«Belfodil et moi avons parlé de la CAN, comme deux Algériens» «Mon rapport avec Ghoulam a été optimal, comme avec Belhadj» Depuis la fin de la CAN-2013, Djamel Mesbah est dans un nouveau club : le FC Parme. Il a comme nouveau coéquipier Ishak Belfodil, pressenti pour rejoindre bientôt la sélection nationale. Sur son actualité, la participation des Verts à la dernière CAN, ses rapports avec son «concurrent», Faouzi Ghoulam, et les perspectives d'avenir, il s'exprime dans cet entretien qu'il nous a accordé hier. A votre retour de la CAN-2013, vous avez intégré votre nouveau club, le FC Parme, avec lequel vous avez déjà joué quelques matches. Comment s'est faite votre intégration à votre nouveau club ? Je suis arrivé dans une équipe avec un super groupe. L'intégration s'est donc faite facilement. Maintenant, j'espère qu'on va retrouver la victoire parce que Parme n'a pas encore gagné en 2013. J'espère qu'on retrouvera la victoire le plus vite possible. Toutes les équipes ont une petite période de flottement au cours d'une saison. Pensez-vous que Parme est en train de vivre sa mauvaise période actuellement ? Par rapport aux bons résultats, oui. Pourtant, sur le terrain, nous montrons de belles choses. Cela dit, si on voit bien le classement, il n'y a pas de quoi être inquiet. Nous sommes jugés par les résultats, mais nous avons quand même une bonne équipe et, à mon avis, il faudra se reprendre le plus vite possible. Il reste 12 matches, donc 36 points à prendre. Nous allons essayer de faire le maximum pour prendre le plus de points possible. Quel est le rôle qui vous est dévolu dans l'équipe ? Avez-vous des tâches purement défensives ou bien avez-vous la liberté de monter et permuter comme vous le faisiez à Lecce et un peu aussi à l'AC Milan ? Je joue comme je le fais d'habitude. Donadoni est un entraîneur qui prône un jeu tourné vers l'avant. C'est clair que les latéraux sont plus offensifs. C'est le même rôle que j'ai eu à Lecce et à Milan. Vous sentez-vous physiquement émoussé, après avoir joué trois matches pleins à la CAN ou bien vous sentez-vous, au contraire, affûté ? Personnellement, les matches de la CAN et les rencontres amicales disputées avant m'ont fait beaucoup de bien sur le plan physique. Je me sens bien et plus motivé pour le reste de la saison, que ce soit avec Parme ou l'Equipe nationale. Pour en terminer avec votre club, quelles sont vos ambitions pour le reste de la saison ? Essayer de terminer à une place européenne ? A titre personnel, est-ce de vous affirmer au sein de votre équipe ? Sur un plan collectif, l'objectif est de gagner autant de points que lors de la première partie du championnat. A titre personnel, mon objectif est de donner le maximum, comme je l'ai toujours fait et contribuer à faire de bons résultats jusqu'à la fin de la saison. Cela fait presqu'un mois que le parcours de l'Algérie a pris fin à la CAN-2013. Avec du recul et à tête reposée, quelle analyse faites-vous de la participation algérienne à ce tournoi ? Au niveau des résultats, cela a été un parcours négatif pour nous. Cependant, il y a eu des aspects positifs. Nous avons prouvé à toute l'Algérie que nous avons une bonne équipe, une équipe d'avenir. C'est vrai qu'il manque quelques détails pour faire des résultats à ce niveau, mais avec du recul, nous savons, nous les joueurs, qu'il reste encore beaucoup de travail. A mon avis, avec la Coupe d'Afrique, nous avons engrangé beaucoup d'expérience pour faire de bons résultats dès le mois de mars avec la reprise des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014. Les observateurs ont noté qu'il y avait du jeu et des occasions de but dans la prestation de la sélection, mais le manque d'efficacité est criard et, en votre qualité de joueur évoluant en Italie, vous savez que le réalisme est la finalité dans le football. Comprenez-vous la frustration de ceux qui estiment que c'est beau de bien jouer, mais qu'il faut surtout être efficace devant le but ? C'est clair ! L'équipe a un fond de jeu, mais cela ne suffit pas à ce niveau. Je parle de tous les joueurs. Je ne peux pas accabler les attaquants seuls, car on perd ensemble et on gagne ensemble. Il a manqué de l'efficacité dans notre jeu et c'est ce que nous chercherons à corriger à l'avenir. Il faudra retrouver l'efficacité et la détermination. Chacun de nous doit travailler un peu plus pour acquérir ce qui nous a manqué en Coupe d'Afrique. Il y a un peu moins de deux ans, la défense encaissait beaucoup de buts, mais vous refusiez d'incriminer les défenseurs seuls, estimant que vous gagniez tous ensemble et que vous perdiez tous ensemble. Vous maintenez, donc, votre philosophie en refusant à présent de faire porter le chapeau aux seuls attaquants ? Ma conception du football, vous la connaissez : tout le monde attaque et tout le monde défend. De plus, même les défenseurs ne sont pas exempts de reproches puisque nous avons encaissé 5 buts. C'est beaucoup en 3 matches. Raison de plus pour n'accabler personne. Nous partageons tous la responsabilité du manque d'efficacité constaté devant le but adverse. Cela dit, il ne faut pas tout détruire. Nous sommes quand même un bon groupe, très solidaire. Il faut garder ça et apporter les petites choses qui manquent pour retrouver l'efficacité. Vous avez l'habitude des grands matches et des adversaires de renom en Europe et, durant la CAN, vous avez aussi affronté quelques grands noms du football africain. Qu'est-ce que cette CAN vous a apporté sur un plan sportif ? Nous avons joué contre de grandes équipes d'Afrique. Au niveau personnel, cela m'a enrichi pour la suite et pour la grande ligne droite pour aller en Coupe du monde. Sur notre parcours, il y aura certainement des équipes de ce niveau. J'ai découvert et vu ce qu'est une compétition de haut niveau comme la Coupe d'Afrique des nations et, à présent, je peux dire que j'ai tout le bagage pour réussir les qualifications pour le Mondial. Vous avez agréablement surpris le public algérien en jouant à un haut niveau alors que vous reveniez de blessure et manquiez de compétition. Avez-vous été vous-même surpris par votre rendement ? Surpris, non. J'ai été blessé pendant deux mois seulement, pas pendant une année. J'étais convaincu à 120 % que j'allais être à la hauteur. J'ai aussi fait une bonne préparation en Afrique du Sud et cela m'a beaucoup servi. J'ai aussi personnellement travaillé dur à l'AC Milan. Franchement, je n'ai pas été surpris par mon rendement. Je savais que j'allais être présent sur les plans physique et mental. Les gens qui me connaissent n'ont pas été surpris eux non plus. Avec un manque de compétition et pas beaucoup de temps de jeu, on pouvait s'attendre à ce que je sois moins performant, mais j'étais convaincu que j'allais être à la hauteur comme je l'ai toujours été avec l'équipe d'Algérie. Durant le mois que vous avez passé ensemble, l'entente a-t-elle été bonne entre vous et Faouzi Ghoulam qui était nouveau dans la sélection et qui évolue au même poste que le vôtre ? Oui, elle a été très bonne. Il s'est très bien intégré dans le groupe. Je le répète encore : c'est un bon joueur. Cela fait du bien à la sélection que de tels jeunes talents viennent la renforcer. Le rapport entre lui et moi a été optimal, comme il l'avait été avec Nadir (Belhadj, ndlr) les années précédentes. Je lui souhaite de tout cœur beaucoup de belles choses avec l'Equipe nationale à l'avenir. Il est arrivé, il a fait son travail. C'est clair que tout le monde veut jouer, c'est normal. Je lui souhaite beaucoup de bonheur et qu'il continue à travailler et il enchaînera beaucoup de participations avec la sélection nationale. Il devait jouer contre la Côte d'Ivoire, mais il s'était blessé. Cela ne vous aurait-il pas dérangé qu'il joue ce match ? Non, pas du tout ! Vous savez, il n'y a aucun problème de mon côté. J'ai toujours la mentalité de respecter les choix du coach. S'il avait joué ce match, cela aurait été bien pour lui afin d'engranger de l'expérience au niveau international. Il est encore jeune ; il a encore le temps et j'espère qu'il aura la possibilité de prouver au public algérien qu'il est à la hauteur pour être dans cette équipe. Un autre jeune joueur va bientôt intégrer la sélection nationale et il joue, tout comme vous, au FC Parme : Ishak Belfodil. A présent que vous avez l'occasion d'apprécier de près son talent, pensez-vous qu'il est à même d'apporter quelque chose à la sélection ? Je le connais un peu mieux depuis que je suis à Parme. C'est un joueur très talentueux. Au regard du talent qu'il a, il peut apporter beaucoup à l'Equipe nationale à l'avenir. Vous a-t-il posé des questions sur la participation de la sélection nationale à la CAN ? A-t-il cherché à en savoir un peu plus sur l'ambiance au sein du groupe ? Nous en avons parlé naturellement, comme deux Algériens. C'est clair qu'il suit beaucoup le parcours de l'Equipe nationale. Il n'est pas surpris qu'il y ait une bonne ambiance. Le jour où il viendra en sélection, c'est sûr qu'il donnera le maximum pour cette équipe. Hier (dimanche, ndlr), il est sorti sur blessure après seulement 25 minutes de jeu. Rassurez-nous : sa blessure est-elle grave ou non ? Non, je pense qu'il n'a rien de grave. Il s'est tourné un peu la cheville, mais il n'y a rien d'alarmant. Un autre joueur évoluant en Italie est pressenti pour renforcer la sélection algérienne : Saphir Taïder, joueur de Bologne, même si sa venue fait l'objet d'un petit feuilleton. L'avez-vous croisé sur les terrains et, si c'est le cas, pensez-vous que son apport peut être intéressant ? J'ai vu quelques matches de lui. De plus, j'ai joué contre lui lorsque j'étais à Milan. C'est un bon joueur et je pense qu'il peut lui aussi apporter beaucoup à la sélection nationale. Il a beaucoup de qualités physiques et techniques. Il est quand même titulaire à Bologne, à son âge (il bouclera ses 21 ans vendredi prochain, ndlr), et ce n'est pas rien. Je lui souhaite de jouer beaucoup de matches avec Bologne et s'il choisit l'Algérie, je suis persuadé qu'il donnera le maximum. Après la CAN, des voix se sont élevées pour exiger le départ de Vahid Halilhodzic sous prétexte qu'il a échoué dans sa mission, mais vous les joueurs, vous vous êtes montrés solidaires de lui en estimant que vous portez également une part de responsabilité dans cet échec en ne concrétisant pas les occasions de but qui se sont présentées. Prônez-vous la stabilité et la continuité ? C'est clair. Cela fait une année et demie que nous sommes ensemble et je peux vous dire que ce groupe est toujours derrière son coach. Les objectifs étaient la CAN et aussi la qualification à la Coupe du monde 2014. Nous ne sommes pas encore dehors dans cette dernière compétition. La CAN que nous avons vécue nous servira d'expérience pour la suite. Je veux ajouter quelque chose : nous étions quand même dans un groupe difficile. Si les gens pensaient que nous allions gagner la Coupe d'Afrique comme ça, ils se sont trompés. Personnellement, j'étais très optimiste car nous possédons une jeune équipe talentueuse, mais gagner la CAN maintenant aurait été un grand exploit. Nous allons tirer beaucoup d'expérience de cette compétition. Donc, vous êtes à fond avec Halilhodzic ? Oui et c'est le cas de toute l'équipe. La victoire est primordiale lors du match du mois de mars contre le Bénin et tout le monde est mobilisé pour cet objectif. Doit-on comprendre que vous êtes impatient qu'arrive ce match face au Bénin afin de gagner et rétablir la confiance avec le peuple algérien ? C'est bien ça. Nous pensons à ce match depuis le jour qui a suivi notre élimination de la CAN. Il nous faut cette victoire. J'espère que le public algérien sera à nos côtés, comme il l'a toujours été. Je peux assurer à tous les Algériens que nous ferons un grand match car il est très important pour les joueurs de ma génération.