Selon les chiffres de l'ONS, au 4ème trimestre de l'année passée, 50,4% de l'ensemble de la population occupée, n'était pas affiliée a la sécurité sociale, soit plus de la moitié de la population occupée du pays. Les chiffres avancés par l'organisme officiel chargé des statistiques sont effarants et révèlent en outre, que des 9.472.000 travailleurs, enregistrés au 4ème trimestre de l'année 2009, 4.778.000 n'étaient pas affiliés au régime de la sécurité sociale, ou comme on aime à le dire familièrement "déclarés". Ce qui représente plus d'un occupé sur deux. Dans le secteur privé, le phénomène est encore plus dramatique. L'appât du gain, et la négligence aidant, ce taux de non affiliation atteint des sommets chez cette catégorie de travailleurs, selon les chiffres publiés. En effet, les chiffres issus du privé culminent à 77,1% des occupés qui déclarent ne pas être couverts par le régime de la sécurité sociale, soit plus de trois occupés sur quatre. Pour ce qui est de la répartition par secteur, l'enquête révèle que l'ensemble des secteurs d'activité du privé sont touchés, soit 91,5% de l'emploi privé agricole, 85% de l'emploi dans le BTP, 72,7% du commerce, 65,3% de l'emploi industriel et 63,5% de l'emploi dans le secteur des services. Aussi, la proportion des occupés, non affilés, du monde rural est bien plus importante que celle de l'urbain. Respectivement 60,1% pour l'un et 46,3% pour l'autre. Ils seraient d'ailleurs 89% des occupés non affilés, dans le domaine de l'agriculture et 79,8 % dans le secteur du bâtiment et les travaux publics (BTP). Les journalistes ne sont pas mieux lotis Si l'enquête de l'ONS ne donne pas de détails sur cette corporation, de récentes enquêtes menées par de grands quotidiens nationaux ont déjà levé le voile sur ce phénomène qui touche plus de travailleurs qu'on ne le croit, y compris chez les journalistes. Une enquête d'El Watan révélait, il y a quelques mois de cela, que nombreux journalistes travaillaient avec les très nombreux titres de la presse nationale (plus d'une cinquantaine), sans pour autant être déclarés à la sécurité sociale, qui plus est pour une bouchée de pain. Une jeune journaliste en avait même fait les frais, elle qui avait osé témoigner à ce sujet sur El Watan. Interpellé sur le phénomène, bien que les derniers chiffres de l'ONS n'avait pas encore été publiés, le ministre du Travail et de la sécurité sociale, M.Tayeb Louh n'avait pas manqué de rappeler l'importance de la déclaration des travailleurs et de leur affiliation lors d'une de ses dernières sorties sur le terrain. Il avait par ailleurs averti les contrevenants. Les contrôles seront à l'avenir renforcés et les sanctions plus importantes avait il dit. Maintenant que les chiffres sont plus dramatiques que ce que l'on croyait, le chantier est encore plus important et plus vaste. Le ministre va-t-il prendre des dispositions à la hauteur de la catastrophe à laquelle il fait face? Les chiffres ainsi publiés par cette institution officielle, auront assurément des répercussions le secteur du travail, d'une manière ou d'une autre.