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Bettadj : «J'ai fait du taxi clandestin pour nourrir ma famille»
Publié dans Le Buteur le 08 - 04 - 2010

«A Tlemcen ou en Equipe nationale, tout le monde m'a lâché, personne
n'a demandé de mes nouvelles ou pris la peine au moins de me téléphoner pour me remonter le moral»
Nous savons que vous avez traversé une période difficile et on veut tout d'abord vous demander des nouvelles sur votre état de santé. Vous donnez l'impression d'être guéri, est-ce le cas ?
Tout d'abord, je vous remercie pour cette visite et je remercie Le Buteur de s'être soucié de mon état de santé. Pour revenir à votre question, je dirai que mon état de santé s'est beaucoup amélioré. Après avoir souffert de la maladie pendant plus d'une décennie, j'ai récupéré mes moyens et j'ai d'ailleurs arrêté de prendre les médicaments sur demande du médecin, après dix ans de traitement pour une dépression nerveuse.
Qu'en est-il de votre situation sociale ?
Malheureusement, rien ne va de ce côté-là. Je ne vous apprendrai rien si je vous disais que ma situation est très difficile. Mon avenir et celui de ma petite famille semblent obscurs, je n'ai pas de travail ni aucune autre source de revenus pour subvenir à nos besoins depuis 1999, année où j'ai arrêté ma carrière avec le WAT. Je souffre beaucoup depuis ce temps-là et le fait de penser que je ne peux assurer l'avenir de ma fille me fait énormément de mal.
Comment faîtes-vous pour faire vivre votre famille, sachant que vous ne travaillez pas ?
Difficilement. J'ai la chance d'avoir mon père qui possède une petite boutique qui me permet d'assurer le strict nécessaire.
Est-il vrai que vous avez travaillé comme taxi clandestin ?
Tout à fait, j'étais obligé de le faire.
Mais où est parti tout l'argent que vous avez gagné dans votre carrière entre le WAT, l'US Chaouia et l'Equipe nationale. Avez-vous joué sans contrepartie ?
C'est une question récurrente, mais tout le monde doit savoir que Bettadj jouait pour les couleurs nationales et pour le football qu'il aimait par dessus tout. De plus, à mon époque, à la fin des années 80 jusqu'à la fin des années 90, il n'y avait pas beaucoup d'argent qui circulait, comme c'est le cas aujourd'hui. Surtout pour moi qui ai choisi de rester fidèle à l'équipe de ma ville. Cela dit, je dois accepter mon sort.
Vous avez joué pour l'US Chaouia avec laquelle vous avez gagné le titre lors de la saison 93/94. Le président de l'époque, Abdelmadjid Yahi, est connu pour être le premier responsable en Algérie à avoir commencé à octroyer des primes mirobolantes pour ses recrues. Avec le titre à la clef, on imagine que vous avez dû bénéficier d'une somme importante, n'est-ce pas ?
J'ai joué avec Dahleb à l'US Chaouia avec laquelle nous avons gagné le titre. Mais contrairement à ce que vous pouvez imaginer, je n'ai pas tiré profit sur le plan financier. Je n'ai pas joué beaucoup de matchs à cause de la maladie dont je souffrais depuis 1993. Et ma carrière a été trop courte, j'ai arrêté le foot, alors que je n'avais pas encore 30 ans.
A quand remonte cette maladie ?
C'était en 1992 lors de notre déplacement au Nigeria pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde avec l'Equipe nationale dirigée alors par Mehdaoui et Ighil. C'est là que j'ai chopé cette maladie. L'erreur que j'ai commise, c'est de m'être contenté du vaccin sans les comprimés qu'il fallait prendre avant et après chaque déplacement en Afrique. Ce qui m'a coûté cher, mon état de santé s'est détérioré depuis mon retour du Nigeria. Beaucoup de choses ont été dites à mon sujet, comme par exemple le fait que j'avais été victime du gri-gri. Mais la vérité, c'est que le déplacement en Afrique provoquait de la pression sur mes nerfs. Je me souviens de ce match au Mali où l'entraîneur Mehdaoui a été victime d'une agression. Ce jour-là, nous avons trouvé nos vestiaires dans un état lamentable, de la boisson alcoolisée, et un homme maculé de sang se roulait par terre. C'était une scène bizarre.
Vous dites que vous souffrez de la maladie depuis ce déplacement à Nigeria, mais vous aviez repris la compétition et joué encore durant plusieurs années le plus normalement du monde, que s'est-il passé ?
N'ayant pas pris les comprimés, j'ai été victime du paludisme et j'étais alité durant un mois. J'ai repris la compétition par la suite et joué durant des années, mais je n'étais pas au top de ma forme. Même si les gens étaient satisfaits de mon rendement, moi je ne l'étais pas, car je pouvais faire mieux, ma maladie m'en empêchait. Avec du recul, je dirai que je n'ai joué que six ans avec la plénitude de mes moyens. C'était lors de l'année 1987, celle de ma promotion en équipe première du WAT jusqu'en 1993, date de notre rencontre contre le Nigeria. Par la suite, je jouais à 60% de mes moyens. Idem pour l'Equipe nationale. J'ai débuté en force avec Kermali et j'ai persévéré ensuite avec Mehdaoui et Ighil. Mais ce n'était plus la même chose après ce match du Nigeria. Je ne pouvais plus fournir beaucoup d'efforts comme avant.
Cela a duré jusqu'en 1999 où vous avez été victime d'une dépression nerveuse. Comment en êtes-vous arrivé jusque-là ?
J'ai subi une dépression sévère lors des premières journées de la saison 1999/2000. J'ai joué dix matchs seulement, avant d'avoir cette dépression dont j'ignore l'origine. Je crois que c'est à cause de la maladie et les responsabilités qui pesaient sur mes épaules en tant que capitaine d'équipe. J'ai toujours fait en sorte de tenir le rôle d'intermédiaire entre les joueurs et l'administration en essayant de régler les problèmes de manière à préserver l'intérêt du club.
Nous voulons savoir exactement l'origine de cette dépression ?
Je n'étais pas serein lors de la période des préparations et cela s'est poursuivi jusqu'à la rencontre que nous avons perdue contre le Mouloudia sur notre terrain (1-2). C'était mon dernier match, car c'est à partir de là que j'ai commencé à devenir dépressif. Je restais à la maison et j'ai été obligé de mettre un terme à ma carrière.
Qu'en est-il des soins ?
J'étais sous traitement pendant dix ans et je n'ai arrêté de prendre montraitement il y a deux années de cela. Je suis guéri et j'ai repris l'activité en m'entraînant parfois. J'avais pris beaucoup de poids à cause des médicaments, mais actuellement, j'ai retrouvé ma morphologie.
Avez-vous trouvé de l'aide quelque part ?
C'était difficile, d'autant plus que tout le monde m'a laissé tombé. Ni les responsables du WAT ni ceux de l'Equipe nationale et encore moins de la fédération ne m'ont soutenu jusqu'à ce jour. Croyez-moi, aucun responsable n'a pris la peine de m'appeler au moins au téléphone pour me remonter le moral. Ma situation alimentait les discussions ici à Tlemcen, mais je n'ai rien vu de concret. Et tout ce qui a été dit concernant une soi-disant aide dont j'aurais bénéficié n'était que paroles en l'air. Ce qui m'a fait très mal. J'ai sacrifié ma jeunesse et ma santé pour l'équipe, j'ai joué avec le cœur pour défendre les couleurs nationales et voilà comment on me récompense.
Et quelle a été la position de vos anciens camarades au WAT et en EN ?
En sélection, il n'y a que Mourad Slatni qui m'appelait pour demander de mes nouvelles, sans oublier Hamenad qui ne rate jamais l'occasion de me rendre visite, à chaque qu'il était de passage pour un match à Tlemcen. Les autres n'ont pas demandé après moi. Au Widad, ceux qui m'ont soutenu se comptent sur les doigts d'une main, parmi eux Kendouci et les autres que je ne peux pas tous citer. Mais ma déception est totale par rapport à certains joueurs avec qui j'ai partagé ma carrière. Ils m'ont lâché comme si je n'avais jamais joué avec eux. Ce n'est pas la peine de me demander les noms, ils se reconnaîtront d'eux-mêmes.
Et comment vous êtes arrivé à vous en sortir de cette période difficile ?
Grâce à mes parents, mon cousin Fayçal, mon ami Kara et certains de mes amis qui m'ont soutenu jusqu'à ce que ma situation s'améliore.
Doit-on comprendre que lorsque vous avez mis un terme à votre carrière en 1999, vous ne possédiez plus rien, même pas une réserve dans la banque ?
Malheureusement, je n'avais plus rien.
N'avez-vous pas pensé à assurer votre avenir, comme le font tous les autres joueurs ?
Non, je ne l'ai pas fait. Je pensais beaucoup plus à l'intérêt du WAT qu'au mien. Je ne songeais qu'à la réussite du club, alors que certains joueurs, sans les citer, n'hésitaient pas à faire du chantage. A chaque fois qu'il y avait un match important, ils refusaient de jouer avant d'être payés. Alors que moi j'intervenais toujours pour calmer les esprits et réconcilier les joueurs avec l'administration, aux dépens de mes propres intérêts.
Il paraît que le logement que vous occupez avec votre famille ne vous a pas été octroyé par les dirigeants du WAT, contrairement à ce que prétendent ces derniers...
Oui, je paie les charges de ce logement sans l'aide de quiconque. Croyez-moi, c'est comme si je n'avais jamais joué au foot.
Si vous reveniez en arrière, auriez-vous agi autrement, au point même de quitter le WAT?
Avant toute chose, j'aurais tenté de décrocher un contrat professionnel. Je crois que j'avais les qualités requises pour le faire, tout le monde parlait de Bettadj au début des années 90. J'étais vraiment doué, sans rien devoir à personne. J'avais reçu des offres intéressantes, mais je n'étais pas chaud à l'idée de m'éloigner de Tlemcen. J'ai accepté à la fin des années 90 de signer à Beja, en Tunisie, mais je n'étais resté là-bas que quatre mois avant de rentrer, d'autant plus que je ne me sentais pas bien.
Vous espérez donc de l'aide...
Je crois que ma situation est claire et à travers cette interview, tout le monde en saura plus sur ma situation. Je crois que l'Amicale des joueurs que préside Ali Fergani peut me donner un coup de main. Elle est venue en aide à certains anciens joueurs, mais elle n'a pas demandé de mes nouvelles au jour d'aujourd'hui. J'attends un signe de sa part.
L'Amicale compte organiser des matchs galas pour dix joueurs qui se trouvent dans la même situation que la vôtre. Croyez-vous que l'organisation d'un jubilé avec neuf autres joueurs et les retombées financières que cela pourrait engendrer est le genre d'aide dont vous avez besoin actuellement ?
Croyez-moi, une telle initiative ne pourrait que me réconforter et me remonter le moral. Je saurai au moins que les gens ainsi que les responsables n'ont pas oublié ce que j'ai donné au WAT et au football algérien. Bettadj a besoin du soutien des responsables au niveau de la FAF aussi, puisque j'ai porté les couleurs nationales dans les catégories juniors, Espoirs et en EN A entre 1990 et 1998. Je demande aux responsables de la FAF, de l'Amicale et de la wilaya de Tlemcen de se pencher sur mon cas.
Le jubilé sera une occasion de revoir certains amis que la maladie a éloignés de vous. Y a-t-il un joueur en particulier que vous aimeriez rencontrer ?
Il y a quelqu'un qui me manque beaucoup et avec qui je veux me rappeler les souvenir qu'on a partagés ensemble dans les différentes sélections nationales, c'est Tchico Meftah. Je lui ai toujours adressé mes salutations par l'intermédiaire de Hamenad et j'espère le revoir prochainement. J'espère rencontrer aussi Amani, Serrar, Osmani, Adjas, Megharia et les autres qui étaient avec moi en Equipe nationale à l'époque de Kermali ou celle de Mehdaoui et Ighil, comme Dziri, Zekri et les autres. J'entretenais de bonnes relations avec tout le monde. Je souhaite la présence de tout ce monde à mon jubilé sans oublier le grand entraîneur, Meziane Ighil. J'ai regrette tout ce qu'il lui est arrivé, mais je suis heureux qu'il s'en soit sorti.
Revenons à votre expérience avec les Verts. Vous n'avez participé à aucune phase finale de la Coupe d'Afrique, pourquoi ?
En 1990, j'étais avec le groupe, avant que Kermali ne barre mon nom avec celui de Boudjelti à la dernière minute. Mais je suis revenu en force en faisait partie du groupe qui a gagné la Coupe afro-asiatique. La blessure m'a privé du tournoi du Sénégal à Ziguinchor. Avec Ighil et Mehdaoui, on a été privés injustement de la CAN en Tunisie à cause de l'affaire Karouf qui a brisé une génération singulière de joueurs. Madjer m'a ignoré, avant de revenir avec Fergani et le défunt Abdelouahab. Je participais régulièrement jusqu'au dernier match au Gabon où Fergani nous a annoncé que ce sont les mêmes joueurs qui iront en Afrique du Sud. Mais j'étais surpris d'apprendre, une fois rentré à Alger, que je ne faisais plus partie du groupe avec Kherris. J'étais vraiment déçu, non pas parce que Fergani ne nous a pas convoqués, mais parce qu'il nous a préférés des joueurs blessés.
Pouvez-vous nous donner les noms ?
Il n'y a aucun intérêt à les évoquer maintenant, ce sont deux joueurs plâtrés qui se sont déplacés en Afrique du Sud. Le plus étonnant, c'est qu'il y avait un quatrième gardien qui a accompagné Hamenad, Haniched et Acimi à notre place.
Et la CAN 1998 au Burkina-Faso ?
Même si j'ai participé à tous les matchs des éliminatoires, Mehdaoui m'a rayé de sa liste. Cela dit, je n'ai pas pu apporter à l'Equipe nationale ce qui était attendu de moi. Je n'ai pas réussi à montrer avec les Verts le niveau que j'avais atteint au WAT. Le meilleur souvenir que je garde reste la rencontre amicale jouée au stade 5-Juillet en 1990, contre les Espoirs anglais, avec leurs futures stars. C'était un jour pluvieux, j'avais joué aux côtés de Cherif El Ouazzani, Amani et H'raoui. J'avais réalisé également un grand match contre le Sénégal à Constantine, au point où Claude Leroy n'avait pas tari d'éloges sur moi. Je m'étais aussi illustré contre le Cameroun de Roger Mila et plein d'autres joueurs de renom. J'étais dans une période faste de ma carrière, avant de sombrer à cause de ma maladie.
Comment qualifiez-vous la génération avec laquelle vous avez joué dans les années 90 et dont les fleurons ont pour noms Dziri, Dahleb, Lounici, pour ne citer que ceux-là ?
C'est une génération parmi les meilleures qu'a connues le football algérien, mais qui a été victime de situation douloureuse, lors de la décennie noire. Comme tout le peuple algérien, nous avons souffert durant cette période. Nous avons connu beaucoup de difficultés. Je me souviens qu'il nous arrivait d'être en stage pour préparer un match avant de recevoir une correspondance nous apprenant que ledit match avait été annulé pour un problème de sécurité. Je me souviens également de cette peur qui nous accompagnait dans chaque déplacement aux quatre coins du pays. Lorsque l'avion atterrissait par exemple à Batna ou Constantine à la tombée de la nuit, pour rallier une autre ville à l'est, on avait vraiment peur de tomber sur des faux barrages.
C'était pénible pour vous, n'est-ce pas ?
Absolument. Tout le monde sait que le côté psychologique est important pour le joueur puisqu'il est le plus exposé à la pression. On était comme tout le peuple algérien sous le choc à cause du terrorisme. Untel est assassiné, un carnage dans telle ville, une usine brûlée, tel était le quotidien de tous les Algériens. Lors de la période de 90 à 98 où j'ai porté les couleurs nationales, on ne parlait que des attentats. Chaque joueur nous rapportait ce qui se passait dans sa région. Plusieurs joueurs et même des clubs sont tombés dans des faux barrages comme le WAT.
Comment ça ?
C'était lors de notre retour d'Alger, après la fin d'un match. L'avion a atterri à 22h00 à l'aéroport d'Essenia, à Oran. On a insisté pour passer la nuit là-bas, mais les dirigeants ont refusé à cause d'un problème financier. On est rentrés par route et lorsqu'on est arrivés à Zenata, on a aperçu une voiture blanche dont les vitres étaient ouvertes et il y avait dedans des individus barbus avec des kalachnikovs. On a eu la peur de notre vie. On est passés sans problèmes sans qu'ils nous arrêtent. On s'est demandé pourquoi ils nous ont laissé passés, peut-être qu'ils étaient en train de préparer un coup. La peur nous poursuivait dans chaque déplacement, même lors de la saison que j'ai passée à l'US Chaouia.
Cette génération aurait pu réaliser beaucoup de choses dans des conditions meilleurs n'est-ce pas ?
Absolument. Tout le monde reconnaît que la génération des années 90 était exceptionnelle. Des joueurs de haut niveau qui évoluaient tous en Algérie, à l'exception de Moussa Saïb qui était à Auxerre, avant que Tasfaout ne le rejoigne. Malheureusement, l'affaire Karouf a tout ruiné.
Actuellement, c'est tout à fait le contraire avec une EN constituée essentiellement de joueurs émigrés…
C'est logique, vu la régression du niveau du joueur local, que se soit sur le plan technique ou même sur le plan moral. Compter sur les joueurs formés dans les centres de formation français est une nécessité dictée par les données qu'on a déjà évoquées. La qualification de l'Algérie au Mondial a poussé le sélectionneur à jouer la carte des émigrés qui ont montré un bon niveau et, surtout, leur amour pour les couleurs nationales.
Vous rendez-vous au stade pour voir les matchs du WAT ?
Non, parce que le stade est devenu un lieu de déshonneur. Ce qui s'est passé lors de la dernière rencontre de l'EN contre la Serbie au stade du 5 juillet en est une preuve. D'un autre côté, je ne peux me déplacer au stade, car je ne peux pas supporter de voir les responsables du WAT qui m'ont lâché, alors qu'ils savent pertinemment que je suis dans le besoin. Ce sont des gens pas du tout ambitieux, c'est à cause d'eux que le WAT n'a pas réalisé le moindre exploit, alors qu'il y avait d'excellentes générations, celle des années 90 notamment. Je ne dirai pas qu'ils prennent l'argent du club, car je ne possède aucune preuve.
Que pensez-vous des joueurs du cru actuellement ?
Il y a de bons joueurs comme Djabou, Ghezzali Djallit et Yahia-Cherif. La qualité en Algérie, ce n'est pas ce qui manque, les moyens aussi existent, mais le problème réside dans la gestion. Les joueurs locaux souffrent de la mauvaise gestion de leur club.
Quels sont les meilleurs moments de votre carrière ?
La Coupe arabe qu'on a gagnée en Arabie Saoudite. C'est un exploit que des clubs comme la JSK, le CRB et l'USMAn n'ont pas réussi. L'ESS l'a remportée deux fois de suite, mais avec un système de compétition différent. Nous, on a joué en Arabie Saoudite et battu l'équipe locale en finale. Le MCO a gagné de son côté la Coupe arabe des vainqueurs de coupes, mais pas celle des champions comme nous. Ma joie était double, car on a fait plaisir à un peuple entier dans une période difficile. A Tlemcen par exemple, tout le monde est sorti dans la rue pour fêter cette consécration.
Que regrettez-vous le plus ?
Ce que j'ai dit à nos dirigeants, à savoir que j'ai joué une seule saison à l'US Chaouia où j'ai gagné le titre de champion, alors que je n'ai rien gagné pendant 13 ans à Tlemcen. Cela me fait mal au cœur, car on avait les moyens pour récolter plusieurs titres. Avec la génération qu'on possédait, on pouvait dominer le championnat pour cinq ans au moins. Le Mouloudia prend quatre buts chez nous, même chose pour l'USMA, alors que la JSK prenait trois buts. Les entraîneurs déclaraient à l'époque qu'ils se déplaceraient à Tlemcen pour limiter les dégâts. Allik a dit à nos dirigeants en 1996, à la fin d'un match que nous avions remporté 3 à 1 : «Donnez-moi votre équipe, je vous donnerai notre public à Bologhine.» En 1992, à l'époque où Bahmane était entraîneur, on avait cinq points d'avance sur le poursuivant, mais en fin de compte, nous avions raté le titre remporté alors par le MCO.
Maintenant que vous êtes guéri, allez-vous retrouver le monde du foot ?
Peut-être. Je m'apprête à passer un stage d'entraîneur sous l'égide de la FAF. J'ai aussi comme projet de créer une équipe de futsal. J'espère revenir progressivement dans le monde du football.
Que diriez-vous à la fin ?
Je demande aux supporters de soutenir le sélectionneur national, Rabah Saâdane. C'est tout le monde qui se transforme en entraîneur, à la veille d'un tournoi continental ou international. N'est-ce pas lui qui nous a conduits au Mondial ? Nous ne devons pas nous retourner contre lui à cause d'une défaite dans un match amical contre la Serbie. Je souhaite une révolution dans le football algérien et un changement de mentalité. Cela ne se produira que par une révolution dans la gestion, comme c'était le cas lors de la réforme sportive.


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