Cuenca : «A ce que je sache, je n'ai aucune descendance algérienne» Un soleil rayonnant planait sur Barcelone en cette journée du 29 décembre 2001, jour du match entre la sélection de Catalogne constellée de stars et l'équipe nationale tunisienne qui préparait la Coupe d'Afrique des nations. Officiellement qualifiée de simple match gala, cette confrontation annuelle des sélections catalane et basque a une forte connotation politique. Au moins une fois par an, les Catalans et les Basques vont au stade pour supporter «leur» équipe nationale. Un sentiment de fierté partagé par les joueurs qui sacrifient trois jours de leurs vacances de fin d'année pour défendre les couleurs de leur nation. L'hôtel Catalonia Plaza fermé aux étrangers Catalogne-Tunisie était donc un match gala très spécial pour tous les Catalans. Nous l'avons vérifié de visu lorsque nous avons débarqué à l'hôtel Catalonia Plaza, un établissement 4 étoiles au cœur de Barcelone où la sélection catalane était mise au vert. Il fallait jouer des coudes pour pouvoir se frayer un chemin au milieu d'une foule de supporters venue saluer, voire «voler» un autographe des mains des héros du Barça, mais aussi de l'Espanyol et de Tarragona qui, ce jour-là, défendaient tous ensemble les rayures rouges et jaunes représentant l'emblème catalan, l'un des plus anciens d'Europe. A l'entrée de l'hôtel, il nous fallait non seulement présenter notre carte de presse, mais aussi expliquer l'objet de notre présence. «Oui, l'attaché de presse nous a déjà informés que vous aviez rendez-vous avec Cesc», nous a rassuré le responsable de la sécurité de l'hôtel. Cesc exige que l'interview se déroule près du restaurant Une fois à l'intérieur de l'hôtel, on nous a appris que Cesc n'avait qu'une seule exigence avant le déroulement de l'interview : que celle-ci se déroule près du restaurant. Notre curiosité nous a poussés à demander à l'attaché de presse de la fédération catalane de football (en Espagne, les régions autonomes ont leurs propres fédérations) le pourquoi de cette exigence. «Johann n'admet aucun retard à l'entraînement, ni au déjeuner et Cesc sait qu'il risque sa place s'il n'arrive pas au restaurant au même temps que les autres joueurs», nous a-t-il expliqué. Johann, c'est le tout puissant Cruijff, sélectionneur de la Catalogne, une fois par an, et connu pour être impitoyable lorsqu'il s'agit de discipline de groupe. 12h 30, Cruijff et ses stars débarquent Nous avions rendez-vous avec Cesc à 12h. Une demie heure plus tôt, nous étions déjà là pour rencontrer Carla, notre camerawomen, et préparer le terrain dans une salle mitoyenne du resto (l'interview a été filmée au profit des sites internet du Buteur et d'El Heddaf et de la télé maghrébine “Nessma”). Lorsque tout était au point, les joueurs de la sélection catalane ont débarqué tous en même temps, à leur tête Johann Cruijff qui a salué tout le monde avant de s'engouffrer dans le couloir menant au restaurant. Il était suivi de Xavi qui nous a salués amicalement, Victor Valdès, Gerard Piqué, Isaac Cuenca, Sergio Busquets, Carles Puyol, Bojan Krkic et naturellement Cesc Fabregas qui est venu demander après nous pour ensuite nous demander une faveur : «Peut-on laisser ça après le déjeuner ? Vous savez, le mister veut qu'on soit tous autour de la table.» En fait, Cesc voulait faire l'interview avant d'aller manger pensant que les joueurs n'allaient pas rejoindre directement le restaurant. Il s'est trouvé obligé de manger avant de nous accorder l'interview. Il faut encore attendre la fin du déjeuner Prévue avant le déjeuner de l'équipe nationale catalane, l'interview aura finalement lieu après. Conviés à une balade au Montjuich, l'un des endroits les plus symboliques de Barcelone, Cruijff et les joueurs catalans sont arrivés en retard à l'hôtel. Cesc ne pouvait donc pas venir faire l'interview au moment où ses coéquipiers déjeunaient. Ce serait un crime de lèse-majesté à l'impitoyable Cruijff. Cesc est donc venu gentiment nous proposer de reporter l'interview d'une demie heure pour qu'il puisse manger avec le groupe et venir l'esprit libéré pour répondre pendant un quart d'heure à nos questions. Il fallait donc passer une autre demie heure de stress avant le grand rendez-vous. Cesc, Piqué et le sapin de Noël Après avoir attendu presque une heure et assisté à l'interview exclusive de Johann Cruijff à une radio de Barcelone, nous pensions que nous allions enfin commencer notre travail avec Cesc. Il fallait compter sans l'insistance d'un confrère d'El Mundo Deportivo, l'un des quatre prestigieux quotidiens sportifs espagnols, qui voulait une photo spéciale pour sa une du lendemain : Cesc Fabregas et Gerard Piqué à côté d'un arbre de Noël. Une photo qui a donné des idées à Carla. Notre très active camerawomen a commencé à pousser l'arbre de Noël pour le mettre en arrière plan de l'interview. C'est Cesc lui-même qui l'en a dissuadé : «Attention, un arbre de Noël pour des musulmans, ça ne colle pas trop.» Lui, le fiancé d'une belle Libanaise, savait de quoi il parlait et il ne restait à Carla qu'à obtempérer et choisir une simple plante pour la mettre en face de sa caméra. 13h 10, Cesc est enfin à nous On nous l'a dit, Cesc Fabregas est très modeste. Nous l'avons vérifié à nos dépens car c'est cette modestie qui a retardé notre rencontre avec lui. Le numéro 4 du Barça répond à toutes les sollicitudes. Vous le trouvez prendre des photos avec tout le monde, discuter avec les simples employés de l'hôtel ou s'arrêter pour écouter une remarque d'un journaliste sans pour autant exprimer la moindre irritation. A 13h 10, il s'était enfin décidé à venir vers nous pour nous saluer chaleureusement et nous informer qu'il était prêt pour le combat avec un large sourire. Au moment où il s'asseyait en face de la caméra, ses coéquipiers avaient déjà vidé les lieux, les uns après les autres, en prenant l'ascenseur du sous-sol où se trouve le restaurant qui les mènera directement vers leurs chambres au dernier étage et qui leur fera éviter la foule de fans qui n'a pas voulu quitter les lieux. «Une dernière chose : n'insistez pas trop sur ma vie privée» Après nous avoir demandé de faire l'interview devant le restaurant de l'hôtel, puis de le reporter d'une demie heure, Cesc Fabregas nous a demandé une dernière faveur : «Je vous parlerai de ma vie de famille, mais ne demandez pas trop de choses, c'est un truc très privé, j'espère que vous me comprenez.» «On peut au moins prendre une photo de votre tatouage en arabe, non ?» lui avons-nous suggéré. Embarrassé, Cesc n'a quand même pas cédé : «Il est partout sur internet, tapez “Cesc tatouage” et vous trouverez des dizaines de photos», nous a répondu ce mordu d'internet et de jeux vidéos, le seul qui, avec une manette, tient tête à Messi lors des regroupements avec Barcelone. ------------- Le clone de Xavi Les supporters du Barça à travers toute la planète s'inquiètent sur le devenir de leur équipe lorsque Xavi «le cerveau» ou «l'architecte» comme on aime à l'appeler ici, décidera de mettre fin à sa carrière. La réponse, ils l'ont eue de la bouche de l'intéressé lui-même lorsqu'il nous avait accordé une interview exclusive tout récemment : «Il y a beaucoup de joueurs capables de prendre ma place, mais ils sont en ce moment en train d'apprendre à la Masia, mais quand je vois jouer Cesc, je dis que je peux dormir sur mes deux oreilles, le Barça continuera à gagner et à plaire avec ou sans moi, il a toutes les qualités d'un véritable leader malgré son jeune âge.» Les Culés peuvent être rassurés. Cuenca : «A ce que je sache, je n'ai aucune descendance algérienne» Un site algérien s'est aventuré à affirmer qu'Isaac Cuenca, le petit bijou sorti tout droit de la Masia et qui gagne petit à petit la confiance de Guardiola, serait issu de parents mixtes hispano-algériens d'où son prénom Ishak. Lorsque nous sommes allés interviewer Fabregas, nous avons vu Cuenca passer et repasser devant nous. Une occasion trop belle pour lui demander de nous affirmer ou nous infirmer l'info qui commençait à faire du chemin sur la toile. Sa réponse a été spontanée : «A ce que je sache, je suis issu de parents catalans et mes grands parents le sont aussi. Au-delà, je ne peux pas vous dire car je n'ai pas encore cherché. Je suis fier de mes racines et si j'avais des racines algériennes j'aurais été également fier, mais ce n'est pas le cas.» Eh bien, merci pour la franchise. Toujours une petite pensée pour Xavi, son modèle Malgré la victoire autoritaire (1-3) sur le terrain du Bayer Leverkusen, Cesc Fabregas s'est rappelé de l'absence de Xavi «parce que, dit-il, c'est un joueur unique qui nous a beaucoup manqué. Xavi est un leader, il a la joie de jouer et du caractère. Il est unique», a-t-il encore ajouté à la fin du match de Champions league en Allemagne qui a été marqué par l'absence de Xavi, mis au repos à cause de quelques soucis physiques. Sur le match, Fabregas a retenu que le Bayer Leverkusen a été «une équipe physique qui voulait nous empêcher de développer notre jeu habituel. On est bien parti pour assurer notre qualification à condition de rester concentrés lors du match retour.» Concernant la lutte pour le titre de champion et les dix points qui séparent le Real Madrid au Barça, Fabregas ne veut pas baisser les bras : «Les couleurs qu'on défend nous obligent à lutter jusqu'au bout malgré l'écart de dix points qui nous sépare du Real.» Plus élégant que Casillas Cesc Fabregas est revenu, dans Marca, sur le Clasico de mercredi dernier qui a vu les Blaugrana éliminer le Real Madrid en Coupe du Roi après un match nul spectaculaire deux buts partout : «Eliminer le Real est toujours compliqué, et nous y sommes parvenus». Il excuse le geste de Pepe à son encontre qu'il juge «involontaire» : «Il n'a pas voulu me blesser.» Qui dit Clasico, dit polémiques. Les relations entre les Espagnols du Barça et de Madrid sont, aux dires de certains, assez tendues. On évoque même une certaine guerre de clans au sein de la Roja, composée majoritairement d'internationaux issus de l'un ou de l'autre des géants d'Espagne. Iker Casillas, très remonté à l'issue du match de Coupe du Roi, a dit à l'arbitre de la rencontre, M. Texeira, qu'il pouvait aller fêter la victoire des Catalans avec ces derniers. Fabregas n'en tient pas rigueur à son capitaine en sélection et désamorce, au passage, indirectement, la prétendue crise intestine qui rongerait la sélection des champions du monde et d'Europe en titre : «Iker est un grand capitaine. S'il a dit ça, c'est qu'il le pensait vraiment et qu'il croyait que c'était opportun. J'ai beaucoup de respect pour lui. Nous autres au Barça ne voyons pas les choses comme lui, chacun défend son point de vue.» Connu pour être très élégant même lorsqu'il perd, Casillas a pété les plombs. Cesc lui a tendu une perche. Quelle classe ! Il a passé ses dernières vacances à Dubaï Dans l'interview exclusive qu'il nous a accordée, Cesc Fabregas a avoué apprécier les Arabes. Il sait de quoi il parle, lui le fiancé d'une belle Libanaise qui a choisi Dubaï pour passer ses dernières vacances d'été. Selon un membre de son entourage, Cesc prévoit même de revenir dans le bel émirat qui semble l'avoir subjugué.