L'Albiceleste, ou l'éloge du vide tactique. Le Costa Rica crée la sensation ! Sur une autre planète avec le Football Club de Barcelone, Lionel Messi, l'esthète argentin de 24 ans double Ballon d'Or en titre, connaît toujours les pires difficultés à exprimer son talent avec l'Albiceleste. Sifflé lors du dernier match de Copa America face à la Colombie par ses propres supporters, l'ailier du Barça semble avoir touché le fond en sélection, mais est-il vraiment le premier responsable de cet échec? Toujours attendu au tournant avec sa sélection, Messi voyait déjà l'arrivée de la Copa America comme une véritable aubaine pour enfin montrer ses qualités hors-Catalogne. Auteur en 2010-2011 d'une saison pharaonique avec Barcelone, avec à son actif 53 buts et 28 passes décisives en 55 matches, l'ailier n'a pas encore fait oublier aux supporter argentins sa Coupe du Monde décevante où il participa à l'humiliation des siens par la Manschaft de Low en quart de finale 4-0. Exit Diego Maradona, joueur adulé mais sélectionneur critiqué pour ses carences tactiques, pour être remplacé au pied levé par Sergio Batista, censé apporter la cohésion manquante à une génération dorée. Sauf que depuis son intronisation en Juillet dernier, la formation n'a pas encore montré ce que l'on est en droit d'attendre d'elle sur le long terme, du jeu. Pire, les deux premiers matches de cette Copa America se sont révélés être d'un tristesse rarement vue dans le pays double champion du Monde en 1978 et 1986, tant l'équipe approche du néant tactiquement. Avec deux matches nuls en deux rencontres face à la Bolivie et la Colombie, l'Argentine est actuellement lynché par la presse et ses supporters. À la convergence des multiples critiques entourant l'Albiceleste se trouve un homme, Lionel Messi. --------------------------------------------------- L'Albiceleste, ou l'éloge du vide tactique Couplable de ne pas se montrer aussi resplendissant qu'avec la tunique Blaugrana, l'Argentin est-il réellement dépendant de la présence de Xavi et d'Iniesta à ses côtés? Si la question mérite d'être posée, tant ces deux meneurs influent sur le jeu du Barça, confondre les performances double Ballon d'Or à leur simple présence sur un terrain, semble un brin réducteur pour un garçon qui a prouvé au fil des saisons qu'il est un footballeur à part. Non, la véritable différence entre est deux équipes est simple. D'un côté, Messi est un joueur à part entière d'un collectif parfaitement huilé où sa place est clairement définie, de l'autre il est le génie censé porter son équipe à bout de bras, aux antipodes de ce qu'il est au Barça, et ce, en dépit de ses statistiques hors du commun qu'il présente chez les Blaugranas. Mais Lionel Messi, aussi fort soit-il, ne peut pas tout faire dans une équipe, ce que ne semblent pas encore comprendre les sélectionneurs Albicelestes. Positionné avant-centre depuis le début de la Copa America, l'attaquant argentin, orphelin d'un milieu créant le lien entre la défense et l'attaque, se voit constamment dans l'obligation de redescendre au milieu de terrain pour venir récupérer les ballons et relancer le jeu de son équipe, désertant son véritable poste pour récupérer un rôle qui n'est pas le sien, et perdant en outre de sa lucidité à chacune de ses virées vers le rond central, comme cela avait déjà été par exemple le cas durant la Coupe du Monde, où il fut presque positionné comme milieu axial face à l'Allemagne. Milieu axial ou attaquant ? S'il apparaît peut-être facile de réduire les tristes performances de l'Argentin à cette défaillance stratégique, qu'en serait-il si le joueur était seulement cantonné à son rôle d'attaquant, délaissant la tâche de la construction à un meneur de formation? Il est évident que le milieu de terrain instauré par Batista n'incite pas à la construction, réunissant deux récupérateur que sont Mascherano et Cambiasso, accompagnés d'un milieu relayeur qu'est Banega. Qu'en serait-il si, par exemple, le sélectionneur avait pour idée de mettre un vrai numéro 10, capable de créer le lien entre ces deux zones de jeu ? Ce joueur, il l'a en la personne de Javier Pastore, mais l'ancien coach de Godoy Cruz, dans la droite lignée de la philosophie domenechienne, semble préférer conserver un milieu solide, à défault d'être davantage créateur. En outre, la présence d'un Aguero aux côtés de Messi pourrait permettre à ce dernier de délaisser ce rôle au joueur de l'Atlético Madrid, conservant ainsi une plus grande lucidité lors des phases offensives. Le facteur mental pourrait aussi entrer en considération dans les difficultés du Barcelonais, si souvent comparé au Dieu Maradona, mais il ne semble pas être la cause principale d'un joueur avant-tout surexploité en sélection sud-américaine. Un joueur surexploité en sélection Si rien ne dit, bien évidemment, que l'absurdité tactique de l'Albiceleste depuis plusieurs années, est la source des problèmes de l'esthète argentin, nul doute qu'une utilisation plus judicieuse de ce dernier le rendrait bien plus précieux pour sa formation, s'épargnant au passage le véritable fardeau du joueur censé porter à bout de bras une sélection qui, pourtant, ne manque pas d'éléments de classe pour l'épauler. Au bord du gouffre, la bande à Lionel Messi, hôtes de la compétition, devront s'imposer pour leur troisième et dernier match de groupe face au Costa-Rica, afin de ne pas connaître l'humiliation suprême d'une élimination au premier tour, qui se révèlerait pour le coup absolument dévastatrice pour la sélection 14 fois vainqueur de la Copa America. Les tensions perçues dans le vestiaire argentin à la fin du match face à la Colombie réveillerons-t-elles un groupe jusqu'à présent amorphe ? Réponse mardi 11 juillet, à 1h45 (heure algérienne). -------------------------------------------------------- Le Costa Rica crée la sensation ! Enorme surprise à Jujuy. Au terme d'un match fou, le Costa Rica a battu la Bolivie jeudi soir (2-0) et a pris la deuxième place du groupe A. C'est une surprise car l'équipe centre-américaine est composée en majorité de joueurs de moins de 22 ans, puisque la sélection A a disputé la Gold Cup le mois dernier. La rencontre fut quelconque durant une heure, avant de basculer. Les Ticos trouvaient d'abord l'ouverture par J. Martinez, qui reprenait une frappe de Guevara repoussée par Arias, le gardien bolivien (60e). Dix minutes plus tard, le Bolivien Rivero était expulsé après une main dans la surface (71e). Le penalty de Guevara était repoussé deux fois par Arias. Flores, pour s'être essuyé les crampons sur un visage costaricien, prenait lui aussi un rouge (77e). A 9 contre 11, les Boliviens encaissaient un deuxième but par Campbell (79e), à la conclusion d'un contre fulgurant. Les Ticos auraient pu corser l'addition, mais ont heurté deux fois le cadre sur des coups francs (la transversale pour Campbell à la 66e, le poteau pour Guzman à la 79e). Les protégés de Ricardo La Volpe, qui ont rendu hommage à leur compatriote Dennis Marshall, international costaricien décédé en juin dans un accident de la route, comptent désormais trois points. Ils sont derrière la Colombie (4) mais devant l'Argentine (2) et la Bolivie (1), après deux journées. Ils rencontreront l'Argentine pour le dernier match du groupe. Une rencontre qui sent la poudre.