L'autorité de la banque centrale américaine est remise en cause avec virulence depuis qu'elle a décidé de créer des dollars par centaines de milliards, à l'heure où le pouvoir politique ne peut ou ne veut agir davantage pour soutenir l'économie des Etats-Unis. La Réserve fédérale (Fed), qui a annoncé le 3 novembre son intention d'injecter jusqu'à concurrence de 600 milliards de dollars supplémentaires dans le circuit bancaire américain d'ici à fin juillet pour hâter la reprise de l'emploi, a essuyé une pluie de critiques aux Etats-Unis et à l'étranger. A l'étranger, la Fed est accusée de chercher à dévaluer le dollar afin d'avantager les exportations américaines, bien que ses dirigeants se défendent de vouloir affaiblir le billet vert. Aux Etats-Unis, enhardis par leur conquête de la Chambre des représentants aux législatives du 2 novembre, les républicains accusent la Fed de miner le dollar et de semer les graines d'une inflation incontrôlable.Ils ont déposé un projet de loi qui simplifierait la mission de la Fed en lui retirant la charge de veiller au plein emploi afin qu'elle se concentre sur la stabilité des prix. Celui-ci a cependant peu de chance d'aboutir.Des perspectives économiques médiocres ont poussé la Réserve fédérale à envisager des moyens plus radicaux de relancer la croissance avant de décider finalement de racheter encore pour 600 milliards de dollars d'emprunts d'Etat. Suivant le compte-rendu de sa réunion des 2 et 3 novembre publié mardi, la Fed révise à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2011 et voit le chômage bien plus élevé qu'en juin, quand elle avait publié ses précédentes projections. La plupart des membres de son Comité de politique monétaire (Fomc) ont appuyé le nouveau programme de rachat d'actifs afin de faire baisser les taux d'intérêt longs et tenter de donner un coup de fouet à l'économie. Mais une vidéoconférence extraordinaire organisée le 15 octobre, dont le compte- rendu a également été publié, atteste d'opinions contrastées au sein de la banque centrale. Elle montre que les membres de la Fed ont débattu de différentes orientations possibles pour la politique monétaire, y compris l'éventualité de se fixer des objectifs précis pour les rendements obligataires. Il a été également envisagé de renforcer la politique de communication de l'institut d'émission avec des points de presse que tiendraient le président Ben Bernanke. Le PIB américain a crû de 2,5% au troisième trimestre, au lieu de 2,0% en première estimation, mais ce n'est pas suffisant pour réduire sensiblement un taux de chômage qui est de 9,6%. La Fed anticipe pour 2011 une croissance de 3,0% à 3,6% alors qu'elle attendait 3,5% à 4,2% en juin. Elle pense que le taux de chômage restera proche de 9,0% durant la plus grande partie de l'année prochaine et pourrait encore dépasser 8,0% à la fin 2012. Il évoluerait autour de 7,0% en 2013.