«Je savais dès le début que je n'arriverais jamais à jouer en équipe de France» «Halilhodzic nous transmet son expérience tactique» Quand on jette un coup d'œil sur la carrière professionnelle du milieu de terrain Medhi Gregory Giuseppe Lacen, on a l'impression qu'il y manquent des chapitres. Après avoir évolué en National, il se retrouve propulsé en Liga espagnole. Même scénario en sélection nationale. Appelé pour la première fois en équipe d'Algérie cinq mois avant la Coupe du monde 2010, il a finalement fait partie de la liste des 23 Fennecs convoqués pour l'Afrique du Sud. «Je suis venu ici par hasard», reconnaît l'actuel joueur de Getafe au micro de FIFA.com. «Je jouais en France, à Valence. En 2005, nous avons été vice-champions de National. Nous sommes montés en Ligue 2, mais le club a commencé à avoir des problèmes financiers. Les joueurs n'ont pas été payés pendant quatre mois. La législation française permet alors aux salariés de rompre leurs contrats. Dimitry Piterman (alors propriétaire d'Alavés) s'est porté candidat pour acheter Valence. Je ne sais pas pourquoi, mais en fin de compte, ça ne s'est pas fait. Par contre, il est entré en contact directement avec moi pour me proposer de signer à Alavés. Sans période d'essai ni rien de ce genre, il m'a proposé un contrat de trois ans. C'est comme ça que je suis arrivé en première division espagnole. J'ai vraiment eu l'impression de vivre un rêve», se souvient-il. Medhi Lacen l'a échappé belle puisque quelques jours avant la reprise du championnat, Valence a été sanctionné et n'a pas pu commencer la saison. «Plusieurs joueurs ont commencé à chercher du boulot. Quelques uns ont réussi à trouver un autre club de troisième division, d'autres ont laissé tomber le football. J'ai eu beaucoup de chance», reconnaît-il. «Je savais dès le début que je n'arriverais jamais à jouer en équipe de France» La chance ne faisant pas tout, c'est grâce également à une bonne dose de talent que Lacen a réussi, après trois belles années à Alavés, à décrocher un contrat avec le Racing de Santander, avant de signer à Getafe en 2011. «Nous avons raté notre début de saison. Nous étions derniers, mais après une bonne série nous sommes remontés en milieu de classement. Nous avons une bonne équipe. Nous pouvons terminer parmi les dix premiers. Sur un plan personnel, je suis satisfait car je joue beaucoup et j'ai un bon rendement. On peut toujours mieux faire, mais je m'en sors bien», affirme-t-il au moment de faire le bilan sur ses performances depuis son arrivée dans le club madrilène. Pour ce qui est du football international, Lacen avait l'embarras du choix au moment de choisir une sélection. Né à Paris d'un père algérien et d'une mère italienne (son troisième prénom, Giuseppe, est aussi celui de son grand-père), le milieu de terrain n'a pourtant pas hésité à opter pour l'Algérie. «Je savais dès le début que je n'arriverais jamais à jouer en équipe de France. Quand vous jouez en troisième division à l'âge de 20 ans, c'est déjà terminé. Il y a une telle qualité chez les Bleus en ce moment. Par conséquent, lorsque j'ai su que je pouvais obtenir un passeport algérien, je n'ai pas hésité. Mon seul regret est de ne pas l'avoir fait plus tôt, pour pouvoir être appelé en 2006. Aujourd'hui, je vis en attendant impatiemment la prochaine convocation», poursuit-il. «Un Algérie-Maroc, c'est un peu comme un Barça-Real» Après le rendez-vous sud-africain, l'équipe d'Algérie a connu une grosse baisse de régime. «Je crois que le premier match que nous avons disputé après la Coupe du monde nous a mis un coup derrière la tête. Nous avons perdu 2-1 à domicile contre le Gabon. Pas longtemps après, nous avons de nouveau été battus, cette fois par le Maroc, sur le score de 4-0. Il faut se rendre compte qu'un match entre l'Algérie et le Maroc, sur le plan de la rivalité, c'est un peu comme un Barça-Real ! Le coup a été très dur à encaisser.» «Halilhodzic nous transmet son expérience tactique» Mais Lacen ne perd pas espoir, bien au contraire. Il y a un an, les rênes de la sélection ont été confiées à Vahid Halilhodzic. «Il nous transmet sa grande expérience tactique. En équipe d'Algérie, il y a beaucoup de joueurs qui évoluent en première division dans les grands championnats européens. Par conséquent, la technique ne manque pas. C'est au niveau tactique que ça coince», analyse-t-il. Les résultats montrent en effet un mieux depuis l'arrivée du Bosniaque aux commandes. Après un nul avec la Tanzanie en novembre 2011, les Fennecs ont enchaîné trois victoires consécutives, contre la République centrafricaine, la Tunisie et la Gambie. «Je crois que nous avons une équipe capable d'atteindre la Coupe d'Afrique des Nations 2013 et d'aller au Brésil en 2014», annonce-t-il. «J'espère avoir l'occasion de discuter avec Zidane» Les choses se passent donc plutôt bien pour Lacen, qui se dit satisfait de son parcours. «J'ai commencé très bas et j'ai gravi les échelons peu à peu. Je ne me fixe pas d'objectif. Ça fait maintenant cinq ans que je joue en première division espagnole. C'est bien. Je suis heureux», assure-t-il. L'année prochaine, Getafe aura vraisemblablement l'opportunité de disputer une compétition européenne. Mais dans l'immédiat, Lacen a une autre idée en tête. «Depuis tout petit, mon idole est Zidane. J'ai joué contre lui et j'ai même son maillot. C'est déjà beau. Cela dit, je n'ai jamais eu l'occasion de discuter avec lui. Maintenant que nous habitons dans la même ville, j'espère que j'en aurai l'occasion un jour», dit-il avec des yeux bleus qui se mettent à briller. «Il n'est pas évident que je retourne en France» Quoi qu'il arrive, le garçon n'a pas l'intention de quitter l'Espagne dans un avenir proche. «Si, aujourd'hui, j'avais une offre pour revenir en France, dit-il d'un air peu convaincu, il faudrait que ce soit une offre en or. La qualité de vie que j'ai ici, je ne vois pas trop où je pourrais la trouver en France. Et puis il y a mes filles. Nous avons mis un an à nous habituer à la vie en Espagne, et maintenant nous nous y plaisons énormément. Je ne veux pas qu'il y ait un nouveau changement brutal dans leur vie. J'aimerais vivre ici après avoir raccroché les crampons», conclut-il.