Je suis né à Rome, Romain et Romanista", affirme avec fierté une des légendes vivantes du football italien qui n'envisage pas un instant de raccrocher les crampons. Le football engendre parfois de superbes histoires d'amour entre un club et un joueur. Cela fut le cas au Brésil entre Santos et Pelé. En Italie, la Ville éternelle poursuit une romance de 35 ans avec Francesco Totti. En 2001, pour fêter le Scudetto remporté par l'AS Rome, son capitaine s'est, d'ailleurs, fait tatouer un légionnaire romain sur le bras droit pour fêter cette campagne victorieuse. "Je suis né à Rome, Romain et Romanista", affirme avec fierté une des légendes vivantes du football italien qui n'envisage pas un instant de raccrocher les crampons. En un quart de siècle de fidélité à la Louve, il a battu tous les records de buts et de matches joués sous le même maillot. Doté de belles qualités athlétiques (1,80 m pour 82 kg), le numéro 10 romain est un véritable homme orchestre, dangereux en pointe par la puissance et la soudaineté de sa frappe, et d'une redoutable précision dans ses ouvertures. Dans le jeu, il est à la fois le moteur et la plaque tournante de l'équipe, capable des gestes les plus fous. Bien sûr, son caractère affirmé lui a valu quelques déconvenues avec ses entraîneurs et les arbitres. Mais comme les tifosi ont pour lui les yeux de Chimène, ils lui pardonnent tout. A la veille de l'une des rencontres les plus attendues de Serie A, entre la Roma new look de Luis Enrique, et une Juventus leader et invaincue cette saison, FIFA.com a rencontré cette forte personnalité qui ne se consacre plus qu'à son club de toujours depuis sa victoire avec l'Italie, lors de la Coupe du Monde de la FIFA (Allemagne 2006). Après 20 ans de professionnalisme, vous semblez ne pas ressentir le poids des ans et des matches. Jusqu'à quand pensez-vous pouvoir continuer à jouer au plus haut niveau ? C'est difficile à dire avec exactitude. J'ai encore deux ans de contrat et si je conserve cette condition physique, j'espère pouvoir arriver jusqu'à 40 ans. Mais, pour le moment, ce ne sont que des discours dans le vide. Tant que je me sentirai en forme et utile à l'équipe, je continuerai à endosser de maillot avec beaucoup de fierté. Quand je ne me sentirai plus en condition, je serai le premier à jeter l'éponge. Je crois en mon potentiel. L'important est de faire les efforts nécessaires pour me maintenir en bonne condition, avoir une vie saine et tranquille, et se comporter en vrai professionnel. Vous avez refusé, dans votre carrière, plusieurs offres mirobolantes, dont celles de clubs anglais ou américains, pour rester à l'AS Rome. Qu'est-ce qui motive ce choix et cet amour pour le club de votre vie ? Même si j'ai eu plusieurs possibilités de partir, j'ai toujours dit que je voulais enfiler le maillot d'un seul club dans ma carrière. Je n'arrive pas à m'imaginer avec un autre. D'ailleurs, je ne sais pas comment j'aurais pu me justifier auprès de mes enfants. L'amour a prévalu sur toutes les offres. Je suis heureux de ma décision. Pour moi, cela représente plus qu'un Ballon d'Or, même si ce sont deux choses différentes. Au début de la saison, vous avez eu certaines divergences avec votre nouvel entraîneur, Luis Enrique. Vous avez même manqué plusieurs matches. Désormais, son système de jeu, semblable à celui du FC Barcelone dont il vient, vous convient-il ? Avec le ‘Mister', j'ai eu un très bon rapport dès le début. Quand on ne joue pas, il est normal que cela ne plaise pas. Mais je suis toujours resté à la disposition de l'équipe. Et quand j'ai joué je ne l'ai pas trop mal fait et le ‘Mister' m'a, alors, pris en considération. J'ai toujours dit que lorsqu'il y avait des changements, il fallait un peu de temps pour tout assimiler. Par chance, il l'a compris. C'est un grand monsieur, quelqu'un qui vous dit les choses en face. Evidemment, il a des qualités et des défauts comme tout le monde. Mais son objectif est d'imposer une nouvelle mentalité en Italie. Son système de jeu me plaît. Il est novateur en ce qui concerne notre championnat et je suis sûr que, rapidement, il se révélera gagnant. Comment expliquez-vous le décevant début de saison de votre club ? Je ne le considère pas décevant, sauf sur le plan strict des résultats. L'équipe est nouvelle, formée de jeunes joueurs talentueux provenant de divers championnats avec un nouveau technicien. Il fallait le temps de faire l'amalgame. Aujourd'hui, les choses sont en train de s'améliorer et je pense que nous aurons bientôt de grosses satisfactions. Comment expliquez-vous le changement de style en Italie, pays du catenaccio, où l'on pratique, désormais, un football plus ouvert et offensif ? Cela ne concerne pas seulement l'Italie. Je pense que le football est en train de changer dans toute l'Europe. Par rapport à une dizaine d'années, le football est devenu beaucoup plus rapide et physique. Par voie de conséquence, les options tactiques qui le composent suivent cette mutation, y compris dans notre championnat. Après tant d'années de carrière on se pose encore la question : quelle est la position sur le terrain qui vous convient le mieux ? Attaquant de pointe ou meneur avancé ? Marquer des buts m'a toujours beaucoup plu ! Mais ce que je préfère avant tout, en fonction des choix de l'entraîneur, c'est d'occuper la position la plus utile pour l'équipe le jour du match. Si vous étiez obligé de choisir entre remporter une nouvelle Coupe du monde de la FIFA avec l'Italie ou un autre scudetto avec la Roma, quel choix feriez-vous ? Sans hésitation le scudetto avec la Roma ! C'est une joie inégalable. Quel est l'entraîneur qui a le plus influencé votre carrière ? Tous les entraîneurs ont été fondamentaux dans le déroulement de ma carrière. Mais, naturellement, ayant remporté une Coupe du monde avec Marcello Lippi, et un Soulier d'Or avec Luciano Spaletti, j'ai un souvenir particulier avec eux. Avec quel joueur auriez-vous aimé jouer ? Dans le passé, avec Ronaldo. Aujourd'hui, il est difficile de ne pas dire Lionel Messi… Pour conclure, pourquoi sucez-vous encore votre pouce après chacun de vos buts ? En l'honneur de tous les enfants. Et, en particulier, pour les miens.