Chaouchi l'avait déstressé avant son premier match . Pour avoir un rendez-vous avec Essaïd Belkalem, il faut non seulement se soumettre aux obligations protocolaires qu'imposent les clubs professionnels, qui veulent que l'on obtienne d'abord l'accord de l'attaché de presse, mais il fallait aussi convaincre le joueur de nous recevoir. Très discret depuis son arrivée à Watford (Championship, Angleterre), le défenseur international n'a communiqué jusqu'ici qu'en de très rares occasions. Ce qui ne l'a pas empêché de nous recevoir à Londres pour les besoins de l'interview. Comme à son habitude, le défenseur international a parlé de tout, son actualité, ses projets à court et à moyen termes avec la sélection, sans éluder les questions inhérentes aux Algériens d'Angleterre et d'ailleurs. Il a insisté pour que nous choisissions le lieu de rendez-vous Ça fait partie du personnage. Essaïd Belkalem ne fait jamais les choses à moitié. Genre des réponses langue de bois, au revoir et merci. Le défenseur de Watford s'est investi à fond dans cet échange au point où il nous a laissé le choix du lieu de notre rencontre. Non, sans façon ! Nous le laissons choisir. Rendez-vous est pris à l'avenue Oxford, que ni la nuit, ni le temps frisquet ne désemplit. Rendez-vous est pris à Oxford Street Essaïd Belkalem n'a pas cogité longtemps pour fixer le lieu du rendez-vous. L'ancien joueur de la JSK nous a fixé rendez-vous en fin d'après-midi à Oxford Street. Le joueur n'habite pas loin. Il était environ 16h lorsque nous nous sommes retrouvés à la bouche du métro donnant sur Oxford Street. Autour d'une table au café Costa Le dépaysement n'a pas fait perdre à Belkalem ses bonnes habitudes d'Algérien. Bien que ce fût la première rencontre du genre, le défenseur de Watford a insisté pour nous convier à prendre un café. Coin choisi : le café Costa, un établissement où le défenseur a ses habitudes. C'est là qu'a eu lieu l'échange. L'atmosphère agréable des lieux a détendu le ton de l'interview. Belkalem s'est confié sans retenue sur tout. Il n'a éludé aucune question. Il a déjà tous ses repères, carrément bon pour faire le guide ! Essaïd Belkalem n'était pas pressé de prendre congé de nous. Le défenseur a prolongé la rencontre de quelques instants, le temps de nous faire découvrir quelques beaux quartiers de Londres. Belkalem qui a visiblement eu le temps de bien connaître la ville s'est proposé de faire le guide. Trop d'honneur ! C'est dans ces rues que le joueur aime à se promener en dehors des heures d'entraînement et de regroupement. Ça lui permet de se distraire un peu et de s'occuper l'esprit. Il s'est proposé de nous raccompagner à la station Essaïd Belkalem a fait bon hôte depuis la première minute de notre rencontre. Le défenseur qui nous a fait visiter quelques beaux endroits de Oxford Street, a insisté pour nous raccompagner à la station de métro avant de vaquer à ses occupations. Il faut dire que le joueur n'est pas du genre oisif, malgré la blessure. Le défenseur a trouvé comment meubler utilement son emploi du temps. Toujours au fait de tout ce qui a trait à la JSK Fait notable : Essaïd Belkalem n'oublie pas d'où il vient. Le joueur reste fidèle à la JSK malgré la réussite et la distance. Au cours de notre échange, nous avons découvert un joueur très au fait de ce qui a trait à son ancien club. Il n'a rien raté de son actualité. Le défenseur s'informe au quotidien de l'actualité du football algérien. Mercato, compétition, il passe tout au peigne fin. Jouer à la JSK, un rêve d'enfance Chaque joueur a rêvé, petit, d'être quelqu'un. Médecin ? Pilote ? Magicien ? Essaïd Belkalem, lui, n'a pas raté sa vocation. Le défenseur a rêvé depuis tout petit d'être footballeur. A l'époque des interminables parties de pousse-baballe dans la rue, Essaïd Belkalem rêvait déjà d'intégrer les rangs de la JSK un jour. Le temps passe et le joueur est devenu l'un des illustres joueurs ayant fait leur passage à la JSK. Watford, une simple station avant d'aller plus loin ! Arriver à Watford ne constitue en rien une fin en soi pour le natif de Mekla qui entend bien repousser ses limites. Comme il n'est pas interdit de rêver, Essaïd Belkalem, poussé par son ambition de viser toujours plus haut, se voit passer les caps l'un après l'autre et pourquoi pas jouer dans l'un des grands clubs d'Europe. Pour un défenseur qui s'est forgé dans l'adversité, rien n'est impossible. Tout vient à point à qui sait attendre Les blessures graves, les incertitudes du lendemain, Belkalem sait ce que c'est. Le joueur qui est revenu de loin après neuf mois de convalescence et une opération pour une pubalgie, gère avec plus de philosophie ses blessures. Eloigné des terrains depuis plus de deux mois en raison d'une rupture des ligaments internes de la cheville gauche, Belkalem sait qu'il reviendra tôt ou tard. C'est ce qui fait qu'il n'a pas paniqué lorsque le diagnostic a été posé. Maintenant qu'il sait que cela fait partie du « boulot », il a appris à mieux gérer la chose et continue à se fixer des objectifs encore plus audacieux. Il sait qu'avec le travail et la foi, il y arrivera. Il passe le plus clair de son temps au centre d'entraînement La vie d'un joueur professionnel est loin d'être une partie de plaisir. Essaïd Belkalem a découvert, à son arrivée à Watford, qu'on ne s'entraînait pas deux heures par jour, au revoir et merci ! Le défenseur qui a débarqué au club anglais en provenance d'Udinese (Seria A, Italie) est soumis depuis son arrivée à un travail spécifique. Une sorte de recyclage qui a nécessité plusieurs heures de travail supplémentaire, conformément à un menu concocté spécialement pour lui par l'ancien entraîneur, Zola, et ses assistants. Lotfi, un ami, un vrai Essaïd Belkalem n'a pas mis beaucoup de temps à se faire des amis. Le défenseur international a fait la connaissance de Lotfi Hafs, un Algérien qui habite à Londres. Les deux hommes passent beaucoup de temps ensemble. «Nous nous voyons à chaque fois que nous le pouvons. Nous passons nos heures libres ensemble. Mais comme nos emplois du temps sont un peu différents, parfois on a du mal à se capter», nous a confié Lotfi, qui nous a rejoints au café Costa. ----------------------------------- Ambitions : Des cours pour perfectionner son anglais Essaïd Belkalem est aussi un garçon studieux. Dès son arrivée à Londres, le natif de Mekla s'est inscrit à des cours d'anglais. Bien que la plupart de ses coéquipiers ne parlent pas la langue de Shakespeare, du fait de leurs nationalités différentes, il a souhaité apprendre la langue, car il sait que cela lui servira dans ses expériences futures. «J'aurais fait de même si j'étais resté en Italie. Je me serai sans doute inscrit à des cours d'italien», nous a-t-il confié. A encourager. Jouer le Mondial c'est bien, réaliser un bon parcours c'est mieux C'est dans doute l'une des questions qui taraude l'esprit des joueurs algériens sélectionnables : être ou ne pas être dans la liste finale de Vahid Halilhodzic pour le Mondial. Essaïd Belkalem rêve naturellement d'y être. Cela devient carrément une obsession chez le joueur qui s'est lancé dans une véritable course contre la montre pour guérir à temps de sa blessure et jouer le plus grand nombre de matches possibles afin de conforter ses chances d'être retenu. Mais l'autre objectif de Belkalem est de réaliser un bon parcours au Brésil. Autrement dit, le défenseur ne veut pas se contenter de faire de la figuration. «Si on va avec l'idée qu'on se fera éliminer dès le premier tour, autant ne pas y aller carrément», assène t-il sèchement. On vous l'a dit, ce garçon déborde d'ambition. ---------------------------------- Supporters : Des supporters algériens à Watford Essaïd Belkalem a tout un comité de supporters à Watford. Un public fait d'Algériens vivant à Londres qui viennent chaque week-end l'encourager et lui manifester leur soutien. Une marque de solidarité qui fait naturellement plaisir au joueur, qui a retrouvé à peu près la même chaleur du pays chez ses compatriotes toujours là pour l'intégrer et lui faire sentir qu'il est comme chez lui. Ils demandent toujours de ses nouvelles et s'enquièrent de son état de santé Ce qui fait d'autant plus plaisir à Belkalem c'est les marques de sympathie que lui manifestent les Algériens de Londres qui ne manquent jamais de demander de ses nouvelles et l'encourager à revenir le plus tôt possible maintenant qu'il est blessé. Des marques de réconfort qui l'aident à aller de l'avant. ------------------------------------- Solidarité : Chaouchi l'avait déstressé avant son premier match Faouzi Chaouchi, le fantasque gardien de but de la sélection nationale, est derrière l'intégration rapide de Essaïd Belkalem en sélection. «Lors de mon premier match face à la Libye, j'étais particulièrement nerveux. Je ressentais une grosse pression. Heureusement que Chaouchi était là pour me rassurer. Il n'avait pas arrêté de me parler et de me faire rire ! On avait même échangé quelques ballons dans le vestiaire avant le coup d'envoi», nous a-t-il confié. Pour quelqu'un qui a fait sortir tout le peuple algérien dans la rue, il avait assurément des conseils à donner. Belkalem est aujourd'hui encore reconnaissant au natif de Bordj Menaël à qui il a souhaité un retour rapide sur les terrains. Meghni était venu lui rendre visite à la clinique Belkalem n'oublie pas aussi ceux qui l'ont soutenu dans les moments difficiles, à l'image de Mourad Meghni qui n'a pas manqué de lui rendre visite dans sa chambre d'hôpital à Aspetar, après qu'il a subi une intervention chirurgicale suite à une récalcitrante pubalgie. Belkalem se souvient aujourd'hui encore que Meghni lui avait remonté le moral et lui avait conseillé de ne pas baisser les bras. C'est tout à son honneur. ----------------------------------- Watford : Objectif : se qualifier au play-off Essaïd Belkalem nourrit aussi quelques ambitions en club. Le défenseur central souhaiterait, en effet, terminer la saison sur le podium et pouvoir ainsi jouer les Play-off. Le joueur a accepté d'ailleurs de venir à Watford car convaincu du projet qu'on lui présentait, avec en prime une ambition certaine de jouer l'accession en Premier League. Bien que les choses se soient un petit peu compliqués pour Watford, ces derniers temps, l'enfant de Tizi-Ouzou croit toujours en leurs chances d'accéder. C'est tout le mal que nous lui souhaitons. Ce n'est pas la faute à Zola ! Essaïd Belkalem est resté solidaire avec son ancien entraîneur, Gianfranco Zola, limogé de son poste il y a quelques journées. L'Algérien continue aujourd'hui encore à croire que l'Italien n'y est pour rien dans les résultats mitigés de Watford. «Il a emmené le club jusqu'aux Play-off, la saison dernière», a-t-il précisé. Belkalem est resté fidèle à Zola qui l'avait convaincu d'opter pour Watford, l'été dernier. Avec lui, l'Algérien avait même bénéficié d'un entraînement à la carte. ------------------------------------ Sa blessure : Sur le chemin de la guérison Eloigné des terrains depuis novembre, Essaïd Belkalem ne devrait pas tarder à faire son retour à la compétition officielle. Le défenseur de Watford qui a pris son temps pour soigner une blessure plus ou moins grave à la cheville gauche, est en train de terminer sa période de réhabilitation et devrait reprendre sous peu. Le joueur a repris la course depuis plus d'une semaine et devrait, selon toute vraisemblance, être prêt pour le prochain match amical du 5 mars prochain face à la Slovénie. C'est du moins l'objectif que s'est fixé Belkalem. Il devrait être dans les temps. Il sera d'attaque contre la Slovénie Bien qu'il dise ne pas vouloir griller les étapes, le défenseur de Watford s'est fixé un objectif dans sa tête : revenir à temps pour le prochain Algérie – Slovénie, prévu le 5 mars à Blida. Essaïd Belkalem sait combien c'est important d'y être dans la mesure où les places pour le Mondial 2014 se disputent dès à présent. --------------------------------- Arbitrage : Des anecdotes à la pelle ! Lorsque vous évoquez la question de l'arbitrage en Afrique, vous remuez nolens volens certains souvenirs pas très reluisants chez le joueur qui ne digère toujours pas le match Burkina Faso - Algérie et le fameux penalty accordé par l'arbitre aux Etalons sur une faute qu'il avait commise en dehors de la surface de réparation, pourtant. Des exemples du genre, Essaïd Belkalem pourrait vous en citer à la pelle. Avec son expérience sur les terrains d'Afrique avec la JSK et l'EN, il en a vu de toutes les couleurs. «Lors d'un match avec les U20 en Mauritanie, l'arbitre avait sifflé un penalty pour l'équipe adverse alors que le joueur était tombé au milieu du terrain !». Des anecdotes comme celle-là, Belkalem en a toute une multitude à raconter. ---------------------------------------------- Souvenirs récents : Burkina Faso - Algérie, encore des flashs qui surgissent Il semblerait qu'Essaïd Belkalem n'oubliera pas de sitôt le match Burkina Faso – Algérie disputé à Ouagadougou. Le défenseur qui avait concédé un penalty qui avait permis aux Etalons de l'emporter 3-2, avait vécu une pression terrible, au point où ça lui arrive encore aujourd'hui d'y penser. «Je voulais tellement bien faire lors de ce match, qu'il m'était arrivé par moments de passer à côté. Je dois avouer que la pression était terrible», reconnait-il. Encore heureux que les Verts aient assuré au match retour. Sinon, il se serait pendu. Enfin, façon de parler. Premier «incident» dans sa chambre,ça n'augurait rien de bon ! Les soucis de Belkalem ont commencé quelques heures avant le coup d'envoi de Burkina Faso – Algérie. Le défenseur a failli se blesser dans sa chambre. Un signe, dit-il. «Je redoutais la suite des événements. Finalement, j'ai eu raison. J'avais joué l'un de mes plus mauvais matches en sélection». Allez, toute expérience, bonne ou mauvaise est bonne à prendre ! La fièvre des Verts surprend bien du monde à Watford Chez la plupart des Algériens, l'amour de l'Equipe nationale frise l'excès. De quoi surprendre bien du monde à Watford. Essaïd Belkalem nous a avoué que beaucoup de ses coéquipiers et certains dirigeants de Watford ont été surpris par l'engouement que suscite la Sélection nationale à chacune de ses apparitions. Un administrateur s'est même étonné d'apprendre que des supporters avaient passé la nuit aux abords du stade pour être sûrs d'être là à l'heure de l'ouverture des portes le lendemain. «Des coéquipiers ont été carrément bluffés par les séquences qu'ils ont vues sur Youtube», a-t-il dit non sans être fier de l'impression qu'a laissée l'EN à Watford.