«L'engouement autour de l'EN nous fait peur» «Le dossier de Meghni est le premier que la FIFA examinera ce mardi» Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, accompagné de Mohamed Mecherara, président de la Ligue nationale de football, et Rabah Saâdane, le sélectionneur national, a animé hier, à l'hôtel Hilton, une conférence de presse à l'occasion du début de la nouvelle saison. Il a abordé tous les points relatifs à l'actualité et à la gestion de la FAF, insistant sur le fait que «la nouvelle saison est charnière car elle sera dans la continuité du processus de redressement et de restructuration du football national». Le sujet que tout le monde attendait était relatif à l'équipe nationale. Il a assuré, à cet effet, que «l'Algérie est concentrée sur son parcours sans tenir compte de celui de ses adversaires» car «elle a son destin entre ses mains». «Nous ne voulons pas entrer dans le jeu de la presse égyptienne qui cherche à nous déstabiliser, et je demande à la presse algérienne de ne pas tomber dans ce piège. Nous devons mettre des œillères et ne voir que devant nous. Nous avons deux matches à domicile que nous devons gagner, même par 1 à 0 car le capital points est le plus important. Avec 13 points et un nul dans l'un des matches de nos adversaires, nous serons qualifiés au Mondial», a-t-il assuré. Raouraoua a abordé plusieurs autres points dont nous vous proposons une synthèse. «Ce n'était pas facile de terminer la saison» «Il n'était pas facile de terminer la saison écoulée. La FAF sortait d'une période difficile caractérisée par des retards dans les compétitions alors qu'il y avait des impératifs de calendrier international à respecter, notamment les matches de l'équipe nationale. De plus, comme je l'avais déjà annoncé lors de mon élection, le football algérien est sous-administré. Il l'était même durant mon premier mandat et je ne m'en suis pas caché. En dépit de tout cela, un effort de restructuration a été fait et la saison a été menée à terme grâce aux efforts conjugués de la FAF et de la Ligue nationale, alors même que, dans certains autres pays, la finale de la coupe nationale n'a pas encore été disputée.» «L'engouement autour de l'EN nous fait peur» «Les deux superbes victoires acquises face à l'Egypte et la Zambie ont provoqué une grande liesse populaire à travers toute l'Algérie et un engouement immense autour de la sélection. Cet engouement nous fait peur car cela suppose une lourde responsabilité sur nos épaules. Cette responsabilité s'alourdit au fil des jours et, surtout, à l'approche des matches qui nous restent. J'espère qu'il y aura une conjugaison des efforts de tout le monde afin de réaliser le rêve du peuple algérien d'aller en Coupe du monde. A ce titre, je sollicite le soutien des médias et de la presse en particulier en faveur de l'équipe nationale.» «La sélection nationale est une priorité quotidienne» «En un siècle, personne n'a pu changer les statuts de la Fédération internationale de football (FIFA). L'Algérie a pu le faire en faisant voter les nouvelles dispositions concernant le changement de sélection nationale. C'est un honneur pour l'Algérie et aussi une très grande fierté. J'avais annoncé, dès mon élection, que la sélection nationale était une priorité pour nous. En fait, elle a été une priorité quotidienne ces derniers mois. Nous sommes allés dans des pays lointains pour superviser des joueurs, discuter avec certains d'entre eux ou pour préparer les déplacements de la sélection.» «Le dossier de Meghni est le premier que la FIFA examinera ce mardi» «Selon les statuts de la FIFA, entre la date de promulgation d'une loi et son exécution, il doit passer une période probatoire de 60 jours. Le congrès de la FIFA, qui s'est tenu aux Bahamas, s'est achevé le 3 juin, ce qui fait que la période probatoire se termine le 3 août, soit aujourd'hui. C'est donc le 4 août que la commission compétente de la FIFA examinera les dossiers des joueurs concernés par la nouvelle loi. Je vous annonce donc que le dossier de Mourad Meghni sera le premier à être étudié ce mardi. Il pourra être qualifié pour le match amical Algérie-Uruguay. Quant au dossier de Hassan Yebda, nous l'avons reçu ce matin. Nous allons l'envoyer à la FIFA pour être étudié et adopté.» «Saâdane ne fera plus le garde-matériel» «Dans notre quête de moderniser le fonctionnement de la sélection nationale, il fallait renforcer la logistique et restructurer le staff de manière à ce que le sélectionneur national ne s'occupe que du volet technique. Je dis cela parce qu'il fut un temps où Si Rabah (Saâdane, ndlr) faisait tout au sein du staff, parfois même garde-matériel. Eh bien, il ne fera plus garde-matériel car nous avons instauré un fonctionnement professionnel du staff. Notre objectif est de parvenir à une vraie professionnalisation de la gestion de la sélection.» «S'il vous plaît, plus de fumigènes dans les stades !» «Beaucoup de gens l'ignorent peut-être, mais la loi 89-04 régissant le sport, dans son article 106, punit toute personne auteur de jets de projectiles ou de fumigènes d'une peine de 3 à 6 mois de prison, assortie d'une amende allant de 30 000 à 50 000 DA. Cet article n'a jamais été appliqué, mais nous comptons le faire. L'Algérie est sous la menace de sanctions au plan international à cause de ces lancers de fumigènes, qui sont interdits dans la majorité des pays du monde. Je me souviens qu'un supporter est décédé dans un stade en Algérie, il y a quelques années, parce qu'il a été touché par un fumigène. Donc, je demande aux médias de s'associer avec la FAF pour sensibiliser les supporters sur les conséquences fâcheuses qui pourraient en découler. Alors, s'il vous plaît, plus de fumigènes dans les stades !» «Les réserves par évocation sont supprimées» «Nous avons réformé les statuts de la FAF et de la Ligue pour que, désormais, il n'y ait plus d'affaire du genre Bou Saâda ou RC Kouba. Les réserves par évocation sont supprimées. D'ailleurs, l'Algérie est restée l'un des rares pays au monde où ce type de réserves avait cours, alors que c'est banni partout dans le monde. Les seules réserves dorénavant recevables sont celles formulées avant le début du match et qui concernent la participation d'un joueur suspendu ou une tricherie sur l'âge d'un joueur. Je dirai même plus : nous ferons en sorte qu'il y ait zéro risque de réserves, puisque tout sera informatisé. Ainsi, le club qui, par erreur, inclurait un joueur suspendu sur la feuille du match sera prévenu avant le coup d'envoi de cette erreur afin qu'il retire ce joueur et que le match se déroule normalement. Si, à ce moment-là, le club maintient sa décision, il devra en assumer les conséquences. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y aura plus de réserves formulées après un match.» «Des clubs dépensent des milliards pour des joueurs, mais rien pour informatiser leur fonctionnement» «L'Algérie est le premier pays en Afrique à utiliser une plate-forme électronique informatisée pour généraliser la délivrance des licences. Ainsi, il n'est plus besoin de faire le déplacement jusqu'au siège d'une Ligue pour obtenir la licence d'un joueur. Il suffit juste de se connecter à la plate-forme, où qu'on soit, pour établir la licence. C'est un système international moderne qui fera des économies à tous. Ce que je ne comprends pas, c'est que les clubs dépensent des milliards pour des joueurs, mais rien, même pas 200 000 DA, pour payer les salaires d'un technicien en informatique qui informatiserait le fonctionnement de l'administration.» «90% des juniors de troisième année sont perdus» «Depuis que nous avons acquis des logiciels pour établir des statistiques, nous découvrons chaque jour des chiffres incroyables. Par exemple, 90% des juniors de troisième année des clubs sont perdus car ils n'accèdent pas chez les seniors. C'est effarant. Autre statistique : 3 clubs n'ont même pas de juniors. Cela renseigne sur le peu de cas qui est fait de la formation dans notre pays, d'où notre souci de valoriser la formation et, surtout, la catégorie des juniors.» «A Oran, il y a 75 joueurs de plus de 40 ans !» «Si nous avions décidé d'interdire aux trentenaires de signer dans les clubs des divisions inférieures, c'est sur la base de statistiques qui démontrent à quel point ces joueurs freinent l'émergence de jeunes. Savez-vous qu'il y a 4000 joueurs de plus de 30 ans ? Savez-vous qu'à Oran, il y a 75 joueurs qui ont plus de 40 ans ? Savez-vous qu'il y a des équipes composées exclusivement de trentenaires et dont la moyenne d'âge est de 34 ans ? Tout cela n'est pas normal, surtout que, suivant les normes internationales, la licence vétéran est acquise à l'âge de 36 ans. De plus, lorsque j'ai reçu une délégation de trentenaires, j'ai su une chose grave : il y a des joueurs qui touchent 1 million de primes de signature dans les petites divisions alors qu'ils sont censés être des amateurs ! Tout cela est anormal. Nous avons consenti à autoriser 3 trentenaires par club de division inférieure, mais nous maintenons notre credo de rajeunissement des effectifs.» «5 clubs qui rétrogradent, c'est saugrenu !» «Lors de ma réunion avec des présidents de club de la Super D2, certains d'entre eux m'ont dit que si l'option de l'accession d'un seul club est maintenue, ils boycotteront le championnat. Je leur ai répondu qu'il n'y aura jamais de boycott. On peut boycotter en politique, l'apartheid par exemple, mais en sport, on participe, on ne boycotte pas. Pour revenir à 16 clubs en D1, il faut qu'il n'y ait qu'un seul club de la Super D2 qui accède. Des saugrenus ont proposé que 5 clubs de la D1 rétrogradent. Mais cela ne s'est fait dans aucun pays au monde. On m'a dit qu'il y a risque d'arrangement. L'un d'eux m'a même affirmé qu'un match de la première journée a déjà été arrangé. Je lui ai répondu qu'il n'avait qu'à dénoncer ceux qui ont arrangé le résultat. Bref, ils ne m'ont pas convaincu. De toute façon, nous nous dirigeons vers un championnat professionnel avec une Super Division d'une dizaine de clubs. Donc, de nombreux clubs de la Super D2 accéderont pour compléter ce qui restera des clubs de la D1.» «Quand les Raho, Zaoui, Babouche et Achiou arrêteront, où est la relève ?» «Il y a un déficit de 2000 entraîneurs au niveau national. Il y a des entraîneurs qui exercent sans diplôme. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, par exemple, il y a seulement 100 entraîneurs, dont 10 seulement ont le diplôme d'entraîneur 1er degré. C'est vous dire qu'au plan de la gestion technique, nous vivons dans la préhistoire. Il n'y a qu'une seule solution: considérer tous les clubs actuels comme des clubs amateurs et instituer une division d'élite professionnelle. C'est le seul salut pour le football algérien. Regardez la sélection nationale : les joueurs locaux sont tous trentenaires, alors qu'il y a des sélections dans le monde avec des internationaux âgés de 20 ans et même moins. Quand les Raho, Zaoui, Babouche et Achiou arrêteront, où est la relève ? Voilà le vrai drame du football algérien. C'est le défi à relever et on ne pourra le faire qu'à travers une réforme en profondeur.» F. A-S.