C'est aujourd'hui que les dirigeants de la banque centrale américaine (Fed) devraient tenter d'accorder leurs violons et se mettre au diapason sur le meilleur moyen à développer pour soutenir plus encore l'économie des Etats-Unis déjà très secouée et qui peine à se redresser. Beaucoup d'incertitudes planent sur les résultats des discussions d'aujourd'hui. Auparavant, ce sont les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) qui doivent se retrouver pour une réunion ordinaire préparant, peut-être, le terrain à une avancée plus concrète. Il s'agira pour les dirigeants de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) de guetter surtout le signe d'une éventuelle disposition à relever le taux directeur de l'institution. Les analystes sont partagés entre ceux pour qui la rencontre débouchera sur l'annonce de nouvelles mesures destinées à revigorer une reprise tournant au ralenti et ceux d'avis que les dirigeants de la banque centrale se contenteront d'annoncer leur détermination à agir si les conditions l'imposent. Seule certitude: le FOMC ne devrait pas toucher au taux directeur quasi nul depuis le milieu du mois de décembre 2008, encore qu'il dispose de la possibilité de l'abaisser complètement à zéro. On assiste encore et toujours à un net ralentissement de la croissance économique alors que le chômage, à 9,5%, reste proche de son plus haut niveau connu en une génération (10,1% en octobre). Le rapport officiel sur l'emploi en juillet publié vendredi a révélé de nouvelles destructions de postes massives. Néanmoins le secteur privé semble bouger plus positivement sur les tablettes. En fait, c'est surtout le secteur automobile qui joue plus ou moins le stabilisateur de la timide relance. Les dernières données sur l'inflation montrent un ralentissement brutal de la hausse des prix, qui ravive des craintes de déflation. Le président de la Fed, Ben Bernanke, a dit plusieurs fois fin juillet que son institution était prête à se mobiliser davantage pour soutenir la croissance si celle-ci apparaissait menacée, mais que ça n'était pas le cas, pour l'instant. On s'attend à ce que la Fed annonce aujourd'hui «au minimum» qu'elle va réinvestir dans l'achat d'obligations du Trésor l'argent reçu à l'échéance des titres financiers liés à l'immobilier qu'elle a rachetés en masse en 2009. Avec son taux à quasi zéro, la Fed est contrainte d'avoir de nouveau recours à des mesures non conventionnelles si elle veut soutenir davantage l'économie. Des hauts et des bas La banque centrale des Etats-Unis (Fed) avait déjà annoncé mercredi dernier qu'elle maintenait son taux directeur à quasi zéro, et a pris acte de l'amélioration de la conjoncture, sans pour autant donner de signe de hausse de taux à venir. Les choses vont mieux, mais la situation reste très mauvaise. C'est le message global qui ressort du communiqué publié par la Fed à l'issue d'une réunion de deux jours de son Comité de politique monétaire (FOMC) à Washington. «L'économie a continué de se renforcer» et «le marché du travail commence à s'améliorer», écrit la Fed. La Réserve fédérale note néanmoins, comme lors de sa rencontre précédente, mi-mars, que «les employeurs restent réticents à accroître leur masse salariale», et qu'un certain nombre d'entraves continuent de peser sur la croissance: le niveau élevé du chômage, la progression lente des revenus, la baisse du patrimoine immobilier des ménages et la difficulté d'obtenir des crédits. Elle a donc décidé de maintenir son taux directeur dans la fourchette de fluctuation de 0% à 0,25% qu'elle lui impose depuis la mi-décembre 2008. L'objectif de cette politique est de stimuler au maximum l'économie en abaissant le coût du crédit au minimum. La croissance des dépenses de consommation «s'est accélérée récemment», écrit la Fed (qui notait un mois et demi plus tôt leur croissance à un «rythme modéré»), et les mises en chantier «se sont redressées», mais restent à un niveau «extrêmement bas». Le niveau des prix et celui du chômage sont les deux principales variables susceptibles de faire évoluer la politique monétaire de la Fed, dont la tâche est d'assurer le plein emploi dans un climat d'équilibre des prix (en fait une inflation comprise entre 1,7% et 2,0%). S'il a baissé par rapport à son pic de 10,1% atteint en octobre, le taux de chômage officiel aux Etats-Unis est resté stable à 9,7% de janvier à mars. Ce que l'on constate aujourd'hui c'est la reprise des dépenses des ménages qui restent, cependant, entravées par un chômage encore élevé, une modeste croissance des revenus et une baisse de la valeur du patrimoine immobilier et la difficulté d'obtenir des crédits. Tandis que les prêts des banques continuent à se contracter, les conditions sur les marchés restent favorables à la croissance économique. Même si le rythme de la reprise économique restera probablement modéré pendant un moment, le Comité anticipe un retour progressif à de plus hauts niveaux d'utilisation des ressources dans un contexte de stabilité des prix. Pour autant, la Fed estime que les entraves à la croissance restent nombreuses, qu'il s'agisse du maintien d'un chômage élevé, des conditions toujours défavorables pesant sur l'octroi de crédits, ou des difficultés financières des Américains liées à leur endettement. Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé mercredi sa prévision de croissance pour l'économie américaine, mais ses vues sont conformes au scénario d'une hausse lente et progressive du PIB privilégié par la Fed et le gouvernement américain. Si l'activité progresse aux Etats-Unis, elle est encore loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant la crise et reste encore extrêmement faible dans certains secteurs comme l'immobilier, à l'origine de la récession. En conséquence, ni les économistes ni les marchés ne prévoient que la banque centrale relève mercredi son taux directeur, quasi nul depuis la mi-décembre 2008. Les spéculations montent cependant sur la question de savoir si les membres du FOMC jugeront toujours nécessaire de maintenir encore longtemps le taux directeur de la Fed extrêmement bas, comme ils le répètent à l'issue de chacune de leurs réunions depuis plus d'un an.