Dans ce match volcanique qui promet de cracher le feu, nous avons tenté un comparatif entre les personnalités des deux coachs. Henkouche, arbore des habits traditionnels, même s'il a obtenu son diplôme en France. Michel, quant à lui, est arrivé avec un imposant DEPF (diplôme d'entraîneur professionnel français) qui en met plein les yeux. Mais sur le terrain, le flair de l'Algérien et sa connaissance des ficèles d'une telle confrontation peuvent avoir raison de la science européenne. Le Mouloudéen s'appuiera sur ses Chnaoua de supporteurs qui promettent de ne laisser aucune place à leurs vis-à-vis du jour. Les deux hommes vont devoir s'affronter «à neurones tirés» pour espérer qualifier leur équipe au 8e tour de la Coupe d'Algérie. Deux styles diamétralement opposés dont les parcours n'ont rien de commun. Sur le papier, le Français et son Mouloudia semblent avoir un léger avantage ; il est vrai que la quiétude est revenue au sein du MCA. Mais le CRB n'a pas encore dit son dernier mot. Et dans un match d'une telle ampleur, dans une épreuve aussi populaire, les deux clubs savent que le sourire collera sur le visage qui aura plus de sueur sur le front. Dans ce match volcanique qui promet de cracher le feu, nous avons tenté un comparatif entre les personnalités des deux coachs. Mohamed Henkouche Un façonneur d'équipes performantes Même s'il n'est pas très médiatisé, Mohamed Henkouche a quand même roulé sa bosse parmi les clubs de l'élite. Du MC Oran au CR Belouizdad en passant par le GC Mascara, l'ASM Oran, le CS Constantine et le MC Alger, il a toujours fait preuve de professionnalisme. Même s'il ne compte que trois titres à son palmarès (championnat d'Algérie avec le CSC en 1997, Coupe d'Algérie avec le MCO en 1996, Coupe de la Ligue avec le MCO), il a toujours eu la faculté d'élever le niveau de jeu des équipes qu'il a pris en main. Il part et revient Henkouche a démarré la saison avec le CRB, rappelé par les opposants de Kalem. Après un début plutôt mitigé, son équipe s'enfonce peu à peu avant de sombrer à domicile face à l'USM Blida. Il a dû se résigner à partir, cédant à Laroum les clés du vestiaire. Il prendra en mains l'équipe du WA Boufarik avec laquelle il gagnera trois matches, avant de retourner au CRB à la demande générale. Son come-back est gagnant avec une victoire impressionnante à Béjaïa. La qualification en coupe le replace dans le cur des supporteurs. «Sérieux et blagueur à la fois » Henkouche fait partie des coachs qui donnent l'exemple de l'assiduité et du sérieux en étant le premier à l'entraînement. Cela ne fait pas de lui pour autant un père fouettard qui sanctionne ses joueurs au moindre retard. Cette façade de « gentil homme» qu'il met en avant lui sert de pare-chocs face à ses détracteurs. Ses choix tactiques, même s'ils ne font pas souvent l'unanimité, lui donnent souvent raison grâce à un coaching dont il a le secret. Les supporteurs l'aiment justement pour cela, car il leur donne l'impression de deviner les changements qu'ils souhaitent. Même s'il paraît introverti, Henkouche sait parfaitement détendre l'ambiance dans le vestiaire, grâce à son humour «mascaréen». Parfaite connaissance du contexte La parfaite connaissance des joueurs et de l'environnement du CRB est le principal avantage de Mohamed Henkouche, lui qui est au club depuis bientôt deux, quoi que par intermittences. Il sait donc comment tirer le meilleur du potentiel de ses joueurs. Il a également l'avantage de bien connaître les joueurs du MCA, peut-être mieux qu'Alain Michel, ainsi que la pression des derbies algérois à laquelle il a déjà goûté au CRB et lorsqu'il était entraîneur du MCA il y a quelques années. «Une image d'intérimaire» On a lui a longtemps reproché de faire peu confiance aux jeunes du cru. On lui colle injustement l'étiquette de faire du « replâtrage » et de travailler pour la semaine seulement. La pression du public lui pèse souvent et le pousse facilement à claquer la porte. Il part et revient, puis repart et revient de nouveau aux mêmes endroits. Ce qui lui donne une image d'entraîneur intérimaire dont il veut se débarrasser. Alain Michel Un formateur qui n'a pas peur des grands Sans en avoir l'air, Alain Michel a roulé sa bosse dans le domaine du coaching. Même si son domaine de prédilection est la formation, avec des passages remarqués dans beaucoup de centres de formation, il n'en a pas moins tenté sa chance à la tête d'équipes seniors françaises. Ainsi, il a été notamment entraîneur de l'AS Saint-Etienne en 2001 et de Grenoble en 2003. Avant de prendre en mains les destinées du MCA, il avait fait quelques expériences dans les pays du Golfe, notamment dans des clubs des Emirats arabes unis. De la 11e à la 7e place Arrivé le 16 octobre dernier pour remplacer Ameur Djamil, Michel a réussi à propulser son équipe du 11e au 7e rang au classement général. A son actif, cinq victoires, trois défaites et 2 nuls. Mis à part le faux-pas à domicile contre le MSPB, il n'a perdu qu'à l'extérieur, de surcroît à Sétif et à Bordj Bou Arérridj, comme tout le monde cette saison. Il a donc des circonstances atténuantes. «Exigeant mais communicateur » Souple et communicatif, Alain Michel ne se gêne pas de remonter les bretelles à ses joueurs quand cela s'impose. Partisan du long terme, il répète souvent qu'«une victoire ne sert à rien si elle ne s'inscrit pas dans un projet». Le Français est un grand bosseur sur le terrain. Exigeant et prévoyant, cela ne l'empêche pas de s'accommoder avec les moyens du bord. Ses requêtes sont en général très raisonnables. Ce qui lui facilite les relations avec son président. De personnalité assez forte, il sait affronter le regard des joueurs qu'il met sur le banc des remplaçants en leur expliquant les raisons de ses choix. Ce qui lui facilite le travail avec son groupe qu'il protège comme un père. Un effectif étoffé Le principal avantage d'Alain Michel au MCA est de pouvoir compter sur un effectif qui, du moins sur le papier, est parmi les plus étoffés en Algérie. En sus de Ouamane, Chaoui, Babouche, Hamadou et autres Badji, double vainqueurs de la Coupe d'Algérie (et même double champion d'Algérie par le passé pour Badji), il y a des éléments expérimentés et qui ont fait leurs preuves dans d'autres clubs tels Yacef, Benhamou et Touil, anciens internationaux, sans oublier des jeunes prometteurs comme Koudri, Belkhir et Bedbouda. «Contesté par certains » Très peu d'inconvénients de visu, si ce n'est son manque de connaissance du football algérien, qu'il commence à cerner peu à peu. Par contre, en dehors du terrain Alain Michel est contesté par certains dirigeants qui lui reprochent de vouloir faire du business avec les joueurs. Ils l'appellent d'ailleurs le «manager». C'est cette opposition qui risque de le ronger à la longue, si rien ne sera fait pour l'en protéger. Michel : «Les entraîneurs français ne viennent pas en Algérie pour l'argent» «La présence d'entraîneurs français dans les clubs de l'élite algérienne ne date pas d'aujourd'hui. Jean Snella avait ouvert la voie dans les années 70. Par la suite, le choix de l'Algérie s'était porté sur les entraîneurs des pays de l'Est. Avec le succès qu'a connu la formation à la française, les entraîneurs français sont de nouveau sollicités. Ce n'est pas dévalorisant par rapport aux techniciens algériens car ils ont une formation plus complète. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui affirment que les Français viennent travailler en Algérie pour l'argent car, si la motivation est réellement l'argent, nous serions dans les pays du Golfe où ça paye mieux et où il y a plus de moyens de travail. Les Français préfèrent des pays comme l'Algérie parce qu'il y a l'avantage de la langue et de la proximité géographique et aussi parce que le travail effectué chez vous est analysé dans les centres de formation française à des fins comparatives afin d'améliorer la qualité de la formation. Pour votre gouverne, sachez qu'en faisant la déduction des impôts, je gagne en Algérie le même salaire que je gagnais lorsque j'étais entraîneur de Grenoble. C'est vous dire que, contrairement à certaines idées reçues, nous ne roulons pas sur de l'or. Certes, nous gagnons mieux notre vie comparativement à l'Algérien moyen, mais nous ne touchons pas beaucoup par rapport à ce que nous pouvons toucher alors.»