«Avec l'Union Berlin, je suis remonté de la 5e à la 2e division en 4 ans» Quasi inconnu il y a encore quelques mois, Karim Benyamina commence à faire parler de lui dans la presse allemande. Attaquant à l'Union Berlin, deuxième club de la capitale de l'Allemagne, derrière le Hertha Berlin, qui a accédé en 2e division, il fait montre d'une redoutable efficacité. Même s'il se révèle un peu sur le tard (il a 27 ans), les observateurs lui prédisent de gros progrès encore à l'avenir. Conscient qu'il vient de très bas, il se montre humble et refuse le statut de star. * Alors que votre club, l'Union de Berlin, est monté l'été dernier en Bundesliga 2, vous vous faites petit à petit un nom dans le championnat grâce à vos talents de buteur. Vous attendiez-vous ? Franchement, non. J'essaye de faire mon travail du meilleur que je peux, sans me prendre la tête. Il se trouve que ça marche bien pour moi. Tant mieux ! * Cela marche plutôt pour vous depuis que vous avez rejoint l'Union Berlin en 2005… Effectivement, c'est un tournant dans ma carrière. Je suis arrivé dans ce club alors qu'il était en 5e division. Là, 4 ans après, il est en 2e division. Nous avons donc réalisé 3 accessions en 4 ans, soit une moyenne de presqu'une accession par saison. C'est fabuleux ! * Comptez-vous continuer sur votre lancée et accéder en Bundesliga ? L'objectif pour nous, cette saison, est surtout de nous maintenir en 2e division et d'acquérir de l'expérience. L'accession en Bundesliga sera pour les prochaines saisons. * Pourtant, vous occupez la deuxième place pour le moment et il y a trois clubs qui accèdent. Vous êtes quand même bien partis… Oui, sans doute et nous ne cracherons pas, bien sûr, sur l'accession si elle nous tend les bras. Cependant, le chemin est encore long car nous n'en sommes qu'au début. En tout cas, c'est mon souhait d'évoluer en Bundesliga. * Avec les nombreux buts que vous marquez, il y aura certainement des clubs de la Bundesliga qui s'intéresseront à vous, même si l'Union Berlin n'accèdera pas… On verra bien. En tout cas, je suis ambitieux, mais sans trop me prendre la tête. * Vous avez inscrit récemment un but similaire à celui qu'avait marqué Marco van Basten contre l'URSS en finale de l'Euro-88 : une reprise de volée du droit dans un angle fermé… (Rires) Justement, à la fin du match, tout le monde m'a parlé du but de Van Basten, surtout la presse locale. Cela m'a beaucoup amusé. D'ailleurs, on me compare depuis à Van Basten dans ma façon de marquer. C'est un peu exagéré, mais c'est comme ça la presse (rires). * Vous n'étiez pas encore né lorsque Van Basten avait inscrit ce fameux but, mais l'avez-vous vu en vidéo ? Bien sûr ! Surtout après avoir inscrit le mien. * Quand on inscrit des buts pareils et que les médias parlent de vous, on est en droit d'espérer d'être appelé en sélection, non ? Assurément et c'est mon rêve d'être appelé en sélection d'Algérie. Cependant, je suis réaliste : je ne pense pas avoir le niveau pour jouer en sélection. Je ne suis qu'un joueur de 2e division allemande. D'ailleurs, je n'ai évolué que dans les divisions inférieures. * Pourquoi vous dévaloriser pour autant ? Karim Matmour, Chadli Amri et Noureddine Daham ont tous été en sélection algérienne, alors qu'ils évoluaient en Bundesliga 2… C'est vrai et j'aimerais tant faire comme eux, mais je me dis dans un coin de ma tête que je n'ai peut-être pas le niveau. Peut-être que c'est juste que je me fais de mauvaises idées. Ce qui est certain, c'est que je rêve de défendre les couleurs de l'Algérie. * Suivez-vous le parcours des joueurs algériens évoluant en Allemagne et celui de l'équipe nationale ? Evidemment ! Je sais que Karim Ziani est à Wolfsburg, Anthar Yahia est à Bochum et Karim Matmour est à Mönchengladbach. Je suis leurs performances et leurs résultats. Je me tiens aussi informé de l'actualité de l'équipe nationale à travers les sites anglais et allemands qui en parlent. * Vous ne comprenez donc pas le français ? Non, pas du tout. Etant né en Allemagne, je ne connais que l'allemand, l'anglais que j'ai appris à l'école et un peu d'arabe que je parle avec mon père et avec la famille lorsque je vais en vacances à Alger. * Il vous arrive souvent d'y aller ? Avant, j'y allais chaque année, mais je n'ai pas pu le faire ces quatre dernières années car la préparation d'intersaison se fait en été et je ne peux pas y échapper. Cela dit, l'Algérie me manque, surtout La Glacière, le quartier dont mon père est originaire. * Et votre mère, elle est Algérienne ? Non, elle est Allemande. Elle se prénomme Andrea, alors que mon père se prénomme Moussa. Je suis né à Dresde, une ville que nous avons quittée pour nous installer à Berlin-Est alors que j'avais 3 ans. * Que connaissez-vous du football algérien ? La sélection nationale et l'USM El Harrach, dont je suis supporter, comme l'est mon père. C'est normal, nous sommes du quartier La Glacière, un fief de l'USMH. * Entretien réalisé par Farid Aït Saâda