Laïb : «C'est une bonne chose, mais pas pour la saison prochaine» Badji : «Les Européens l'ont fait, pourquoi pas nous ?» L'annonce qu'a faite, avant-hier, le général Abdelghani Hamel, en marge de la cérémonie de clôture des portes ouvertes sur la Sûreté nationale, qui a eu lieu avant-hier mercredi au palais de la culture Malek Haddad de Constantine, mérite qu'on s'y attarde un peu. Le DGSN a annoncé qu'il pourrait retirer la police des stades, à partir de la saison prochaine, estimant que la sécurité à l'intérieur des stades devrait être assurée par les différentes instances sportives. «La police nationale n'est plus en mesure de déployer 30 hommes pour seul match de football. Je ne suis pas prêt à mettre en danger mes éléments», a-t-il déclaré, en précisant que le rôle et la mission des agents de l'ordre est d'assurer la sécurité en dehors et autour des stades. Cette annonce devrait interpeller la Fédération algérienne de football (FAF) et la Ligue de football professionnel (LNF), les deux instances responsables du football algérien, et de l'organisation des matchs de championnat des Ligues 1 et 2, ainsi que les différentes rencontres de la sélection nationale. Comment ces deux instances pourraient assurer la sécurité à l'intérieur des stades, lorsque l'on sait que même la police nationale a souvent été dépassée lorsque des situations dégénèrent, comme ce fut le cas cette saison dans plusieurs stades, notamment à Saïda (MCS-USMA), à Constantine (CSC-ASO), à Alger (USMH-USMA et MCA-USMA) ? Comment des joueurs, qui ont vécu de tristes évènements de Saïda, où on a failli déplorer des pertes humaines, peuvent revenir dans les mêmes conditions sur un terrain de football, sachant qu'aucun agent du service d'ordre n'est présent, ni sur la main courante, ni dans les gradins ? Difficile de l'imaginer en fait. On peut avancer, sans risque de nous tromper, que ni LNF ni la FAF n'ont les moyens d'assurer la sécurité dans les stades, encore moins les clubs, et l'on se demande, par conséquent, si on ne va pas assister, la saison prochaine, à un championnat à risques, si jamais le DGSN mettra sa décision en exécution. Nous avons essayé de connaître l'avis du président de la Ligue de football professionnel et les dispositions que pourrait prendre la LFP pour pallier cet énorme déficit en matière de sécurité, en vain. Mahfoud Kerbadj était, hier, injoignable. Hamel ne précise pas si c'est pour la saison prochaine Cela dit, le général Abdelghani Hamel n'a pas précisé si cette décision va être mise en application dès la saison prochaine. Il paraît, en effet, que c'est un projet que les responsables de la Sûreté nationale sont en train d'étudier, en collaboration avec les instances sportives. Car, on imagine mal comment la Police nationale pourrait se retirer comme ça, d'un seul coup, de nos stades, surtout après tout ce qui s'est passé durant la saison écoulée. Cela devrait inciter la LFP et la FAF ainsi que la tutelle à se pencher dès aujourd'hui sur la question, afin qu'elles puissent prendre leurs dispositions, en prévision de ce retrait. --------------------- Laïb : «C'est une bonne chose, mais pas pour la saison prochaine» Les clubs, directement concernés par cette nouvelle mesure, devraient également se préparer à assumer leurs responsabilités. Mais eux aussi sont loin de pouvoir y faire face, du moins dans l'immédiat. Avec des moyens dérisoires, aucun club en Algérie n'est en mesure d'assurer la sécurité dans les stades, eux qui sont souvent obligés de faire appel à des agents de l'ordre public pour assurer le déroulement d'une simple séance d'entraînement face une poignée de supporters mécontents. Le président de l'USMH, Mohamed Laïb, estime néanmoins, que «c'est une bonne chose. Mais je ne pense pas que cette mesure annoncée par le DGSN soit applicable à partir de la saison prochaine. Je crois que c'est un projet dans les années à venir. C'est impossible de se passer pour le moment des services de la Police nationale dans les stades. Je pense qu'on veut faire comme cela se passe ailleurs, en Europe notamment où les policiers sécurisent uniquement les alentours du stade. Je crois que c'est une bonne chose, en effet», nous a déclaré le premier responsable harrachi. --------------------- Badji : «Les Européens l'ont fait, pourquoi pas nous ?» Ayant été victime de la violence dans les stades où il a failli y laisser la vie il y a une dizaine d'années, à Béjaïa, Faïçal Badji trouve que la mesure que vient d'annoncer le DGSN pourrait contribuer à l'éradication de la violence dans nos stades. «Je pense que si le général Hamel a fait cette annonce, c'est qu'il a ses raisons. Il est l'un des hauts responsables du pays et je crois qu'il ne va pas prendre une quelconque mesure sans en évaluer les risques. Il voit loin, j'en suis sûr. A mon avis, c'est une bonne chose, mais elle ne sera pas appliquée du jour au lendemain. Il faut une grande campagne de sensibilisation, il faut que tout le monde s'y mette. Le rôle des clubs et des comités de supporters sera très important. C'est un grand projet qui nécessite la collaboration de tout le monde. Chacun de nous doit assumer ses responsabilités. Comme tout le monde le sait, en Europe, on joue sans barrière ni grillage qui séparent les gradins du terrain. Pourquoi pas nous ? A-t-on un public plus violent que le public européen ? Je ne le pense pas. Mais eux, ils s'y sont pris depuis des années et ils sont parvenus à sécuriser leurs stades. Je pense que c'est faisable chez nous, il n'y a pas de raison pour qu'on n'y parvienne pas à notre tour», estime l'ancien meneur du CRB et du MCA qui croit en ce projet.