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MCA : Drif : «Chakib Khelil ne connaît pas l'histoire de son pays, il réagit comme un Américain et non comme un Algérien»
Publié dans Le Buteur le 01 - 04 - 2012

«Ghrib et tous ceux qui sont venus après 2001 ont plongé le MCA dans le coma»
«Je reproche à Marif de n'avoir rien fait pour éviter le divorce entre le MCA et Sonatrach »
Toutes les turbulences qui secouent actuellement le Mouloudia n'ont pas laissé indifférent Abdelkader Drif. Celui qui a contribué à l'écriture de l'une des pages les plus glorieuses du club, nous a reçu dans son domicile pour éclairer la lanterne du peuple du Mouloudia. Personnage charismatique, forcément, lorsqu'il parle, ses propos ont une portée et un impact forts. Fervent défenseur des projets d'Eddir Loungar, Drif ne manquera pas de fustiger tous ceux qui ont porté atteinte à l'image et l'histoire du Doyen.
Avant toute chose, M. Drif, on vous remercie de nous avoir reçu chez vous pour nous parler des derniers évènements qui agitent le Mouloudia…
C'est la moindre des choses. Lorsqu'il s'agit du Mouloudia, je suis prêt à tout pour venir en aide à ce glorieux club. Vous m'offrez l'occasion d'éclairer la lanterne du peuple du Mouloudia, et non les Chnaoua comme vous dites, car je refuse d'utiliser ce terme qui est inapproprié. Et je peux vous dire que ça me fait mal au cœur de voir un très grand club comme le Mouloudia vivre dans ce marasme.
Vous devez vous douter qu'on vous a sollicité pour nous parler du projet d'Eddir Loungar qu'on accuse de faire son show et de la publicité gratuite sur le dos du Mouloudia…
Ecoutez, je veux préciser une chose. Je n'ai aucun intérêt personnel à défendre telle ou telle personne. Eddir Loungar, je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Ce qui m'a séduit en lui s'est son projet. C'est un homme d'affaires qui a réussi en Europe et qui aimerait bien faire quelque chose pour son pays et pour la jeunesse algérienne. Seulement, voilà, il y a des personnes malintentionnées qui veulent profiter de la situation et tirer des dividendes de cette transaction. Il y a aussi des personnes qui sont en train d'user de tous les stratagèmes pour dissuader Loungar d'investir au Mouloudia.
C'est-à-dire ?
En parlant du bilan financier 2011, qui a été transmis à Loungar, le document était déjà sur la place publique avant même que les experts de Loungar ne le décortiquent. Voilà mon sentiment, je mettrais ma main au feu que c'est au niveau du siège du club, à Cheraga, qu'il y a eu une fuite dans le seul objectif de décourager et dégoûter Loungar.
Justement, beaucoup a été dit et écrit sur ce bilan 2011 qui est devenu le dossier de la discorde. Votre sentiment à ce sujet ?
Personne ne pourra induire le peuple du Mouloudia en erreur car j'ai en ma possession tous les dossiers et les éléments qui démontrent la mauvaise foi de certains dirigeants. Je m'insurge contre l'attitude de Bouhraoua qui a spécifié à Loungar que le bilan 2011 a été dûment certifié par le commissaire aux comptes, M. Bordji, alors que celui-ci, dans son rapport, a énuméré les raisons qui l'ont incité à refuser de le certifier. Il a clairement noté dans son rapport avoir relevé des anomalies, des manquements à la réglementation qui s'ajoutent à la faiblesse de la gestion quasi orale sans aucun écrit et l'inexistence de procédure. Plusieurs dépenses ont été jugées excessives. Alors, je m'interroge, comment Bouhraoua peut-il prétendre que le bilan a été dûment certifié par M. Bordji ?
Quelle a été la réaction de Loungar ?
Le bilan a été décortiqué par son cabinet d'expertise et juridique. Et je peux vous dire qu'il n'était pas du tout enthousiaste à l'idée de prendre une société, et non pas le Mouloudia, je précise, en état de faillite. Je lui ai demandé de ne pas précipiter sa décision et d'attendre un peu car le temps est un excellent ouvrier et qu'il fallait qu'on le laisse faire son œuvre. Et je constate tout de même une certaine amélioration.
C'est-à-dire ?
Les membres du conseil d'administration comptent se réunir dans les heures qui viennent pour donner une nouvelle approche au bilan. Ils se sont rendus compte que les dettes des joueurs, qui étaient de 10 milliards de centimes, ne sont finalement que de 6 milliards. Ils ont apparemment pris Loungar pour un gogo en voulant lui faire gober un bilan aussi mal ficelé. C'est pour cela qu'ils ont décidé de rectifier le tir en réduisant les chiffres de 4 milliards de centimes. Il faudra attendre les conclusions de cette réunion pour que Loungar se prononce dans les jours qui viennent.
Certains doutent de la crédibilité de Loungar qu'on accuse de faire son show et de la publicité gratuite ?
C'est Djamel Rachedi qui est derrière ces accusations. C'est une honte ! Surtout lorsque des propos sortent de la bouche d'un journaliste qui travaille pour une institution de l'Etat ! J'ai été outré lorsqu'il avait déclaré que Loungar devrait allait présider l'équipe de Oued El Alleug, comme si cette ville se trouvait en Israël. C'est une insulte pour toute cette région et pour le peuple algérien. Verser dans le régionalisme, c'est comme ça que doit se comporter un journaliste de l'APS ? Moi je dis à Djamel Rachedi, qu'a-t-il fait, lui, lorsqu'il dirigeait le Mouloudia ? Il est tout aussi responsable dans la dérive du club car il a fait partie du système.
Quand vous parlez de système, pouvez-vous préciser votre pensée ?
Je le dis et je le répète, tous ceux qui ont dirigé le club après 2001 sont responsables de cette crise.
Cette date coïncide avec le départ de Sonatrach, séparation à laquelle vous vous êtes farouchement opposé…
Lorsque le divorce allait être consommé entre le Mouloudia et Sonatrach, j'étais le seul à m'être insurgé contre ce projet car Sonatrach, au bout de 24 ans de gestion, faisait partie de l'histoire du club. Et couper subitement le cordon ombilical allait signer l'arrêt de mort du club. Je l'ai dit au ministre des Sports d'alors, Berchiche, qu'il fallait préparer le permis d'inhumer du Mouloudia. Je reproche à Marif de n'avoir rien fait pour éviter la catastrophe. J'étais le seul à me battre, par presse interposée, avec Chakib Khelil, qui est responsable de cette crise. Chakib Khelil ne connaît pas l'histoire de son pays, il a réagi en Américain plutôt qu'en Algérien. Et toutes ces personnes devront répondre de leurs actes devant l'Histoire.
Quelle est la solution que vous auriez préconisée ?
La séparation aurait dû se faire progressivement. On aurait dû réclamer un stade qui aurait constitué l'outil de travail du club.
Le fait que le club réclame 30 milliards à Sonatrach, est-ce légitime ?
(Un grand sourire.) L'instigateur ou les instigateurs de cette idée sont en train de rêver. Ils devraient boire un bon verre de L'ben pour revenir sur terre. C'est un pur fantasme qui a pour but de leurrer l'opinion publique. Je dirais même que c'est de la stupidité. C'est de l'élucubration ! Que Zedek demande audience au P-DG de Sonatrach, M. Zerguine, je le conçois, mais qu'il veuille récupérer les autres sections du groupement pétrolier, cela relève de la pure folie.
Président emblématique du club, pourquoi n'avez-vous pas investi au Mouloudia ?
Ça ne m'intéresse pas dans la mesure où je ne peux pas travailler avec les personnes qui ont actuellement le pouvoir de décision au Mouloudia. Comment voulez-vous bosser avec des personnes qui vous ont éjecté du club ? En 2008, sur les directives de Marif, on m'a enlevé de la liste de l'assemblée. Et personne, même pas les joueurs de 1976, n'a levé le petit doigt pour s'insurger contre ces pratiques. Et vous croyez que je vais travailler avec ces personnes qui ont écorné l'image du club.
Rachid Marif à prétendu vouloir ramener des investisseurs pour prendre le club…
Pourquoi Marif ne ramène pas ses sponsors pour travailler la main dans la main avec Eddir Loungar ? C'est la question qui me taraude l'esprit. Et puis, je suis stupéfait par l'image que véhiculent les dirigeants du Mouloudia.
Voulez-vous être plus explicite ?
Qu'on le veuille ou pas, c'est Omar Ghrib qui détient les clés du club. Celui-ci m'a contacté hier pour une entrevue. Je lui ai dit de venir, à sa convenance. Il a opté pour la matinée. (Ndlr : entretien réalisé vendredi après-midi). Et jusqu'à présent, il est 17 h, il n'a pas donné signe de vie. Cela dénote du sérieux des responsables du club. Mais moi je déplore l'absence de l'Etat qui cautionne de tels agissements. Je lance un appel au peuple du Mouloudia afin qu'il agisse pour que les saboteurs ne passent pas. Si Eddir Loungar avait la même chose au Maroc ou en Tunisie, on lui aurait déroulé le tapis rouge. Hélas, chez nous c'est tout le contraire qui arrive !
Mais avant Loungar, il y avait aussi El Ouaddah et Pellicano ?
El Ouaddah, par le biais de Zenir, m'a sollicité, il avait la fougue et la jeunesse. Je lui ai conseillé de ne pas s'engager au Mouloudia. Mais le voyant insister, je lui ai demandé de remplir certaines conditions afin que j'intercède en sa faveur. Depuis, je ne l'ai plus revu. Pour ce qui est de Pellicano, Sid-Ali Aouf a demandé mon avis. Et je ne vous cache pas que je respecte énormément la famille Aouf car leur nom pèse lourd dans l'histoire du Mouloudia et qu'il me donne à chaque fois des frissons, j'ai demandé à Sid-Ali de faire très attention de ne pas porter atteinte et préjudice à son prestige et au nom qu'il porte. Mais malheureusement, il ne m'a pas écouté.
Vous êtes en contact permanent avec Eddir Loungar, qu'avez-vous à dire sur ses projets ?
On n'est pas encore au stade des projets. Mais ce que je peux vous dire, c'est que Loungar ne prendra en ligne de compte que les dettes éligibles. La priorité sera de régler les services sociaux de l'Etat (IRG, CNAS), les salaires des employés de la société et celui des athlètes qui œuvrent actuellement au club. Il sera aussi question de régler l'OCO, qui constitue l'outil de travail du Mouloudia. Figurez-vous, à titre d'exemple, que la direction à déclaré dans son bilan le chiffre de 17 milliards représentant la masse salariale des joueurs. Et en contre-partie, 230 millions de centimes ont été débloqués pour payer l'IRG. Toutes les dettes concernant les joueurs qui ont quitté le club ne seront pas prises en considération, à l'image de Mokdad qui réclame 760 millions, Berramla 625 millions, Bouchema 162 millions et autre Bedbouda 142 millions, sauf si le TAS, bien évidemment, leur donne gain de cause.
En tant qu'ancien président du MCA, êtes-vous jaloux lorsque vous voyez l'USMA gérée de façon professionnelle par le groupe Haddad ?
Pas du tout. Je pense que Haddad et Loungar sont des produits de la jeunesse de l'indépendance. Ils ont tous deux un nouveau regard sur la politique des jeunes. Et le fait d'avoir des investisseurs de ce calibre ne pourra qu'aider notre football à sortir de la crise. J'ajoute une chose, Haddad ne doit pas se vexer dans le cas où dans un futur proche, il sera concurrencé par d'autres présidents tout aussi riches et ambitieux. Il doit continuer avec son enthousiasme à œuvrer pour hisser notre football dans une autre dimension qui est celle du professionnalisme.
On vous laisse maintenant le soin de conclure…
Je m'adresse au peuple du Mouloudia, il faut qu'il sache que je continuerai à me battre pour ce club, qui a payé un lourd tribut pour l'indépendance de l'Algérie, jusqu'au dernier souffle de ma vie. Il faut que les supporters sachent que le Mouloudia se trouve actuellement dans un état comateux en raison de la politique prônée par ses dirigeants qui sont aux antipodes de ceux qu'exige la posture d'un président du Mouloudia. Il faudra faire en sorte que tous ceux qui ont dirigé après 2001 doivent disparaître du champ de vision médiatique du club. C'est une condition sine qua non pour que le Mouloudia sorte de son coma qui dure depuis des années.


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