«J'ai été content pour les victoires de l'Algérie» Les Algériens de Montréal sont venus en très grand nombre samedi après-midi à la patinoire de l'aréna Henri-Bourassa, située dans le quartier Nord, pour rencontrer Zinédine Zidane. La star du football mondial était accompagnée par son hôte, l'Algérien Ahcene Adlani, ancien joueur du MOC, originaire de la ville d'Azzaba, mais aussi de nombreuses personnalités politiques locales, dont le maire de Montréal-Nord, M Parent. L'accueil était des plus chaleureux dans ce quartier réservé aux Haïtiens qui ont vu un des leurs se faire blesser par un policier lors des troubles qui ont eu lieu il y a à peine deux semaines. Le service de police a été renforcé pour l'occasion, tellement la situation restait tendue. Zidane ému d'entendre les «one, two, three, viva l'Algérie !» Mais la venue de la star mondiale de football a réuni toutes les communautés dans la joie et la convivialité. Zidane était heureux d'aller à la rencontre de ses admirateurs de toutes origines qui scandaient tous son nom et portaient des maillots des équipes pour lesquelles il avait joué. Dès qu'il a fait son apparition, Zinédine Zidane a été accueilli par les youyous des femmes présentes et les «one, two, three, viva l'Algérie !» Un moment magique qui a fortement ému le Kabyle qui regardait avec admiration ses compatriotes pendant de longues secondes. Ce qui a beaucoup plu aux présents qui ne voulaient plus se taire dès lors. Le large sourire arboré par Zidane voulait sans doute dire toute sa reconnaissance aux Algériens où qu'ils se trouvent de lui témoigner autant d'affection, autant d'amour. C'était vraiment un moment magique ! Zidane : «Lorsqu'on regarde mon parcours, on peut croire que ça a été facile pour moi dans la vie, mais j'ai aussi souffert comme vous dans mon quartier» Lorsqu'on lui a donné la parole, Zinédine n'a pas caché son «bonheur d'être à Montréal, parmi vous. Moi aussi je suis issu d'un quartier défavorisé comme vous. Mais je me suis accroché et j'ai cru à fond dans la vie. J'ai cru aux miens. C'est vrai que si on regarde mon parcours aujourd'hui, on a envie de se dire que ça a été facile pour moi dans la vie, mais en vrai, ça n'a jamais été facile. Ça a même été parfois très difficile. J'ai aussi souffert comme vous dans mon quartier à Marseille. Seulement, j'ai tenu bon, j'ai essayé de m'accrocher et de ne rien lâcher. Quand on a envie de faire quelque chose, on y arrive souvent et vous aussi vous pouvez vous en sortir, malgré tout ce que vous endurez aujourd'hui», a-t-il déclaré à la foule en délire. Il a signé même sur le drapeau algérien ! Par la suite, les organisateurs ont donné le micro aux jeunes afin de poser quelques questions à leur idole. C'est ainsi que Zidane est revenu brièvement sur la Coupe du monde 98 qu'il considère comme le moment le plus fort de sa carrière. «Lorsque j'ai soulevé la coupe, c'était mon rêve d'enfance qui se réalisait. Je crois que c'était l'instant le plus fort de toute ma carrière», a-t-il confié dans une ambiance qui devenait de plus en plus incontrôlable. C'est ce qui a poussé le service de sécurité à décider d'écourter la visite de la star mondiale et s'éclipser, mais non sans s'être dirigé vers ses admirateurs qui lui tendaient qui des «chandails » comme on qualifie ici les maillots, qui des ballons, mais aussi des drapeaux de l'Algérie pour les signer. D'ailleurs, à suivre son parcours dans la foule, on voyait avec plaisir Zidane se diriger plus souvent là où il y avait des drapeaux algériens et ceux représentant la Kabylie. La frustration des nombreuses personnes qui n'ont pu avoir de dédicace était très perceptible, même si tout le monde pouvait comprendre la situation. Il faut dire que dehors, il y avait presque autant de monde qu'à l'intérieur de la salle. «Monsieur Zidane, voudriez-vous un jour entraîner la sélection d'Algérie ?» Peu avant de rencontrer les jeunes du quartier Nord de Montréal, Zinédine Zidane a animé une courte conférence de presse, à la demande des nombreux journalistes canadiens, durant laquelle il est revenu sur l'événement majeur, objet de sa visite au Canada, mais aussi sur son parcours en tant que joueur. Il ne fallait pas s'attendre à des révélations dans cet échange. Mais une question a arraché un large sourire à la star mondiale. Celle-ci provenant d'un journaliste malien qui lui a demandé : «Monsieur Zidane, voudriez-vous un jour entraîner la sélection d'Algérie ?» Les journalistes canadiens qui ne connaissent rien de la rivalité qui anime Algériens et Français sur l'appartenance de Zinédine Zidane ne comprenaient pas le brouhaha créé aussitôt dans la petite salle. Mais en seigneur qu'il est, Zidane, avec un très large sourire et sa timidité légendaire, répond : «Cela fait longtemps que j'ai décidé de ne pas devenir entraîneur. Ce métier n'est pas pour moi. Je ne serai donc pas le sélectionneur de l'équipe d'Algérie, ni celui d'aucune autre équipe. C'est un choix que j'ai fait depuis longtemps», a-t-il répondu. Adlani savoure en silence sa victoire sur ses détracteurs Zidane s'en alla par la suite rejoindre la foule en délire qui l'attendait depuis quelques heures et avec laquelle il passera des moments inoubliables, surtout pour ceux qui ont pu l'immortaliser par une photo ou un autographe. Même après le départ de Zidane, les fans de l'Algérien continuaient à savourer cette rencontre par des chants bien de chez nous. Dehors, les policiers qui s'attendaient à un débordement en étaient les premiers ravis. Ils prenaient des photos avec les citoyens d'origine algérienne qui leur tendaient fièrement les drapeaux de leur pays d'origine. La communion était parfaite entre les uns et les autres et la fête était réussie. Dans son coin de voiture, Ahcene Adlani savourait en silence son immense victoire sur ses nombreux détracteurs. Il venait de les faire taire et de quelle manière. L'Algérien a réussi à calmer les tensions entre la police et les jeunes de ce quartier défavorisé. Et dire qu'on craignait le pire, notamment avec l'approche du jugement du policier qui avait ouvert le feu sur ce jeune d'origine haïtienne, il y a de cela deux semaines. Quelle victoire pour l'enfant d'Azzaba ! De notre envoyé spécial au Canada : Nacym Djender Le terrain trop grand pour Zizou Trois ans après avoir pris sa retraite, le héros est fatigué... Zinédine Zidane a reconnu samedi à Montréal avoir de plus en plus de mal à jouer sur un terrain normal. L'ancien champion du monde est actuellement en tournée d'exhibition au Canada. «Cette tournée, je la fais avec grand plaisir, mais je pense que ça sera l'une des dernières sur un terrain normal», a déclaré Zizou. «Un terrain réduit, je peux encore me débrouiller. Un terrain normal, ça demande beaucoup d'efforts et c'est vrai que c'est assez frustrant», a-t-il dit, répondant «ça se voit», à un journaliste qui lui demandait s'il avait perdu de sa forme physique. La tournée baptisée «Zidane et ses amis» («Zidane and friends») a déjà fait halte à Toronto et doit encore passer par Vancouver, après l'étape montréalaise. Zidane a rencontré samedi des jeunes d'un quartier défavorisé du nord de la ville où ont eu lieu des émeutes l'été dernier. «Le message que j'ai envie de faire passer c'est de leur dire que tout est possible, qu'il faut juste croire en ses rêves. Moi, j'ai cru aux miens», a-t-il dit en rappelant qu'il a lui-même grandi dans des quartiers difficiles de Marseille. «Très content» pour l'Algérie Zidane s'est aussi félicité des performances de l'équipe d'Algérie, son pays d'origine. «Je suis très content de la position de l'équipe d'Algérie. Pour la première fois (NDLR : depuis 1986), ils sont tous près de se qualifier à la Coupe du monde et ce serait formidable pour le foot algérien», a-t-il dit. Après trois matches joués, l'Algérie est en tête du Groupe C des qualifications de la zone Afrique, devant la Zambie, le Rwanda et l'Egypte, ces deux nations comptant un match en moins. Eto'o renforcera l'équipe de Zidane L'ancien capitaine de l'équipe de France de football championne du monde 1998, Zinédine Zidane, est au Canada cette semaine pour une série de rencontres exhibition dont une partie des recettes sera versée à l'Unicef. La tournée de "Zidane et ses amis devait commencer jeudi soir à Toronto et se poursuivra dimanche à Montréal et le 4 juillet à Vancouver. «Je crois que c'est l'endroit rêvé pour passer du temps en famille et être plutôt tranquille», a dit jeudi l'ex-milieu international français d'origine algérienne à Radio-Canada, même s'il a été accueilli par des fans en délire à l'aéroport de Montréal. A Toronto, Zidane s'est même permis de visiter la ville en bus. «En Europe, c'est juste pas possible», a-t-il renchéri en se réjouissant de «ces petits moments sympas.» A Vancouver, l'équipe de Zidane, 37 ans, l'un des plus grands joueurs de tous les temps, recevra du renfort de l'attaquant camerounais du FC Barcelone, Samuel Eto'o. A Montréal, Zidane doit d'ailleurs rencontrer samedi des jeunes d'un quartier défavorisé du Nord de la ville, où ont eu lieu des émeutes l'été dernier. «Je veux leur dire qu'on peut s'en sortir, à tous les niveaux», a-t-il indiqué à Radio-Canada.