La récession aux Etats-Unis et ses retombées sur l'économie mondiale amèneront la Banque centrale européenne à réduire ses taux à trois reprises cette année, estiment les économistes de la Société générale.Dans son scénario central, la banque française situe le taux de refinancement de la BCE à 3,75% en juin, à 3,50% en septembre et à 3,25% en décembre, contre 4,0% actuellement. Le taux des fed funds de la Réserve fédérale américaine, actuellement à 3,00%, serait quant à lui ramené à 2,00% d'ici juin puis maintenu à ce niveau jusqu'à la fin de l'année. Il était à 5,25% en septembre quand la Fed a entamé sa campagne agressive de baisse du coût de l'argent en réponse à la crise financière. "La récente panoplie d'indicateurs nous rappelle que l'économie américaine est déjà entrée en récession ou est sur le point de l'être", a déclaré mardi Véronique Riches-Florès, chef économiste de SocGen pour l'Europe, lors d'une présentation en pointant le doigt sur les signes de ralentissement dans le secteur des services. "On est au tout début d'une phase d'ajustement", a-t-elle ajouté en réfutant la thèse d'un découplage entre les services et le reste de l'économie, ou entre l'économie américaine et les pays émergents. Dans son scénario central qu'elle présente comme "soft", la SocGen escompte que les baisses de taux de la Fed et le plan de relance de 150 milliards de dollars du gouvernement américain permettront de soutenir la consommation et d'éviter le pire à court terme. Les économistes de Société générale prévoient une croissance de 1,2% cette année aux Etats-Unis, après 2,2% en 2007, qui remonterait ensuite à 2,0% en 2009. Pour la zone euro, leur prévision 2008 est ramenée à 1,3%, au lieu de 1,8% prévu en septembre et 2,3% en juin. Elle remonterait ensuite à 1,5% en 2009. La prévision pour la France est de 1,3% en 2008 et de 1,7% en 2009. Parallèlement, le flux de nouvelles plus négatif en provenance d'Europe et les anticipations de baisses des taux de la BCE devraient entraîner un redressement relatif du dollar, qui reviendrait vers 1,42 pour un euro en fin d'année contre 1,47 actuellement. Le risque serait que la Fed soit allée "trop vite et trop loin" avec ses baisses de taux, a souligné Olivier Gasnier, économiste senior, lors de la présentation. "Si la Fed est forcée de baisser plus vite et l'économie ne repart pas, elle aura épuisé ses cartouches et on aura alors un scénario moins favorable pour le dollar". Dans son "risk scenario", la Société générale situe le taux des fed funds à 0-1% et le taux refi de la BCE à 2-2,5%, alors que la prévision est de 2% et 3% respectivement dans le scénario central retenu par les économistes.