«Recevoir mon trophée des mains de Cheikh Saâdane m'a fait vraiment plaisir» Foued Kadir est un rêveur. Non pas qu'il soit tête en l'air, comme pourraient le croire certains, mais c'est juste qu'il a l'honnête ambition d'enchaîner les caps comme il le fait si bien depuis quelques années. «Je suis passé par tous les niveaux amateurs. Je ne me suis fixé aucune limite. Aujourd'hui, quand je rentre sur le terrain, ce n'est que du bonheur !», assure le natif de Martigues qui nous a dessiné les contours de son futur club qu'il voit grand avec un grand «G» du style Olympique de Marseille dont il rêve comme tout bon footballeur du «Sud» qui se respecte. Confidences ! Foued Kadir, vous assistez pour la toute première fois à la cérémonie du Ballon d'Or Le Buteur-El Heddaf, que retiendrez-vous de cette soirée ? (Ravi) Mon trophée d'abord ! Ça a été une surprise. Je ne m'y attendais pas. J'ai été déjà ravi d'être là, de voir du monde. Les moments étaient très conviviaux. Ce qui fait que mon trophée a été, disons, la cerise sur le gâteau.
Allez, vous vous en doutiez un peu… (Rires) Du tout…
Qu'est-ce cela représente pour vous ? C'est une récompense pour mon travail. C'est toujours gratifiant d'être reconnu pour ses prestations. Cela m'a fait d'autant plus plaisir que ce soit cheikh Saâdane qui me l'a remis. Comme je l'ai dit tout à l'heure sur la scène, c'est lui qui m'a lancé en Equipe Nationale. Donc si je suis ici ce soir, c'est en grande partie grâce à lui.
Rabah Saâdane a dit dans son allocution vous avoir découvert lors du dernier match de la saison 2010, face à Monaco ; il s'en est fallu de très peu finalement pour que vous intégriez la sélection… Absolument. Je me souviens qu'il était venu me voir à Monaco. Nous avions perdu ce jour-là, mais j'avais quand même sorti une belle prestation avec à la clé une passe décisive. Nous avions mangé ensemble à la fin du match et il m'avait assuré qu'il était content de moi. Il m'avait, je m'en souviens, répété que j'avais les qualités pour rejoindre le groupe des 23 qui allait jouer le Mondial.
Le trophée, vous le dédiez à qui ? A mon papa, tout simplement. Il me suit depuis que je suis petit. C'est le seul qui a vraiment cru en moi, même lorsque moi-même je n'y croyais pas trop (rires). Alors si j'en suis là aujourd'hui, c'est aussi grâce à lui. Je lui dois vraiment beaucoup.
Il y a eu ce soir Fabio Cannavaro, vous auriez espéré Zidane à sa place ? Oui. Cannavaro est un grand champion aussi, mais Zidane reste le numéro 1. On parle aujourd'hui de Ronaldo, Messi… ce sont, certes, des phénomènes, mais Zidane restera toujours Zidane.
Ryad Boudebouz a été élu onzième Ballon d'Or Le Buteur-El Heddaf, vous y attendiez-vous ? Il ne l'a pas volé ! Je suis ravi pour lui, d'autant que c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup.
La concurrence pour ce onzième Ballon d'Or a été ardue cette année encore, en quoi Ryad Boudebouz est-il différent des autres concurrents ? Oui. C'est un joueur exceptionnel. Je le vois jouer tous les week-ends dans le championnat de France. Comme je l'ai dit, il ne l'a pas volé. Au regard de ses qualités qu'on connaît tous du reste, et de ce qu'il montre depuis trois années, c'est amplement mérité. Bravo à lui !
Vous êtes personnellement sur une courbe ascendante depuis deux ans, vous voyez-vous un jour à sa place ? (Il réfléchit…) C'est le travail qui paye. On verra bien. Si je le mérite, je l'aurai peut-être un jour. Si c'est Ryad (Boudebouz, ndlr) ou un autre …bah, ça lui reviendra de droit comme aujourd'hui. Le plus méritant de nous tous l'aura. Ça se passe comme ça. On accepte tous les règles du jeu. Après, que chacun fasse en sorte d'être le plus méritant à l'arrivée.
Qu'est-ce qu'il vous a manqué pour l'avoir cette année ? Je ne sais pas. Je sais par contre que je dois continuer à bosser pour l'avoir. (Rires). Continuer à marquer des buts en club et en sélection. C'est important.
Marquer des buts, cette phrase, on vous a entendu la répéter, c'est une obsession ? Pas une obsession, non. Avant, c'est vrai que je n'y pensais pas trop. Je travaillais plus la dernière passe. J'aime faire marquer aussi, mais c'est vrai, aujourd'hui je travaille beaucoup sur ça.
Kadir, vous portez bien votre nom. En l'espace de deux ans, vous avez été capable de débarquer en sélection, de jouer un Mondial et d'en devenir l'un des joueurs clés et un rouage important de Valenciennes, un bout du chemin est fait ? Je ne me suis fixé aucune limite. Je regarde toujours devant. J'ai pas mal bossé ces deux dernières années. Après, comme vous dites, ce n'est qu'un bout du chemin. Je vois toujours aussi grand. J'aspire à réaliser une grande saison avec Valenciennes pour passer un cap. Je pense qu'il est temps de rejoindre un grand club.
Quel sera le meilleur club pour vous ? Il n'y a pas de club en particulier, même si je suis assez attaché à l'OM. Après, je n'ai pas de modèle, l'essentiel est que ça me permette de passer un cap.
L'OM, c'est plus un fantasme, un rêve ? Qui ne rêve pas de Marseille ! C'est un club qui fait rêver, surtout quand on est originaire du Sud comme moi.
On vous sait discret, si vous en parlez aujourd'hui, serait-ce par ce qu'il y a quelque chose qui se trame dans les coulisses ? Nooon, pas du tout ! J'ai dit ça juste comme ça. Puisqu'on évoquait des clubs qui font rêver, j'ai sorti Marseille, parce que ça me fait rêver, effectivement.
Rester en France ou partir à l'étranger ? Pas obligatoirement. Là aussi, je ne me fixe pas de frontières. Si je dois jouer à l'étranger, ça me fera une nouvelle expérience. A partir du moment où je passe un cap, quel que soit le club ou le pays, je serai partant.
Si vous deviez choisir un des quatre championnats majeurs d'Europe, Allemagne, Angleterre, Espagne ou Italie ? (Tout de go) Plutôt l'Espagne. C'est un championnat qui me correspond. On y pratique un football très rapide à une touche de balle. C'est très technique. J'aime bien ce style de jeu, donc s'il fallait faire un choix, ce sera l'Espagne, sans hésiter.
Peut-on assurer d'ores et déjà que c'est votre dernière saison à Valenciennes ? Je l'espère. Il me reste encore un an de contrat là-bas, mais j'espère vraiment partir en fin de saison.
En beauté ? Je l'espère.
Valenciennes joue et séduit, mais ne quitte toujours pas le bas du tableau, que lui manque-t-il ? On manque un peu de régularité. On est capables de sortir un gros match cette semaine et la semaine d'après, on la prend en plein dedans ! Comme face à Toulouse le week-end dernier. (2-0). Il va falloir essayer de rectifier ça. Faire la meilleure saison possible individuellement et collectivement. Ainsi, je pourrai partir tout en laissant le club au plus haut niveau.