Le Mondial-2014 parasite les éliminatoires pour la CAN-2015 La Coupe d'Afrique des nations 2013 est terminée et relève désormais du passé. L'Algérie n'y a pas brillé -sur le plan des résultats, du moins-, mais est-ce une raison pour la jeter dans la poubelle de l'Histoire ? A bien y regarder, cette CAN est riche en enseignements sur les plans sportif, technique et mental. Des enseignements à prendre en considération avec sérénité si on veut grandir et apprendre de ses erreurs. Les préparations fastueuses aux Emirats et au Qatar ne servent à rien Le premier enseignement à tirer concerne la préparation. Toutes les sélections qui ont voulu voir grand en concoctant un plan de préparation fastueux se sont cassé les dents. L'exemple le plus frappant est celui de la Tunisie, dont le sélectionneur, Sami Trabelsi, avait insisté pour avoir 7 matches amicaux au programme et pour effectuer sa préparation au Qatar et aux Emirats arabes unis. Il a obtenu 4 rencontres amicales et la préparation dans les deux pays qu'il a choisis, contre l'avis de l'ancienne star tunisienne et actuellement ministre de la Jeunesse et des Sports, Tarek Dhiab, pour un résultat piteux : élimination au premier tour. Idem pour la Côte d'Ivoire qui s'est préparée à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, pour un résultat similaire. A l'inverse, le Burkina Faso, finaliste de la CAN, et le Mali, demi-finaliste, se sont contentés d'une préparation à domicile, avec un déplacement en Afrique du Sud une semaine avant le début du tournoi pour une seule rencontre amicale au programme de chacun d'eux. Le Nigeria, qui a été sacré, avait effectué une préparation à Faro, au Portugal, parce qu'un match amical avec la sélection de la Catalogne avait été programmé dans la région. Donc, aller dans des pays exotiques ou multiplier les matches amicaux ne sont pas des gages d'une préparation optimale. Le Burkina-Faso l'a démontré : l'inexpérience est un faux-fuyant Le deuxième enseignement de la CAN-2013 est que l'expérience n'est pas un paramètre décisif pour réussir un bon parcours. En théorie, les sélections les plus expérimentées parmi celles qui ont participé sont celles de la Côte d'Ivoire, finaliste lors de deux des quatre précédentes éditions (2006 et 2012), du Ghana, finaliste en 2010 et présente dans le dernier carré durant les trois précédentes éditions (2008, 2010 et 2012) et la Zambie, tenant du trophée. Or, aucune de ces sélections n'a atteint la finale. A contrario, le Nigeria, absent de la précédente édition, et le Burkina Faso, qui n'a jamais pu passer le premier tour depuis 15 ans, ont animé la finale alors même que, dans leurs propres pays, on ne donnait pas cher de leur peau. Que dire alors du Cap-Vert, qui en était à sa première participation dans une phase finale et qui a quand même franchi le premier tour et bousculé le Ghana en quart de finale ? L'inexpérience, présentée comme une contrainte pour la sélection algérienne avant le début du tournoi au regard de son absence à la précédente édition et du rajeunissement de l'équipe, se révèle donc un faux-fuyant. La valeur de l'entraîneur est plus importante que celle des joueurs Autre enseignement à tirer : le travail de sélectionneur est important, voire décisif. Les sélections ayant émergé lors de cette CAN ont bénéficié des services de coaches qui n'étaient pas en service lors de la précédente édition, preuve que leur apport a été pour quelque chose dans les performances de leurs équipes. Stephen Keshi, Paul Put, Patrice Carteron et Kwasi Appiah ont fait progresser respectivement le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali et le Ghana. Il en est de même, à un moindre degré, pour le Capverdien Lucio Antunes, le Français Claude Le Roy et même pour le Bosniaque Vahid Halilhodzic qui ont mis ou remis le Cap-Vert, la RD Congo et l'Algérie en phase finale d'une CAN. En revanche, Sabri Lamouchi a fait reculer la sélection de Côte d'Ivoire, qui n'est même pas parvenue à se qualifier pour les demi-finales alors qu'en 2012, elle avait été finaliste et avait même terminé le tournoi sans avoir encaissé le moindre but. Comme quoi, il ne sert à rien d'avoir des Didier Drogba, Yaya Touré et autres Gervinho s'il n'y a pas un sélectionneur capable d'en tirer le meilleur. Quelle que soit la valeur intrinsèque du groupe de joueurs, c'est celle de l'entraîneur qui est décisive. Que n'a-t-on vu des joueurs moyens constituer une équipe solide grâce à l'apport d'un entraîneur compétent ? Il a manqué à Halilhodzic l'audace et la confiance Tous ces enseignements amènent à une conclusion : vraiment, les Verts auraient pu mieux faire. Les appréhensions de Halilhodzic liées à la qualité de la préparation et au manque d'expérience de ses joueurs n'avaient pas lieu d'être puisque des sélections moins bien préparées et moins expérimentées ont pu aller très loin. Le travail du sélectionneur s'est ressenti sur le terrain à travers un fond de jeu intéressant qui a emballé les observateurs, même si le manque de finition est à regretter. Donc, la valeur du coach national n'est pas remise en cause. Néanmoins, il a manqué quelque chose au coach : être audacieux et transmettre à ses joueurs de la confiance. Lui aussi, autant que les joueurs, doit apprendre de ses erreurs. ------------------- Le Mondial-2014 parasite les éliminatoires pour la CAN-2015 Le passage de la CAN-2013 au cycle des années impaires a réglé le problème de la concomitance de la CAN avec un Mondial, mais cela ne se fait pas sans quelques désagréments. Le plus important d'entre eux est la rareté des dates FIFA pour la programmation des matches éliminatoires. En effet, comme la Coupe du monde ne «croisera» plus la Coupe d'Afrique des nations, il y aura un problème pour trouver des dates et faire disputer les éliminatoires distinctes des deux compétitions. Avec le Mondial et la CAN la même année, les éliminatoires communes réglaient le problème Du temps où le Mondial et la CAN se déroulaient la même année, le problème ne se posait pas, puisque la FIFA et la CAF avaient trouvé un accord pour faire jouer des éliminatoires communes aux deux compétitions. Cela permettait d'exploiter les quelques dates FIFA figurant au calendrier international annuel, lesquelles sont encore plus réduites pour les sélections africaines puisque les semaines internationales (deux dates FIFA la même semaine) ne sont jamais mises à profit en Afrique, du fait qu'il est impossible de voyager rapidement et à n'importe quel moment pour rejoindre un autre pays, au lendemain d'un match. Impossible d'entamer cette année les éliminatoires pour la CAN-2015 Or, à présent que la Coupe du monde et la CAN ne se chevauchent plus, il faut trouver des dates distinctes pour les éliminatoires de chacun des deux tournois. A présent que la CAN-2013 est achevée, il y aura des éliminatoires pour la prochaine édition, prévue en 2015 au Maroc, mais elles ne peuvent pas avoir lieu cette année, puisque les dates FIFA de 2013 sont déjà réservées pour les éliminatoires pour le Mondial-2014. Donc, impossible d'entamer les éliminatoires avant l'année 2014. Or, même le début de cette année-là ne peut pas être exploité par la CAF (sauf pour le tour préliminaire) puisque les sélections africaines qualifiées pour la Coupe du monde doivent exploiter la seule date FIFA des six premiers mois, celle du 5 mars 2014, pour disputer un match de préparation. Il n'y a rien à dire : le Mondial-2014 parasite les éliminatoires pour la CAN-2015. Les éliminatoires à partir de septembre 2014, soit 4 mois seulement avant la CAN Voilà ce qui explique que ce n'est qu'au mois de septembre 2014, soit 4 mois seulement avant le début de la CAN-2015, que les éliminatoires auront effectivement lieu. Il s'agira vraisemblablement d'éliminatoires express puisqu'il faudra tout boucler avant novembre 2014, afin de pouvoir effectuer le tirage au sort de la phase finale. Dur, dur de trouver une formule d'éliminatoires en format de mini-championnats ! Pourtant, la CAF a affirmé vouloir adopter ce format pour les éliminatoires, mais il est fort à parier qu'elle sera dans l'obligation de reconduire la formule de qualification pour la CAN-2013, à savoir une seule confrontation en aller-retour pour les sélections ayant participé à l'édition qui vient de s'achever, dont l'Algérie, après un tirage au sort partiellement dirigé (les 15 sélections les mieux classées dans un chapeau, les 15 autres dans un autre). Comme une qualification dans des matches à élimination directe est toujours aléatoire, des surprises retentissantes ne sont pas à exclure.