'EN… Il ne faut pas se voiler la face et dire que nous avons de bons joueurs. La lourde défaite que nous avons concédée au Maroc m'a fait vraiment mal, mais vous n'avez qu'à voir la qualité de l'effectif du Maroc et le nôtre pour se rendre compte que la différence est de taille. On pouvait, certes, éviter de prendre une raclée, mais le Maroc avait tous les atouts pour nous battre. Les joueurs de la sélection marocaine évoluent dans de bonnes équipes en Europe, contrairement aux nôtres qui ne sont même pas titulaires dans des équipes modestes de surcroît. Les joueurs doivent se remettre en cause et ne pas oublier qu'ils représentent toute une nation. Ils ne sont pas en train de rendre service à l'Algérie, mais c'est l'Algérie qui leur a rendu service. Une fois, j'ai vu un joueur se présenter en jean chez un haut responsable de l'Etat pour recevoir un trophée. C'est honteux, on doit respecter son statut de joueur international, à partir du moment où on représente l'Algérie, pas sa propre personne. Ce genre de choses doit changer, et les joueurs doivent beaucoup plus penser à représenter dignement l'Algérie. Un mot sur le joueur local qui est marginalisé ? En sélection, il faut prendre les meilleurs joueurs, peu importe qu'il s soient issus du championnat national ou européen. A mon avis et sur l'ensemble des deux rencontres que l'Algérie a jouées face au Maroc, Lemmouchia a été le meilleur joueur sur le terrain qui évolue dans le championnat national. Certains pensent que l'Algérie manque d'un meneur de jeu… Dans le football moderne, on ne parle plus de meneur de jeu, et ceux qui continuent à parler de meneur de jeu sont dépassés d'une décennie. Est-ce qu'on parle au Barca, Manchester United ou au Real Madrid d'un meneur ? Pourtant, ce sont les meilleures équipes au monde. Et puis en sélection, il y a un joueur qui garde trop le ballon et qu'on assimile à un meneur de jeu. Soit le joueur est indiscipliné sur le plan tactique soit il y a une anarchie sur le terrain. Quelle est donc la solution à votre avis ? A mon avis, il faut bâtir la sélection sur des bases solides, laisser le temps nécessaire à l'entraîneur pour travailler et éviter d'avoir des ambitions démesurées, car au risque de me répéter, nous n'avons pas des joueurs de grande qualité pour se mettre à rêver. Je suis de nature optimiste et je crois au travail, c'est pour cette raison qu'il faut laisser Halilhodzic travailler, car il ne peut réaliser que les résultats qui reflètent le niveau de l'équipe.