Le cas Ziani :«Même Maradona, je ne le prends pas s'il ne me plaît pas» Avec Vahid Halilhodzic, les conférences de presse se suivent sans se ressembler. Hier encore, le sélectionneur national y est allé de son show où informations et révélations se mêlaient à l'humour, à la gestuelle et à la démonstration. Cette fois-ci, il avait de la «matière» pour argumenter puisqu'il y a eu un match joué à Dar Es-Salaam face à la Tanzanie qui a charrié un grand lot d'enseignements. Celui qui aura lieu dimanche contre la République centrafricaine est annoncé comme très important pour Halilhodzic à plusieurs égards. «C'est comme un match de qualification pour la Coupe du monde» «Pour moi, ce sera comme un match de qualification pour la Coupe du monde», a lancé solennellement le coach. Il l'a répété à plusieurs reprises, histoire qu'on saisisse bien son message et que les joueurs le saisissent aussi. Comment un banal match de qualification, qui n'a pas d'enjeu clair pour les Verts et qui ne présente aucun intérêt du point de vue comptable, peut-il valoir une confrontation de qualification pour un Mondial ? L'explication a fusé de la bouche de Halilhodzic, sèche et sans complaisance : «Le football algérien est en deuxième division, il ne faut pas qu'il tombe en troisième.» Et de répéter ce qu'il avait révélé au Buteur dans l'interview qu'il lui avait accordée à Lille : «Si la sélection gagne, il y aura un regain d'espoir avec une courbe ascendante. En revanche, s'il y a une défaite, l'équipe risque de sombrer et il lui sera difficile de se relever avec des joueurs démoralisés.» «Chaque joueur doit gagner sa place pour décembre» Autre raison invoquée pour souligner l'importance de ce match : l'obligation faite aux joueurs de gagner leurs places. «Ce sera aussi un match de qualification pour les joueurs. Chacun devra montrer qu'il mérite d'être présent dans le groupe restreint qui sera composé en décembre», a-t-il laissé entendre. Il a beaucoup insisté sur le projet de la nouvelle équipe, qu'il dit constituer «après avoir essayé le plus de joueurs possible». Il a dit disposer d'une liste de «40 joueurs sélectionnables qui seront tous supervisés, avant de revenir à un groupe plus restreint de 25 joueurs». «Le match de Tanzanie était venu à un moment délicat» Avec du recul, il trouve des circonstances atténuantes aux joueurs quant à leur rendement face à la Tanzanie. «Ce match-là était venu à un moment délicat. Il y avait le marché des transferts, les blessures, un manque de préparation pour certains. De plus, Ramadhan a laissé des traces. A chaque fois, les joueurs étaient battus en vitesse. Il y avait un manque flagrant sur le plan physique. Là, pour ce stage, je n'ai que trois jours et c'est insuffisant. On n'a pas le temps d'améliorer le travail physique», regrette-il. Il a expliqué le contenu de la première journée du stage qui s'est résumé en un décrassage : «Nous avons scindé les joueurs en trois groupes, suivant qu'ils aient joué vendredi, samedi ou dimanche. Il y avait un programme spécifique.» «Contre les Centrafricains, l'objectif sera de gagner, gagner, gagner !» En somme, le sélectionneur ne s'est pas montré tout à fait déçu de la prestation fournie en Tanzanie. Tout en se disant «moyennement satisfait du résultat», il a trouvé que «les joueurs ont donné le maximum de ce qu'ils avaient, en dépit de leur manque sur le plan physique». Cela n'est néanmoins pas suffisant pour lui. «Contre les Centrafricains, l'objectif sera de gagner, gagner, gagner ! Cela doit constituer l'objectif dans tous les matches que l'équipe jouera. A chaque mauvais résultat, les joueurs invoquent un tas d'excuses : l'entraîneur, la pelouse, l'arbitre, le climat… Personne d'entre eux ne se remet en cause. Il faut en finir avec cette mentalité.» «Je veux un plus grand volume de jeu, plus de passes et du jeu vers l'avant» Justement, le grand défi que se donne Halilhodzic est de faire changer aux joueurs leur mentalité dans le jeu. «Ils jouent sur leurs qualités sans chercher à s'améliorer pour donner plus. Ils le font par habitude, parce qu'on ne leur a pas appris à jouer autrement, plus rapidement. Moi, je veux changer leur conception du jeu. Je veux de chacun un plus grand volume de jeu, une participation à toutes les tâches, qu'elles soient offensives ou défensives, plus de passes, du jeu vers l'avant. C'est comme ça que l'équipe s'améliorera et aura un meilleur rendement», a-t-il expliqué. «J'avais dit aux joueurs de me prévenir quand ils sont blessés» Pour ce match, il vient de rappeler Saâd Tedjar et Mohamed Hachoud à la dernière minute. La cause était claire : défection de deux joueurs convoqués. «Il y a deux joueurs (Mohamed-Rabie Meftah et Medhi Lacen, ndlr) qui ont été blessés. J'avais dit à tous les joueurs de me prévenir lorsqu'ils sont blessés et c'est ainsi que j'ai appris, avant même la venue de ces deux joueurs, qu'ils l'étaient.» Il a résumé en une phrase l'objectif recherché à travers la rencontre de dimanche prochaine face à la République centrafricaine : «C'est un match pour sortir de la morosité et de la spirale négative.» ----------- Le cas Ziani : «Même Maradona, je ne le prendrais pas s'il ne me plait pas» L'absence de Karim Ziani de la liste des convoqués a été, comme attendu, l'un des points évoqués lors de la conférence de presse animée par Halilhodzic, même si ce dernier s'est montré agacé que ce cas soit encore une fois mis sur le tapis. Cela dit, ses explications ont été les mêmes que celles qu'il avaient données aux envoyés spéciaux du Buteur à Lille le jour où la liste des convoqués avait été rendue publique. «Il paraît que même au gouvernement, on a parlé de ça !» «Vous m'étonnez ! J'aurais aimé parler football. Je comprends votre question car c'est ce qui vous intéresse depuis le premier jour. Apparemment, cette question soulève une grande polémique. Il paraît que même au gouvernement, on a parlé de ça ! Cela dit, à chacun son boulot», a-t-il lâché pour exprimer sa surprise quant à l'ampleur qu'a pris son choix de ne pas convoquer Ziani pour le match face à la République centrafricaine. «Il a eu un déchirement fessier qui a réduit son rendement» Le coach persiste à clamer que Ziani n'est pas complètement remis d'une blessure. «Il a eu un déchirement fessier et cela réduit son rendement. Oui, je l'ai vu jouer deux matches dernièrement, mais même s'il était le meilleur du monde, j'ai pris ma décision et je ne reviendrai pas dessus», a-t-il martelé. «Le match de la Tanzanie m'a ouvert les yeux sur les qualités physiques du footballeur algérien. Karim était légèrement blessé. D'ailleurs, aucun des joueurs de l'équipe n'était à plus de 50 % de ses capacités et c'est une honte !», a-t-il constaté. «Ziani n'est pas banni» Il a insisté sur un point : «Ziani n'est pas banni. Aucun joueur ne l'est. Lors du dernier match, il était le capitaine et il avait fait un très bon match. Je l'ai sorti pour faire entrer un autre attaquant car je voulais gagner ce match. Cependant, il n'y a aucun problème avec lui. S'il joue bien, il sera là. S'il n'est pas bon, il ne sera pas là. J'ai l'impression que lorsque je parle, vous ne m'écoutez pas. J'ai bien dit qu'aucun joueur algérien ne jouera à coup sûr. Aucun joueur n'est titulaire indiscutable, où qu'il joue. Ce n'est pas parce qu'il a fait un bon match il y a deux ou trois ans qu'il a sa place de gagnée.» «Je veux donner leur chance à d'autres joueurs» Et d'enfoncer le clou pour montrer qu'il est le seul patron : «Je ne suis pas là pour faire plaisir à certains. Je suis là pour faire gagner l'équipe. Je vais donner leur chance à d'autres joueurs. Chez moi, il n'y a pas de titulaires indiscutables. En Côte d'Ivoire, j'ai écarté des stars. Même Maradona, je ne le prendrais pas s'il ne me plait pas. L'équipe algérienne de football n'appartient à personne. Ce n'est pas une propriété privée. Il n'y a aucun problème avec Ziani. Comme je ne connaissais pas bien les joueurs, j'ai fait jouer les anciens, mais là, j'ai une liste de 40 joueurs sélectionnables. Je veux les voir à l'œuvre et les découvrir, pas seulement sur le côté footballistique, mais aussi sur un plan humain.» «Contre la Tanzanie, Karim n'a pas transmis les ballons rapidement» Plus loin dans la conférence, il a révélé indirectement pourquoi il vaut essayer d'autres joueurs : «Lors du match face à la Tanzanie, Karim avait le rôle de meneur, mais un peu sur la gauche. Il n'a pas transmis les ballons assez rapidement. Je cherche des joueurs rapides, capables de projeter le jeu rapidement vers l'avant. Il me faut essayer d'autres joueurs dans mon organisation de jeu. Djabou a de grandes qualités, mais il faut que je voie s'il pourra se fondre dans le style de jeu que je veux imposer à l'équipe.» Au passage, Halilhdozic donne l'exemple de Rafik Halliche, «un joueur qui a été important ces dernières années, mais que je ne peux pas convoquer car il faut penser au présent, pas au passé».