Slimani : «Ce qui s'est passé en fin de match n'était qu'un malentendu» Sellama ( le N° 14): «Djebbour nous a traités de rats et de chiens de l'OTAN et criait : ‘‘Vive Kadhafi !''» Le match Libye-Algérie, qui s'était terminé par une victoire des Algériens 0-1 à Casablanca dimanche soir, s'est prolongé, hier, à l'aérogare de l'aéroport international Mohamed-V de Casablanca. En effet, des supporters algériens ont croisé la délégation de la sélection libyenne dans le hall des départs. Ayant reconnu les joueurs libyens, notamment ceux qui étaient impliqués dans la bagarre qui avait eu lieu au coup de sifflet final du match, ils se sont dirigés vers eux et les ont roués de coups, sous le regard surpris et même ébahi de dizaines de voyageurs qui attendaient dans le même hall pour embarquer. La police de l'aéroport est intervenue pour les séparer Même si les joueurs libyens et leurs accompagnateurs n'ont eu ni lésions corporelles ni blessures graves, ils ont quand même pris un paquet de coups de la part de certains supporters algériens indignés par l'esprit agressif dont Sellama et certains de ses coéquipiers se sont rendus coupables pendant et, surtout, après le match. Il aura fallu l'intervention en urgence d'une brigade entière de la police de l'aéroport, alertée par des voyageurs, pour séparer les deux parties et calmer les esprits. La délégation libyenne a alors été protégée par un cordon de sécurité jusqu'à son embarquement à bord du vol de la compagnie Tunisair qui devait la ramener à Tunis, d'où elle ralliera la Libye. Embarquement simultané aux portes 26 et 27, une erreur stratégique Il faut reconnaître que cet incident, qui n'est pas susceptible de calmer les esprits dans la perspective du match retour dans un mois, aurait pu être évité si les autorités marocaines avaient fait preuve d'un sens de l'anticipation. Elles ne sont pas sans ignorer la bagarre qui avait suivi le match et le climat de tension qui s'en est suivi entre les deux délégations et, de ce fait, elles auraient dû faire en sorte qu'Algériens et Libyens, qu'ils soient joueurs ou supporters, ne se croisent pas. Or, il s'est trouvé, hier, que l'embarquement des supporters algériens et de la délégation des joueurs libyens a été programmé au niveau de deux portes mitoyennes, les 26 et 27, dans le même terminal et presque au même horaire, donc simultanément. Autrement dit, Algériens et Libyens se sont retrouvés à quelques mètres les uns des autres. Certes, la délégation libyenne a embarqué sur un vol régulier de la Tunisair et non pas sur un vol spécial, mais il fallait penser à l'éventualité de les voir trouver des Algériens sur leur chemin. Même s'il n'y avait pas eu d'agression physique, les provocations verbales étaient déjà facilitées par une telle programmation à l'aéroport, ce qui constitue une erreur stratégique. R. B. Slimani : «Ce qui s'est passé en fin de match n'était qu'un malentendu» Islam Slimani, l'attaquant du CR Belouizdad, a bénéficié encore une fois de la confiance du sélectionneur national lors de ce match face à la Libye. Bien qu'il n'ait pas réussi à marquer, il fut déterminant sur le but de Soudani, en délivrant la passe décisive. Interrogé par nos soins, le joueur est revenu sur les incidents qui se sont déroulés en fin de match. Slimani n'a pas souhaité mettre de l'huile sur le feu, et a surtout cherché à calmer le jeu et à relativiser ces événements. Tout d'abord, quel commentaire faites-vous sur la victoire remportée hier (entretien réalisé hier matin, avant le retour de la délégation à Alger) ? Comme on s'y attendait, notre tâche fut très difficile, mais el hamdoulilah, on a fait le nécessaire, en gagnant cette partie. On a, certes, fait un pas vers la qualification, mais on ne doit pas oublier aussi qu'il reste un match retour à disputer et qui ne s'annonce pas facile pour autant. Le coach a dit en conférence de presse que l'EN a marqué au bon moment car si elle avait scoré un peu plus tôt, le match aurait connu une autre tournure. Etes-vous d'accord ? Oui, peut-être. Toutefois, moi ce que je retiens, c'est la victoire et rien d'autre. Celle-ci vient au bon moment et va certainement nous faire beaucoup de bien. Halilhodzic n'a pas tari d'éloges sur vous, en déclarant que vous avez fait un très bon match, même si vous n'avez pas reçu de bons ballons devant... Je pense que j'ai bien tenu le rôle que m'a confié le sélectionneur. J'ai essayé de tout donner sur le terrain et même si je n'ai pas réussi à marquer cette fois-ci, il n'empêche que ce qu'on retiendra le plus, c'est la victoire. Encore une fois titulaire, vous semblez vous plaire au sein de cette équipe, non ? Je ne vous cache pas que je me sens très à l'aise au sein de ce groupe. On m'a très bien accueilli et tout se passe bien pour moi pour le moment. Même si je n'ai pas marqué ce soir, j'ai quand même offert une passe décisive, donc je n'ai pas à me plaindre. Un mot sur ce qui s'est passé en fin de match ? Pas la peine d'en rajouter. Je pense que ce qui s'est passé n'est qu'un simple malentendu. Je souhaite que ce qui s'est déroulé n'affectera en rien les relations entre les deux peuples. Vous dites quoi aux joueurs libyens, eux qui devront se déplacer à Blida pour le match retour d'ici un peu moins d'un mois ? Je leur souhaite la bienvenue chez nous. Sellama ( le N° 14): «Djebbour nous a traités de rats et de chiens de l'OTAN et criait : ‘‘Vive Kadhafi !''» Alors que nous nous trouvions à l'aéroport Mohamed-V pour rentrer, à Alger, dans un vol transportant des supporters algériens, nous avons croisé Ali Sellama, le joueur libyen qui voulait à tout prix agresser Rafik Djebbour après le match, et qui est soupçonné d'avoir été l'instigateur de la bagarre générale qui s'en est suivie. Il nous livre ses explications. Bonjour, je suis un journaliste algérien du journal Le Buteur. (Il s'énerve et refuse de nous parler) (Nous insistons) Le peuple algérien a le droit de comprendre ce qui s'est vraiment passé, surtout que vous avez été la cause de la mascarade qui a suivi ce match entre les sélections de deux pays frères... Ce n'est pas moi qui ai été la cause de ce qui est arrivé, mais plutôt votre joueur portant le numéro 9 (Rafik Djebbour, ndlr). Puisque vous insistez, je vais vous expliquer ce qui s'est passé dans le détail, mais à la seule condition que vous me promettiez de rendre fidèlement ce que je vais vous dire, sans rien rajouter ni enlever. Je vous le promets. Tout d'abord, un mot sur le match en lui-même... Nous avons abordé le match avec l'ambition de réaliser un bon résultat à même de nous permettre d'aborder la rencontre retour avec sérénité et retrouver l'ambiance de la CAN. Le match s'est déroulé dans le fair-play jusqu'au coup de sifflet final, bien que nous ayons perdu. Cependant, votre numéro 9 était d'un autre avis et n'avait pas cessé de m'adresser des propos blessants et ce qui a tout déclenché. Vous voulez parler de Rafik Djebbour ? Oui, c'est Djebbour. Depuis qu'il a foulé le terrain, il n'a pas arrêté de me provoquer en criant : «Vive Kadhafi !» Pis encore : il nous a traités de rats et de chiens de l'OTAN. C'est ce qui m'a fait perdre la raison et m'a poussé à lui répondre. Cependant, même s'il vous a insulté, est-ce raisonnable de lui répondre en l'agressant ? Les images de la télévision existent. Allez les revoir et vous verrez que c'est lui qui a commencé. Il m'a même fait tomber. Il était, donc, naturel que je réagisse ainsi envers lui. Ce que vous avez vu de moi était une réaction et non pas une action. Comment les choses en sont-elles arrivées là, vous qui n'aviez pas arrêté de parler, avant le match, de la fraternité et de fair-play ? Je vous répète que c'est votre joueur qui est la cause de tout ce qui s'est passé. C'est faux de croire que c'est la défaite qui a provoqué notre réaction. Certes, la défaite nous a affectés, mais pas au point d'en arriver aux agressions. Pour en revenir au match en lui-même, nous aurions pu gagner nous aussi, car nous avons dominé à un certain moment. Comme conséquence de ce qui s'est passé, ne craignez-vous pas une mauvaise réaction des supporters algériens à votre égard lors du match retour ? Je peux vous assurer que je serai présent au match retour. Je vous donne rendez-vous à Alger dès maintenant. Je ne suis pas un lâche. On ne meut qu'une seule fois. Si mon heure sonnera dans votre pays, je ne pourrais rien contre. La CAF attendra le rapport du commissaire du match avant de trancher La fin houleuse qu'a connue avant-hier la rencontre Libye-Algérie ne va pas passer inaperçue du côté de la Confédération africaine de football (CAF). En effet, celle-ci va attendre le rapport que rédigera ces jours-ci le commissaire du match, en l'occurrence Mohamed Guezzaz, marocain de nationalité, avant de prendre les décision disciplinaires qui s'imposent. Selon nos informations, ledit commissaire du match va rédiger un rapport accablant sur le comportement inconvenant de certains joueurs libyens, qui ont provoqué toute cette scène de violence et ont fait prendre aux événements une autre tournure. La commission de discipline de l'instance africaine prendra acte de ce rapport, ainsi que celui de l'arbitre central, Badara Diatta, au cours d'une réunion qui devrait se tenir dans les 10 prochains jours. Les Libyens ont exercé une pression sur lui Par ailleurs, et toujours selon nos informations, on a appris que certains dirigeants libyens se sont dirigés après la fin du match vers le commissaire de la rencontre pour essayer de défendre leurs joueurs et d'expliquer les raisons qui les ont poussés à agir de la sorte. Les Libyens ont précisé à Guezzaz que c'était soi-disant les joueurs algériens qui les avaient d'abord provoqués, citant le nom du numéro 9 (Ndlr, Djebbour) qui, selon eux, aurait lancé : «Vive Kadhafi» en direction d'un de leur joueur, à savoir Ali Salama. Ce dernier n'aurait donc pas supporté «l'insulte» et a enclenché les hostilités tout de suite après le coup de sifflet final de l'arbitre. Ahmed Saad et Ali Salama dans l'œil du cyclone Les deux joueurs côté libyen qui risquent fortement d'être sanctionnés par la CAF sont le capitaine Ahmed Saad et le défenseur Ali Salama. Ces derniers ont été les premiers à enclencher cette grosse bagarre et cela n'a pas échappé ni aux arbitres ni même au commissaire du match. Ces deux éléments vont très probablement rater la confrontation retour, prévue dans un peu moins d'un mois au stade Tchaker de Blida. Entouré et félicité par des dizaines de supporters à l'aéroport de Casa Mostefa : «J'ai pris ma revanche sur la défaite de Marrakech» Son vol sur Marseille étant prévu en fin de journée, Mehdi Mostefa a dû attendre seul longtemps à l'aéroport de Casablanca, ses coéquipiers étant déjà tous partis. Quelque 160 supporters algériens, qui devaient prendre le vol retour sur Alger, l'ont vu et reconnu. Ils l'ont aussitôt entouré pour le féliciter de sa prestation et de la victoire des Verts et pour prendre des photos avec lui. Avec humilité, il a répondu à toutes les sollicitations, faisant preuve de patience et de disponibilité. A un supporter algérien, il a eu ses mots : «Au-delà de la victoire, ce match était spécial pour moi. J'ai pris ma revanche sur la défaite de Marrakech.» Une défaite au sujet de laquelle il avait été l'un des joueurs les plus critiqués.
