Il a fêté hier ses 40 ans Discret, Zizou l'a toujours été. Mais l'ancien maître à jouer de l'équipe de France n'est pas effacé pour autant. Lucide, l'ex-Ballon d'Or a accepté de livrer ses vérités dans une longue interview parue ce vendredi chez nos confrères de France Football. Extraits. De Beckenbauer à Cruyff, nombreuses sont les anciennes gloires à avoir rapidement tourné la page de leur fabuleuse «première vie». Zizou, lui, préfère prendre son temps. A l'image de sa carrière. «C'est bien moi. Jamais pressé et surtout je n'ai jamais précipité les évènements. Pourquoi ? Parce que je savais ce que je pouvais faire sur le terrain, que ça allait se faire, mais petit à petit. A Cannes, à Bordeaux, à la Juventus, au Real Madrid. Les Bleus sont venus sur le tard, aussi. Je n'étais pas international à 20 ans. Je ne me suis pas marié très très jeune, je n'ai pas fait d'enfants avant de me marier. En toute chose, j'ai pris le temps de me construire. Je suis un mec normal, lucide», explique-t-il. Prendre son temps pour quel projet ? Zizou développe : «Maintenant, vous savez, vous devinez mes motivations. Je me retrouve à l'école à 40 ans. Mais c'est intéressant pour moi d'essayer de comprendre. C'est aussi super difficile de me motiver à faire cela à mon âge. Mais si j'ai envie d'exister, plus tard, ça passe par là (...) Bientôt, je vais passer mes diplômes d'entraîneur. Je suis un peu le même cursus que certains gars de 1998.» «Je ne laisserai personne dire que je ne suis pour rien dans la venue de Varane au Real, ni que je n'ai pas agi auprès de Benzema depuis qu'il est à Madrid» Quid de la rumeur concernant un rôle de directeur sportif du Real ? Zizou dément : «C'est loin d'être fait. Si je rentre dans un projet, sportif ou autre, je ne rentre pas seul, je suis accompagné d'une, d'eux ou trois personnes. Si on est seul, on est mort. C'est comme coach, aujourd'hui, il débarque avec une équipe, une stratégie. Si on ne prend pas l'ensemble, je ne fais pas. Je suis libre.» Son rôle à Madrid décrit parfois comme ambigu, Zidane le défend : «Je n'ai pas de compte à rendre sur mon emploi du temps. Je me suis investi dans ce poste. Je ne laisserai personne dire que je ne suis pour rien dans la venue de Varane au Real. Ni que je n'ai pas agi auprès de Karim Benzema depuis qu'il est à Madrid...» Histoire de clarifier les choses, sans jamais perdre son intégrité : «Tout ce que je fais, on a beau dire, ce n'est pas rien. Je fais aussi des heureux autour de moi. Enfin, je le crois. En tout cas, je peux me regarder dans une glace chaque matin. Je n'ai écrasé personne pour y arriver. Pour moi, c'est important. Je préfère crever sinon. Tout le monde ne peut pas en dire autant...» «Rejoindre Al Jazeera, c'est pas possible» De nos jours, lorsque Zizou passe à la télévision française, c'est souvent en tant que consultant pour Canal+. «Revenir sur des évènements sportifs de l'année, j'aime bien», déclare-t-il, contrairement à ce qu'il a déjà pu faire sur la chaîne, à savoir revenir sur des rencontres à chaud. L'argent aurait pu le faire céder aux sirènes de BeIn Sport, nouveau riche du petit écran de l'Hexagone. «ça n'aurait pas été possible. Je suis fidèle et j'essaie d'être logique», répond-il. Comme lors de sa carrière de joueur, Zidane n'a jamais évolué dans deux clubs du même pays (sauf en France, Cannes et Bordeaux). La fidélité, un de ses maîtres mots. «Quand je vois un certain M. Le Pen présent au second tour de l'élection présidentielle de 2002, tout de suite, je me suis mobilisé» Outre ses projets personnels, Zinédine Zidane a également évoqué la situation politique de la France, dans un autre entretien accordé au Monde. Zizou y rappelle notamment sa volonté de ne pas céder à une quelconque forme de récupération politique : «Certains aimeraient m'entendre, d'autres se demandent ce que pense Zidane. Je leur réponds, eh bien, ne vous inquiétez pas. Zidane, il va rester à sa place. Qui je suis, moi, pour donner des leçons ? C'est déjà tellement compliqué la vie... Ne serait-ce qu'avec mes enfants. Ils sont quatre et tous différents. Alors, imaginez quand je sors. Tout ça me gêne. Mais dire que je n'ai pas d'avis... On est loin de la vérité. Bien sûr que je lis les journaux. Que je vote aux élections. Je crains juste la récupération. J'ai très souvent été sollicité. De toutes parts. Si je ne me protège pas, qui va le faire pour moi ? Je ne veux surtout pas servir les intérêts des uns, des autres. Je suis libre. Libre comme l'air. Après, quand je vois un certain M. Le Pen présent au second tour de l'élection présidentielle de 2002, tout de suite, je me suis mobilisé. Je n'ai pas attendu qu'on vienne me chercher.» «C'est normal que les plus riches soient taxés» Parfois discret, donc, l'ancien meneur de jeu des Bleus accepte toutefois de livrer son sentiment sur la taxe Hollande, qui a fait réagir de nombreux acteurs du football : «Je n'ai jamais eu de problèmes avec le fait de payer des impôts, de reverser 50 centimes pour 1 euro gagné. Je ne vis pas en France, mais je ne vis pas dans un paradis fiscal. Je vis en Espagne, je paye mes impôts comme tout le monde. Aujourd'hui, avec ce qui se passe, on va demander de l'argent à ceux qui en ont. C'est logique.» Une opinion qui tranche quelque peu avec certaines réactions négatives... Et une prise de position qui devrait assurément faire taire les détracteurs d'une des personnalités préférées des Français.