«Le public algérien est magnifique.» Aligné d'entrée de jeu avant-hier face à la République centrafricaine, Abdelkader Ghezzal avait à cœur de s'illustrer et surtout de marquer à nouveau sous le maillot vert. En effet, le dernier but en sélection de l'actuel sociétaire de Cesena remonte désormais à deux ans. Une longue période pour un attaquant de pointe, qui a de quoi laisser planer quelques doutes sur ses réelles qualités de buteur. Cette fois encore, Ghezzal n'a malheureusement pas réussi à chasser la poisse et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé, puisque le joueur a tout donné durant les 72' qu'il a passées sur le terrain, mais en vain. Pourrions-nous néanmoins juger la prestation du joueur au cours de ce match uniquement sur ses ratés et sur son manque d'adresse face aux buts ? «Certainement pas», explique Halilhodzic. Certes, l'ancien attaquant de Sienne n'a pas secoué les filets, mais de l'avis de tous, il a fourni une excellente prestation. Tactiquement, le joueur a été énorme. Par ses déboulés à gauche et à droite, ses multitudes d'appels en profondeur et sa force physique, Ghezzal a eu le mérite de fatiguer l'arrière garde centrafricaine et surtout de créer de nombreux espaces pour ses partenaires, Kadir, Yebda ou Matmour. Est-ce suffisant pour un attaquant ? Evidemment non, puisque marquer des buts est la tâche principale d'un attaquant de pointe. Face à un adversaire plutôt faible, «Kapsoula», comme aiment à l'appeler les supporters algériens, devait sur une ou deux actions se montrer robuste et surtout efficace. On pourra toujours l'excuser, lui qui revient petit à petit à son niveau, après une précédente saison catastrophique avec Bari et un début de championnat cette saison assez compliqué avec Cesena, notamment à cause d'une préparation d'intersaison perturbée. Le sélectionneur l'a farouchement défendu à l'issue du match Lors de la conférence de presse d'après-match, le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, connu pour son franc parler et surtout pour son intransigeance en ce qui concerne le rendement de ses joueurs, n'a pas manqué néanmoins de souligner l'excellent match sur le plan technico-tactique de Ghezzal. «Il n'a pas été efficace, certes, mais il a réalisé un grand match. Il s'est comporté comme un vrai lion sur le terrain, courant à gauche et à droite pour aider ses coéquipiers et contribuer au succès de l'équipe. Malheureusement, il lui a manqué cette dernière touche face aux buts adverses. Cela dit, je reste satisfait de sa prestation» a soutenu le patron de la barre technique des Verts. Il faut dire que Vahid espérait beaucoup que Ghezzal soit récompensé de ses efforts pour qu'il retrouve ainsi confiance en soi et répondre aux attentes des supporters algériens qui attendent impatiemment de le voir marquer de nouveau. En Angola, Vahid avait déjà loué ses mérites Les supporters algériens se rappellent certainement de la belle victoire arrachée par le onze national lors de la CAN 2010 en Angola face à la redoutable sélection de Côte d'ivoire en quart de finale. Héroïques ce soir-là, les joueurs algériens ont surpris plus d'un en éliminant l'un des favoris de la compétition. Au terme du match, en conférence de presse, Vahid Halilhodzic, alors coach des Eléphants, n'a pas retenu les noms des buteurs algériens au cours de ce match qui ont été Matmour, Bougherra et Bouazza, mais bien le nom de… Abdelkader Ghezzal ! En effet, ce soir-là, l'ancien entraîneur du PSG avait tenu à souligner l'énorme prestation du numéro 9 des Verts, affirmant que celui-ci avait «pesé énormément sur la défense de son équipe et que par ses nombreux appels, il avait réussi à libérer beaucoup d'espaces aux attaquants algériens». Il n'a pas hésité à le qualifier «d'élément clé dans cette victoire acquise par les Fennecs». Tout cela démontre qu'en dépit de son inefficacité, Ghezzal restera, du moins pour un bon moment, un joueur important dans l'échiquier du coach bosnien. Du statut de mal aimé, à celui de…coqueluche des supporters ! Après cette CAN 2010 justement, et aussi le Mondial qui s'en est suivi, Ghezzal a essuyé de sévères critiques de la part de certains spécialistes de la balle ronde nationale, et surtout des supporters qui n'arrivaient pas à supporter son manque criant d'efficacité au cours de ces deux grandes compétitions (Il n'avait réussi à marquer aucun but). Lors de l'aventure sud-africaine, on a surtout reproché à Ghezzal son expulsion face à la Slovénie, suite à une faute de main impardonnable qu'il avait commise et qui avait entraîné la défaite de l'équipe en fin de match. Le joueur a fait l'objet par la suite de moqueries des Algériens, sur Internet notamment. Une situation qui fut très difficile pour lui. Dans les stades, les fans le conspuaient constamment après ses ratés. Toutefois, avant-hier, à l'occasion de ce match face à la RCA, la tendance s'est complètement inversée. Du statut de mal aimé, il est devenu comme par enchantement la coqueluche des fans du 5-juillet qui, tout au long du match, n'ont pas cessé de l'encourager et scander son nom. Cela a énormément fait plaisir au joueur qui n'a pas manqué de saluer et remercier les fans pour leur soutien. Maintenant, il ne lui reste qu'à marquer face à la Tunisie en novembre prochain pour devenir l'idole incontestée des fans. «Le public algérien est magnifique» Approché en fin de match, Abdelkader Ghezzal a accepté de nous livrer ses impressions sur cette victoire acquise face à la République centrafricaine et surtout sur l'accueil royal dont il a bénéficié de la part des supporters du 5-juillet. «Sincèrement, les encouragements des supporters à mon égard m'ont énormément fait plaisir. Ils m'ont remonté le moral et m'ont permis de jouer à fond. Même lorsque j'ai raté des occasions, ils continuaient néanmoins à scander mon nom. Vraiment, le public algérien est le meilleur de tous. C'est un public magnifique… magnifique…magnifique !» «Je n'ai pas marqué, mais l'essentiel était la victoire» «Je pense avoir bien tenu mon rôle. Je me suis créé quelques occasions de buts, avec l'aide de mes partenaires, mais malheureusement, je n'ai pas pu marquer. Cela dit, ce n'est pas ça le plus important. Le plus essentiel est que l'équipe ait gagné» a affirmé le joueur avant de nous quitter précipitamment et de monter dans le bus. Il faut dire que le joueur n'a pas voulu trop tarder avec les journalistes, histoire d'éviter les questions déplaisantes.