«On veut régler le problème et avoir une excellente pelouse.» La pelouse du 5-Juillet, une galère depuis 1995. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, s'est exprimé hier sur les ondes de la Radio internationale à propos de la pelouse du stade du 5-Juillet, qui a causé la honte des Algériens mercredi passé à l'issue de la rencontre amicale ayant mis aux prises l'Algérie avec la Bosnie-Herzégovine. Il a déclaré : «Le stade du 5-Juillet sera fermé pour deux ou trois mois. J'y ai effectué une visite sur le terrain, il y a une vingtaine de jours et j'ai constaté que l'état de la pelouse était catastrophique. J'ai ainsi décidé de la rénover. Il faut savoir que l'état actuel de la pelouse du 5-Juillet ne permet pas le déroulement d'un match de football. En plus, je pense qu'avoir un stade de 70 000 places avec une telle pelouse, c'est un vrai gâchis ! On a entrepris les démarches administratives nécessaires et on va le fermer pour deux ou trois mois et non pas pour un an et demi comme on l'a fait par le passé. Il faut qu'il y ait une bonne pelouse pour demander un bon niveau des joueurs». «On veut régler le problème et avoir une excellente pelouse» Quant à la durée des travaux, Mohamed Tahmi estime qu'elle sera suffisante : «A chaque fois, on cherchait des solutions temporaires, mais cette fois, les dispositions sont prises. Ce n'est pas comme par le passé quand on fermait le stade pour une certaine durée, puis on y jouait deux matchs pour le refermer une seconde fois après la chute des pluies. Cette fois-ci, on veut régler le problème pour avoir une très bonne pelouse qui ne pourrait se détériorer même s'il neigeait, voilà notre objectif». «Une société nationale va s'en occuper» Le MJS, furieux après la désillusion de mercredi dernier, annonce que le dossier sera confié à une société nationale, estimant qu'en Algérie, il y a les capacités et les compétences pour réussir de belles pelouses, comme il le précise : «Quand on voit les pelouses de Sidi-Moussa ou Blida, on s'aperçoit qu'on a les capacités, les moyens et les compétences pour avoir d'excellents terrains gazonnés. De ce fait, le dossier a été ouvert depuis vingt jours et les dispositions nécessaires ont été prises. On va s'appuyer sur les rapports existants et on pourra recourir à d'autres rapports. Je vous annonce aussi que ce sera une société nationale qui s'occupera des travaux de réfection de la pelouse du 5-Juillet. Regardez les pelouses de Tchaker de Blida ou de Constantine, ce sont des sociétés nationales qui s'en sont occupées. Donc, on a des compétences chez nous». «Fini le bricolage, ce dossier va connaître sa fin» Pour le ministre Mohamed Tahmi, le problème du stade du 5-Juillet va connaître sa fin cette fois-ci. Il estime qu'il doit être mis un terme au bricolage et qu'une solution finale doit être trouvée : «Fini le bricolage sur la pelouse du stade du 5-Juillet. Il ne faut plus dire que le climat ne permet pas de jouer un match au 5-Juillet. Je pense qu'il faut régler une fois pour toutes ce problème de pelouse, son entretien et des conduites d'evacuation. Il faut que ce dossier connaisse sa fin et ce sera cette fois-ci». «En tant que responsables, on était gênés par cette pelouse» Pour conclure, le ministre s'est dit très gêné mercredi dernier par l'état de la pelouse : «En tant que responsables, on était vraiment gênés par l'état de la pelouse du 5-Juillet, mercredi passé. Alors que peut-on dire du simple supporter qui est venu de loin et sous la pluie ? Tous ceux qui sont impliqués dans cette situation doivent assumer leurs responsabilités». Enfin, interrogé sur le fait que certains joueurs bosniens voulaient interrompre le match à la mi-temps à cause de l'état déplorable de la pelouse, le ministre a répliqué : «Non, je ne le pense pas. Ce sont des joueurs professionnels. Certes, la pelouse était dans un état lamentable et a handicapé les deux équipes, mais je ne pense pas que le match allait connaitre son terme à la mi-temps». ---------------- La pelouse du 5-Juillet, une galère depuis 1995 A voir la colère et l'indignation — légitimes, cela va de soi — qui ont accompagné et suivi le match Algérie-Bosnie au sujet de l'état scandaleux de la pelouse du stade du 5-Juillet, certains feignent de se rendre compte de ce problème. Or, la détérioration du terrain de ce qui est considéré comme le stade national de l'Algérie ne date pas de mercredi passé. C'est même devenu une «constance» du football algérien depuis de nombreuses années. La direction actuelle de l'Office du complexe olympique est responsable de la situation actuelle, mais les précédentes directions n'en sont pas moins responsables, surtout que des milliards ont été engloutis dans des opérations successives, mais toutes infructueuses, de retapage de la pelouse. En 1990, JSK-N'kana Red Devils s'était joué malgré les fortes pluies De mémoire de supporter algérien, la dernière fois où le terrain du 5-Juillet avait été refait suivant les normes internationales et sans qu'il y ait des problèmes de drainage des eaux pluviales remonte à 1990. C'était l'année de la CAN organisée en Algérie, où la pelouse des deux stades retenus pour la compétition (le 5-Juillet d'Alger et le 19-Mai 1956 de Annaba) devait être irréprochable. Parce que les travaux de réfection, effectuées par une société italienne, avaient été bien faits, la pelouse résistait, même à de fortes chutes de pluies. Pour preuve, la finale aller de la Coupe d'Afrique des clubs champions entre la JS Kabylie et les N'kana Red Devils de Zambie, qui s'était déroulée au lendemain d'une nuit de pluies torrentielles en novembre 1990, soit 8 mois après la CAN, s'est déroulée dans de bonnes conditions. Le terrain était détrempée, mais tout à fait praticable. En 1995, «On va jouer ! On va jouer !», mais Algérie-Egypte avait été reporté Or, cela n'a pas été le cas en 1995, à l'occasion d'un match officiel contre l'Egypte. Prévue initialement pour le vendredi 6 janvier, la rencontre n'a pas pu se jouer, à cause de l'impraticabilité du terrain dû aux pluies. Le public, venu en force au stade du 5-Juiller, avait beau scander «On va jouer ! On va jouer !» afin que le match ait lieu, l'arbitre, voyant que le ballon roulait mal, avait refusé de donner le coup d'envoi, avec l'accord du commissaire du match. La confrontation avait été reportée pour le dimanche d'après (l'Algérie l'avait remporté 1-0). C'était la première «alerte» quant à la détérioration de la pelouse et la nécessité de la refaire. Les Hollandais avaient pourtant bien retapé la pelouse du stade de Constantine Depuis, de replâtrages en réfections, le problème a été géré au jour le jour. On avait cru à la fin du cauchemar il y a quelques années, lorsque le stade avait été fermé pour 18 mois pour, disait-on, refaire complètement le terrain, y compris le système de drainage et la terre, ainsi que les gradins, moyennant un budget de dizaines de milliards de centimes. D'ailleurs, il avait été fait appel à une entreprise hollandaise spécialisée dans les pelouses de stades et qui avait réussi à refaire le terrain du stade Hamlaoui de Constantine. Le résultat ? Nous le constatons depuis plusieurs années : il suffit de quelques heures de pluie pour rendre le terrain impraticable, voire même dégradant pour l'image de marque de l'Algérie. Les Hollandais ont réussi à Constantine, mais le résultat est moins bon à Alger. Pourquoi ? C'est aux responsables anciens et actuels du stade de nous l'expliquer.