«Madjer reste une légende, un exemple pour nous les jeunes.» Après plus de huit heures de train qui nous a fait traverser l'Italie du sud au nord et une dernière trotte en taxi, nous arrivons enfin à Appiano Gentile où le très chic Angelo Moratti Sport Centre est magnifiquement «planté» au milieu d'une forêt dense. L'attachée de presse de l'Inter, une magnifique Italienne que le sourire ne quitte presque jamais, nous fait la fleur d'interviewer Saphir Taïder en aparté, à la fin de la conférence de presse protocolaire. En attendant, elle nous propose de prendre un pot. L'angoisse de passer à côté s'étant dissipée, l'interview peut commencer. Taïder, à nous deux ! Saphir Taïder, votre carrière a connu un envol ces dernières semaines ; vous êtes un cadre incontournable de la sélection d'Algérie et un nouveau joueur de l'Inter de Milan, fraîchement transféré, comment gérez-vous ce succès naissant ? Je n'appellerais pas ça un succès. Il est vrai que cela se passe super bien pour moi, que ce soit en sélection, bien que nous soyons tous des joueurs importants, ou en club. Je suis heureux de mon transfert à l'Inter. Toutfois, ce n'est pas une fin en soi. Je dirai plutôt que tout ça, c'est le fruit d'un travail acharné. Je suis un homme passionné qui aime repousser ses limites. Si je suis ici, ce n'est pas seulement pour le prestige, mais pour jouer, progresser et gagner des titres. Je veux continuer à gravir les échelons. Votre transfert à l'Inter a mis quand même du temps à se concrétiser, Bologne ayant refusé de vous céder dans un premier temps, n'aviez-vous pas eu peur à un moment ou un autre que ça tombe à l'eau ? Contrairement à ce que peuvent penser beaucoup de gens, mon transfert a mis effectivement beaucoup, beaucoup (sic) de temps à se concrétiser. Ça a trainé pendant des semaines. Bologne a effectivement repoussé plusieurs offres de l'Inter, mais comme ce club me voulait vraiment, il a consenti l'effort nécessaire pour m'avoir. Et puis à Bologne, ils ont compris à un moment donné que j'avais vraiment envie de passer ce cap. El Hamdoulah, la suite a pris la forme d'un happy end ! On vous a cité, à une période de l'été, à Manchester United ; on a même évoqué une offre financière, les choses sont-elles vraiment arrivées à ce stade ? Non ! Non ! Je ne pense pas qu'il y ait eu une quelconque offre. En tous les cas, personnellement, je n'ai pas été mis au courant. Après, vous savez, dans la presse, ça spécule beaucoup. Mais au risque de me répéter, il n'y a jamais eu d'offre financière. Quel a été le discours de l'entraîneur Mazzarri à votre arrivée ? Son discours a été très motivant. Vous savez, Mazzarri me connaît bien. Il m'a dit que ça fait deux ans qu'il me suivait et qu'il me voulait dans son équipe. Quels sont ses projets pour vous ? Je pense que ses projets tournent autour du collectif. Après, mes projets, c'est de progresser vite et de m'imposer. Comme je l'ai dit aussi, je suis là pour gagner des titres. Je sais au fond de moi que l'Inter peut m'offrir cette possibilité. Mazzarri vous a fait jouer une première fois, après seulement deux séances d'entraînement, est-ce un gage de confiance de sa part ? Oui, on peut toujours voir les choses sous cet angle. J'ai été honoré par sa confiance. Après, il ne faut pas s'arrêter là. Comme je le dis à chaque fois, ça n'a doit pas être une fin en soi. Moi, je vise toujours plus haut. La communauté algérienne de l'Inter s'agrandit avec la présence d'Ishak Belfodil, sa présence au club doit vous «faciliter la vie», bien qu'il soit arrivé relativement au même moment que vous ? Nous sommes déjà très fiers de représenter la communauté algérienne de l'Inter. Notre objectif est d'honorer l'Algérie et ses supporters. Pour répondre à votre question, je suis heureux que Belfodil soit là. Bien que le problème de la langue ne se pose pas pour moi, c'est toujours un plaisir de l'avoir comme coéquipier, d'autant que cela fait des années qu'on se connaît. Comme on est deux bons amis, sa présence m'est vraiment agréable. Saviez-vous qu'avant vous, Rabah Madjer, incontestablement l'un des plus grands joueurs du football algérien, était sur le point de signer à l'Inter au début des années 90 ? (Enthousiaste) Ah bon ! Non, je ne le savais pas. A cette époque, je n'étais pas encore né. Madjer reste une légende, un exemple pour nous les jeunes. Bah, on est heureux de le représenter, lui et tout le peuple algérien, à l'Inter. Parlez-vous de la sélection ? (Il sourit) Oui, oui ! On en parle et plus souvent que vous ne puissiez l'imaginer. La sélection est naturellement dans les esprits. Comme, les échéances sont proches, on en parle en aparté. Quel souvenir garde-t-il de sa première sélection ? Un bon souvenir. Il est plein d'enthousiasme. Nous gardons tous un bon souvenir de l'ambiance à Blida, du public, toujours derrière nous. Ce sont des moments qu'on n'oublie pas du jour au lendemain. En sélection, nous savourons chaque moment. C'est un truc à part. La sélection d'Algérie prend de l'envergure grâce à des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs d'Europe, doit-elle par conséquent revoir ses ambitions à moyen et long termes ? C'est une bonne chose pour l'Algérie. C'est un gage d'expérience pour le groupe. Après, il ne faut pas griller les étapes. Moi, je pense qu'on devrait s'adapter aux exigences du moment. Je ne vais pas me mettre à tracer des objectifs. Il y a des gens compétents pour le faire. A nous de relever les défis, quel qu'en soit leur nature... L'attachée de presse vient et nous fait savoir que le temps imparti à l'interview était largement dépassé. La belle blonde nous fait signe d'arrêter, non sans esquisser un beau sourire à vous inciter à vous exécuter sans ronchonner. (ndlr). Saphir, merci d'avoir été patient et de prolonger le jeu des questions réponses avec Le Buteur ... Non, c'est un plaisir. Encore une fois, merci et à la prochaine fois, j'espère... C'est quand vous voudrez...