«La convocation de M. Saâdane m'a fait oublier tous mes déboires» Remplacé par son entraîneur 26' seulement après son incorporation au cours du match Strasbourg-Arles, Bezzaz a quitté le stade de la Meinau sous les huées des supporters. Résultat immédiat : il est non convoqué pour le déplacement d'Ajaccio. Seule lueur d'espoir dans ce scénario noir : Saâdane continue à lui faire confiance puisqu'il vient de lui envoyer sa convocation pour le match face à la Zambie. Sollicité par les médias algériens et français, Bezzaz a choisi le Buteur pour s'exprimer sur les déboires qu'il a vécus à Strasbourg depuis la désignation de Pascal Janin à la barre technique. * Comment allez-vous Yacine ? Ça va El Hamdoullah, je suis en bonne santé et c'est cela le plus important malgré tout ce qui m'est arrivé lors du dernier match face à Arles. * Justement, beaucoup n'ont pas compris pourquoi l'entraîneur vous a incorporé avant de vous remplacer de nouveau. Pouvez-vous nous éclairer davantage ? Ce qu'a fait avec moi l'entraîneur qui ne fait qu'assurer l'intérim après le départ de Gilbert Gress est inadmissible. Et je n'ai pas hésité à le lui dire en fin de match. * Peut-on savoir ce qu'il vous a fait au juste ? L'entraîneur a décidé de me mettre sur le banc et j'ai accepté tranquillement sa décision. Il décide de me faire entrer en début de seconde mi-temps pour ensuite me faire sortir 26' plus tard. Il n'y a pas pire humiliation pour un joueur professionnel d'être traité de la sorte. * Comment expliquez-vous sa sortie médiatique le lendemain où il vous a traité de traître ? Pour moi, ce sont des propos graves. Admettons que je n'ai pas bien joué, ce qui est le cas du reste, a-t-il le droit de m'accuser d'avoir trahi mes coéquipiers ? A-t-il le droit d'avoir une telle attitude à mon égard ? Aucun entraîneur au monde n'aurait réagi de la sorte. Je ne suis qu'un joueur de football qui passe parfois par des moments difficiles et je ne pense pas mériter un tel acharnement. Je pense sincèrement que l'entraîneur avait besoin d'un bouc émissaire pour se justifier auprès du public et il l'a vite trouvé en la personne de Bezzaz. La preuve, à la fin du match, il m'a tenu un langage complètement différent en s'excusant presque de m'avoir fait sortir. Mais malgré ma forte personnalité, je n'ai pas accepté d'être traité de la sorte. A ce que je sache, je n'ai pas commis de crime. * Mais avouez que vous n'avez pas été à la hauteur ce soir-là… C'est vrai que je n'étais pas dans mon meilleur jour, mais si vous revoyez le match, vous verrez que j'étais isolé à chaque fois que j'avais le ballon. Sans le faire exprès, mes coéquipiers ne m'offraient pas beaucoup de solutions. Et puis je ne suis pas Maradona pour qu'on m'impute seul la responsabilité de la défaite. On était 11 sur le terrain et on était tous responsables avec l'entraîneur. * Est-il vrai que vous vous êtes excusé à vos coéquipiers pour votre mauvais rendement ? Oui, je l'ai fait le lendemain parce que j'étais le responsable direct de l'égalisation de l'équipe adverse en perdant le ballon et en donnant l'occasion à l'adversaire de mener un contre et de nous marquer le but d'égalisation. Je crois que c'était la moindre des choses surtout que nous tenions la victoire en main. Mais attention, cela ne veut pas dire que l'entraîneur a raison et j'ai tenu à le lui dire en face les yeux dans les yeux. * Que vous a-t-il dit ? Il pense que cette histoire a pris de grandes proportions alors que ça n'en valait pas la peine. Il m'a également dit qu'il n'avait jamais l'intention de m'humilier et que j'avais les qualités pour briller de nouveau. * Avez-vous été convaincu par son discours ? Je n'ai aucun commentaire à faire sur son discours. Tout ce que je peux vous dire est que je connais mes capacités et je sais que je vais bientôt rebondir. Ma confiance n'a pas été entamée, c'est le plus important. Ce que j'ai vécu contre Arles peut arriver à tout footballeur et je prouverai que j'ai la force mentale pour revenir en force que ce soit en club ou en sélection. Mon rendement moyen a une explication. * Laquelle ? Beaucoup oublient que je n'ai pas eu de vacances cette saison. Au mois de juin, j'ai participé avec l'équipe nationale aux rencontres des éliminatoires face à l'Egypte et la Zambie, je n'ai eu que quelques jours de vacances avant de reprendre l'entraînement avec Strasbourg afin de préparer une saison qui risque d'être longue et difficile que ce soit en club ou en sélection. Je sais que dans quelques semaines, vous allez voir le vrai Bezzaz. * Ne craignez-vous pas que l'entraîneur de Strasbourg s'acharne contre vous ? Que voulez-vous que je vous dise ? Lorsque j'ai eu une discussion avec lui, il m'a dit qu'il connaissait mes qualités et qu'il était convaincu de mon retour au premier plan. J'espère que c'est le cas. * Il ne vous a pourtant pas convaincu pour le déplacement d'Ajaccio… Peut-être qu'il veut m'éviter une pression supplémentaire après tout ce que j'ai vécu cette semaine. Il faudra attendre les prochaines journées pour voir plus clair, même si je ne suis pas sûr d'avoir sa confiance. * Pourquoi ? Bientôt, c'est le Ramadhan et tout le monde sait que je n'ai jamais badiné avec la religion. Ce sera peut-être une bonne excuse pour ne pas me faire jouer. * Comment ont réagi les joueurs à votre situation ? Ils ont été solidaires avec moi en essayant de me remonter le moral. Ils m'ont dit que ce qui m'est arrivé peut arriver à n'importe quel joueur et qu'il va falloir relever vite la tête. * Si vous êtes marginalisé en club, cela risque de se répercuter sur votre avenir en sélection. Y avez-vous pensé ? Tout joueur peut avoir un passage à vide et cela Saâdane le sait très bien. En ce moment, j'ai besoin de l'équipe nationale pour retrouver la confiance, surtout que je ne suis pas le premier joueur à avoir eu des problèmes avec son club et qui a été soutenu chez lui. J'ai confiance en Saâdane pour qu'il me tende une perche en ces moments difficiles. * La proximité de la rencontre face à la Zambie ne vous inquiète pas donc ? Pas du tout. Vous savez, quand je suis en sélection, j'ai un autre état d'esprit, j'oublie complètement ma vie professionnelle pour me concentrer à 100% avec la sélection de mon pays, d'autant plus que nous nous apprêtons à vivre des moments historiques si nous arrivons à réaliser notre rêve à tous qui est la qualification en Coupe du monde. * M. Saâdane vous a-t-il appelé ? Il ne m'a pas appelé, mais il a fait mieux en m'envoyant la convocation pour le prochain stage. Par ce geste simple, le sélectionneur m'a fait oublier tous mes déboires avec mon club. Ce n'est pas la première fois qu'il le fait. D'autres joueurs ont eu des problèmes avec leur club et ils n'ont trouvé que la sélection pour se rassurer. Lorsqu'il a eu des problèmes avec Gerets à Marseille, Ziani a été quand même convoqué par Saâdane et cela lui a fait beaucoup de bien au point où la saison d'après il a retrouvé tous ses moyens. La convocation que Saâdane m'a envoyée est arrivée au bon moment. A moi d'être à la hauteur. Entretien réalisé par R. B.